Exposition aux solvants organiques. Risque de progression des maladies rénales chroniques vers l'insuffisance rénale terminale
Article de revue
L'hypothèse récente d'un effet des solvants organiques sur la progression des néphropathies glomérulaires (NG) vers l'insuffisance rénale terminale plutôt que sur leur initiation n'avait jamais été testée avec un design d'étude épidémiologique approprié. Une cohorte rétrospective a été mise en place, incluant 338 patients atteints des trois types histologiques les plus fréquents de NG, biopsiés entre 1994 et 2001 et suivis jusqu'en 2004 : néphropathie à dépôts mésangiaux d'IgA ou maladie de Berger (IgA, n=194), glomérulopathie extra membraneuse (GEM, n=75) et hyalinose segmentaire et focale (n=69). Les expositions aux solvants ont été évaluées par des hygiénistes industriels à partir des histoires professionnelles recueillies par interview. L'événement étudié, l'insuffisance rénale terminale (IRT), était défini par la mise en dialyse du patient ou un débit de filtration glomérulaire inférieur à 15mL par minute par 1,73 mètre carré. Les risques relatifs d'IRT associés aux solvants ont été estimés par des modèles de Cox. Une exposition aux solvants à un niveau élevé était associée à une multiplication par 2 du risque d'IRT pour les IgA et par 4 pour les GEM. Les produits ou substances chimiques les plus à risque étaient les encres d'imprimerie et les carburants, le toluène/xylène, les produits pétroliers et l'acétone. Parmi les ouvriers exposés, les ajusteurs monteurs, les plombiers et les soudeurs présentaient les risques les plus élevés d'IRT. Ces résultats incitent au dépistage des atteintes glomérulaires (protéinurie, hématurie, hypertension artérielle) et à une surveillance accrue des travailleurs exposés aux solvants en milieu professionnel.