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Poliomyélite

Poliovirus

Sommaire de la fiche

Édition : novembre 2023

Que faire en cas d'exposition ? [R1, R2] Guide de lecture

Définition d'un sujet exposé

Toute personne en contact avec un cas suspect ou confirmé ou des produits biologiques contenant du PV.

Cela peut se produire lors d’une découverte fortuite de la présence d’entérovirus dans les selles, ou dans le cadre d’une enquête autour d’un cas ou de la mise en évidence de poliovirus vaccinal dans l’environnement.

Le contact avec un cas suspect ou confirmé reste marginal étant donné la couverture vaccinale en France.

Rappel : un cas confirmé est caractérisé soit par une PAA (poliomyélite antérieure aiguë) confirmée biologiquement par PCR, soit par l’isolement d’un virus polio sauvage ou dérivé du virus vaccinal, même en l’absence de symptôme (R1).

Principales professions concernées
  • Professionnels des laboratoires producteurs de vaccin ;
  • Professionnels de laboratoire de recherche ou de biologie manipulant des produits biologiques pouvant contenir du PV;
  • Professionnels de santé ;
  • Personnels travaillant au contact des eaux usées.

Conduite à tenir immédiate

S’assurer de l’éviction du cas source dès la suspicion et/ou son isolement (à l’hôpital, au domicile…).

Identifier toutes les autres personnes potentiellement exposées parmi les contacts (notamment les immunodéprimés et les jeunes enfants incomplètement vaccinés).

Sans attendre la confirmation du diagnostic : vérifier le statut vaccinal des personnes potentiellement exposées et mettre à jour la vaccination (cf. mesures prophylactiques).

Évaluation du risque

Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition

Le dernier cas de poliomyélite autochtone recensé en France remonte à 1989, et le dernier cas importé à 1995 (2). Cependant un nouveau cas importé d'infection à VDPV3 a été documenté en 2023 à Toulouse (Données CNR et SPF, non publiées). Ce risque est donc exceptionnel, d’autant que la circulation de virus polio vaccinal réverté est, elle-même, peu probable, le vaccin oral vivant atténué n’étant pas disponible ni administré dans notre pays. Par ailleurs la couverture vaccinale très élevée de la population permet une protection large et importante en cas de contact.

Le risque ne pourrait donc survenir qu’en cas de contact avec une personne provenant d’une zone où circule du virus sauvage ou vaccinal (migrant…).

Vérifier que le cas source est un cas confirmé.

Le risque sera différent selon que la souche est neuropathogène (PVwt et cVDPV) ou atténuée (R1).

Type d'exposition

Contact rapproché avec une personne infectée, un produit biologique contaminé, des objets ou du linge souillé par des liquides biologiques contaminés ; non-respect des mesures d'hygiène.

Spécificité de l'exposition au laboratoire

En laboratoire, le risque d’ingestion ou d’inhalation prédomine lors, notamment, de la survenue de rupture de confinement dans un laboratoire cultivant des poliovirus en vue de fabriquer du vaccin (aérosols…). En secteur de production industrielle, l’analyse de risque est nécessaire pour évaluer le niveau de risque d’infection selon notamment le type de virus en cause.

L’évaluation du niveau de risque d’exposition du personnel qui doit se faire selon les critères définis par le guide de l’OMS en cas de rupture de confinement est détaillée en annexe 7 de l’avis du HCSP (R1).

Selon les caractéristiques du sujet exposé

Les adultes sont plus à risque de forme grave que les enfants.

NB : les immunodéprimés sont à risque d’héberger plus longtemps des virus vaccinaux dans les selles.

Prise en charge du sujet exposé

Mesures prophylactiques

Vérifier le calendrier vaccinal.

Le sujet exposé est considéré à risque de développer une PAA en absence de vaccination antérieure ou si son dernier rappel date de plus de 20 ans à l’âge adulte. En cas d’exposition possible, la mise à jour de la vaccination DTP est indispensable avec le VPI (vaccin injectable). Ce rattrapage vise essentiellement à booster l’immunité mucosale des sujets contacts pour limiter la réplication du virus en cas de contamination et limiter ainsi sa transmission.

Suivi médical
  • Devant un cas suspect de poliomyélite :
    • effectuer 2 prélèvements de selles à 24h - 48h d’intervalle à la recherche de PV chez le cas et également chez les contacts, le plus rapidement possible sans attendre la confirmation biologique chez le cas ; en cas de positivité : isolement de la personne porteuse et suivi virologique jusqu’à négativation.
    • La recherche de PV à partir d’écouvillons naso-pharyngés pour PCR et culture, indispensable pour le diagnostic chez le cas, est à envisager dans un second temps chez les contacts.
      .
  • Devant un cas confirmé ou l’isolement d’un PV en laboratoire : la stratégie dépend du type de poliovirus détecté :
    • S’il s’agit d’un poliovirus vaccinal : le principal risque est que ce virus vaccinal contamine un nouvel individu et soit à l’origine de PPAV, en cas de réversion ou chez le nouveau-né et l’immunodéprimé (événement indésirable rare, dont l’incidence est estimée à 2 à 4 cas par million d’individus). Dans ce cas, la mise à jour du statut vaccinal du cas et des sujets contacts suffit (cf. Mesures prophylactiques).
    • S’il s’agit d’un poliovirus sauvage ou d’un cVDPV (dérivé d’un virus vaccinal) : le principal risque est qu’une flambée épidémique survienne et fasse craindre la survenue de cas de poliomyélite paralytique autochtone en France. Toutefois, ce risque est faible compte tenu de la couverture vaccinale très élevée de la population française et du risque de transmission fécale-orale limité sur le territoire national. Dans cette situation, outre la mise à jour de la vaccination, un suivi renforcé du cas et des sujets contacts est mis en place :
      • réalisation, chez le cas, de prélèvements de selles quotidiens pour suivi virologique pendant au moins une semaine et levée de l’isolement après 7 jours de négativité (annexe 7 tableau 1 R1) ;

      • les contacts peuvent être considérés comme négatifs lorsque deux échantillons de selles prélevés à une distance de 24 à 48 heures se révèlent négatifs pour le PV ;

      • recherche environnementale du PV dans les eaux usées de la résidence du cas ;

      • respect des précautions d’hygiène standard par les sujets exposés.

En cas de grossesse

Pas de donnée sur l’existence d’un risque particulier pendant la grossesse.

Pour l'entourage du sujet exposé

Mettre à jour, si nécessaire, la vaccination polio.

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