Accès rapides :
DOSSIER :

Travail en horaires atypiques

Sommaire du dossier

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Risques
  3. Travail en horaires atypiques
  4. Données générales et exemple d’exposition aux risques (rubrique sélectionnée)

Données générales et exemples d’exposition aux risques

Données générales

D’après la Dares, ce sont 44 % des salariés français (soit 10,4 millions de personnes) qui déclarent être soumis au moins une fois par mois aux horaires atypiques. Les horaires les plus répandus sont ceux pratiqués le samedi (35 % des salariés), puis ceux pratiqués le soir entre 20 heures et minuit (23 %), et moins fréquemment le travail de nuit (9 %).

Ce sont plutôt des hommes jeunes qui travaillent en horaires atypiques et principalement dans les métiers qui participent à la continuité de la vie sociale, à la permanence des soins, à la protection et à la sécurité des personnes et des biens.

 

  • Infirmière de nuit dans un service hospitalier

  • Opérateur conduisant un camion dans les rues de Paris

  • Agent d'entretien

  • Collecte de poubelles

  • Boulanger

  • Serveur

Des différences selon les catégories socio-professionnelles des salariés sont également constatées : le travail le soir est plus fréquent chez les cadres, les employés travaillent plus les week-ends et ont souvent des horaires plus variables, et les ouvriers travaillent plus la nuit. Un cumul de ces pratiques horaires est fréquemment rencontré.

 

En ce qui concerne spécifiquement le travail de nuit, la DARES a mis en évidence son augmentation depuis vingt ans : le nombre de travailleurs de nuit habituels et occasionnels en France est passé de 3,3 millions (15 % des actifs) en 1990 à 4,3 millions (16,3 %) en 2013. Le travail de nuit habituel a présenté la plus forte progression au cours de cette période (de 800 000 à 1,9 million d’individus).

 

Le travail de nuit concernerait environ 20 % des hommes et 10 % des femmes, des hommes trentenaires et des femmes de moins de 30 ans et plutôt des intérimaires. II est pratiqué par 30 % des salariés du secteur public et 42 % du secteur privé. Les cinq activités professionnelles qui travaillent le plus la nuit sont par ordre d’importance : les conducteurs de véhicules, les policiers et les militaires, les infirmières, les aides-soignantes et les ouvriers qualifiés des industries de « process ». 

Exemples d’exposition des risques

Quelques portraits de salariés concernés

Horaires de travail en 3x8

Monsieur P., ouvrier qualifié sur une chaine de montage d’automobile.

Il travaille 35 heures par semaine selon un rythme en 3x8 c’est-à-dire qu’il alterne des journées avec des horaires du matin (6-13 h) puis des journées d’après-midi (13-21 h) et des nuits (21-6 h). Il travaille selon cette organisation « en postes » depuis 20 ans. A l’origine, il avait choisi ce travail car le salaire était attractif et cela lui permettait d’avoir des jours et des semaines de récupération. De plus, il construisait sa maison et ce complément de salaire ainsi que ce temps libre supplémentaire lui étaient utiles. Il n’avait pas de difficultés liées à la tolérance de ses horaires et en particulier son sommeil était de bonne qualité à raison de 6 à 7 heures d’affilée. Mais depuis l’âge de 45 ans, il prend du poids car il ressent le besoin de grignoter « pour se tenir » éveillé pendant la nuit. Il a également essayé d’arrêter de fumer à plusieurs reprises mais la cigarette l’aide à rester vigilant et rythme ses pauses. Récemment, lors du suivi de son état de santé au travail et la visite médicale du travail, une hypertension artérielle a été découverte. De plus, il n’arrive plus à s’endormir aussi facilement qu’auparavant, et se réveille très fréquemment. Il a la sensation de ne plus récupérer et d’être constamment fatigué. Maintenant, ses jours de repos sont mis à profit pour dormir. Il a l’impression de passer son temps exclusivement à travailler puis à récupérer. Son moral en est affecté d’autant plus que son médecin traitant, ainsi que le médecin du travail, lui ont conseillé de passer sur un poste fixe de jour ce qu’il ne peut pas envisager car il n’a pas fini de rembourser son crédit pour la maison.

Travail de nuit

Monsieur F., employé de libre-service dans une grande surface alimentaire.

Il a 20 ans. C’est son premier poste en contrat à durée indéterminée (CDI) après quelques expériences professionnelles dans des emplois précaires. Quand on lui a proposé ce poste de nuit, il a accepté immédiatement, d’autant plus que le salaire était attractif. Il travaille donc 36 heures par semaine, 6 jours sur 7, de minuit à 6 heures du matin. Il décharge les camions de livraison et procède à la mise en rayon. Son équipe est petite puisqu’ils ne sont que cinq avec son chef. L’ambiance est bonne, il y a de l’entraide entre les collègues, et le chef aussi travaille avec eux. Il arrive à bien dormir, 8 heures d’affilée, mais il se réveille à 15 heures, et une fois son repas pris et sa toilette faite, il ne dispose finalement que de très peu d’heures de libres. Le soir par contre, il trouve difficile d’attendre 23 heures avant de se rendre à son travail. Il a l’impression de vivre à contre temps par rapport aux gens qu’il côtoie. Son seul jour de repos est le dimanche, et s’il veut voir sa famille, ses amis et faire un peu de sport, il doit essayer de moins dormir ce jour-là pour avoir un vrai repas convivial et profiter de l’après-midi.

Horaire de travail en 2x12 h

Madame J., infirmière.

Elle travaille exclusivement de nuit selon un rythme en 2x12 c’est-à-dire qu’elle fait des nuits de 12 heures (de 19 h. à 7 h.), seulement 3 jours sur 7, les samedis et dimanches compris, selon un planning défini à l’avance. Cette organisation du travail lui convient bien car elle lui permet de s’occuper de ses enfants. En effet, les jours travaillés, le matin en arrivant à son domicile, après une nuit de travail, elle prend le petit déjeuner avec eux puis part les accompagner à l’école. Elle se couche ensuite jusqu’à 14 heures, déjeune, se prépare, s’occupe de sa maison et va les récupérer à leur sortie de classe à 16 heures 30. Elle peut ensuite passer la fin d’après-midi avec eux avant de retourner travailler. Le reste de la semaine, quand elle ne travaille pas, elle bénéficie de plusieurs journées de repos qui lui permettent de récupérer, ainsi que de faire les activités et les démarches qu’elle n’a pu réaliser auparavant. Mais souvent, ses jours de repos sont pendant la semaine, et elle est donc seule : son mari, ses amis travaillent et ses enfants sont à l’école… Et, compte tenu des impératifs de service, il arrive régulièrement que la cadre de santé du service la rappelle pour remplacer au dernier moment un(e) collègue qui est absent(e).

Travail en horaires fractionnés

Madame M., technicienne de surface pour une entreprise de ménage pour des bureaux et des commerces.

Elle n’a pas de formation professionnelle qualifiée. Son premier poste débute à 8 heures : elle travaille alors dans un grand magasin de vêtements du centre de Paris dont le ménage doit être fait avant l’ouverture à la clientèle à 10 heures. Pour arriver à l’heure, elle doit se réveiller à 5 heure 30 car elle habite en banlieue et à 1 heure 30 de trajet. Elle est divorcée, ses deux derniers enfants habitent avec elle, et c’est donc son fils de 13 ans qui doit s’occuper du petit dernier de 5 ans. A 10 heures, elle rentre chez elle et y arrive vers 11 heure 30, s’il n’y a pas de ralentissement dans les transports. Elle récupère son fils à l’école, le fait déjeuner, s’occupe des activités domestiques puis repart à Paris à 14 heure 30. Elle retourne travailler dans des bureaux entre 16 et 18 heures où elle assure l’entretien de deux étages. Elle va ensuite dans un immeuble situé à proximité où elle procède à la sortie et la gestion des containers à déchets et fait l’entretien des parties communes. En général, elle finit à 19 heure 30 et arrive chez elle à 21 heures. Elle peut tenir à ce rythme de travail car depuis 2 ans, son employeur a décidé de réorganiser le temps de travail sur la semaine qui n’est plus réparti sur 6 jours mais sur 5, ce qui lui laisse les samedis et dimanche de repos.

Travail flexible

Mr F., consultant dans un cabinet d’audit

Monsieur F. a 40 ans. Il est consultant dans la filiale parisienne d’un cabinet d’Audit anglo-saxon, basé dans une tour de bureaux du centre d’affaires de la Défense à Paris.
Il a un portefeuille de clients pour lesquels il doit réaliser des audits financiers de façon récurrente. Son temps professionnel se partage entre ses déplacements chez ses clients pour les rencontrer et les évaluer, et le travail à son bureau pour analyser les données qu’il a recueillies et rédiger ses rapports. Il a également de façon ponctuelle des réunions en interne avec son équipe. En effet, il est responsable de projets et il doit animer le travail des collègues des équipes-projets dont il a la charge. Cela lui impose une gestion de son temps de travail selon les disponibilités que peuvent lui accorder ses clients, ce qui va induire une variabilité des temps de présence sur sites et des temps de rédaction des rapports. Ses activités vont être modulées et adaptées selon ces critères, ce qui lui impose une certaine flexibilité dans l’organisation de son emploi du temps.
De plus, il y a 3 ans, la filiale parisienne a demandé à ses salariés de travailler depuis leur domicile quand ils n’étaient pas chez leurs clients, en gardant la possibilité de venir au siège social en cas de besoin. Cette décision a formalisé et amplifié son organisation de travail déjà flexible, et Mr F. a augmenté sa part de travail à distance. II trouve cette organisation du travail plaisante : en plus de la souplesse dans la gestion de son travail, il ne prend plus les transports, gagne du temps personnel et concilie mieux ses temps de vie. Cette flexibilité lui permet de travailler efficacement et finalement plus que quand il avait à aller au bureau. Cependant, au fur à mesure, les barrières entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle sont devenues plus perméables et il a du mal à décrocher du travail.

 

 

Pour en savoir plus
Mis à jour le 05/07/2021
A CONSULTER