Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture
Définition d'un sujet exposé
- Personnel exposé lors de la manipulation de cultures de F. tularensis ou d’animaux infectés de façon expérimentale en laboratoire (9) ;
- Les autres modes d’exposition sont aléatoires car la source infectieuse est habituellement évoquée a postériori chez un patient infecté. Contexte éventuel : collègue ayant travaillé dans les mêmes conditions qu’une personne présentant une tularémie.
Principales professions concernées
- Personnels de laboratoire manipulant des cultures de F. tularensis ou des animaux infectés expérimentalement.
- Éleveurs, gardes-chasse, gardes-forestiers, bouchers, vétérinaires…
Conduite à tenir immédiate
En cas d’exposition avérée, il est nécessaire de déclarer l’incident au médecin du travail et de consulter rapidement un infectiologue pour définir la nécessité ou non d’une antibioprophylaxie.
Évaluation du risque
Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition
Le risque le plus élevé correspond à la manipulation d’une culture de F. tularensis, en dehors d’un poste de sécurité microbiologique et sans précaution particulière. Seules les souches de type B sont responsables de la tularémie en France. Les souches de type A (parfois manipulées en laboratoire de recherche) sont plus virulentes que celles de type B. L’ingestion d’un aliment fortement contaminé est également associée à un risque élevé de forme systémique de tularémie.
Type d'exposition
Le risque maximum correspond à l’inhalation d’un aérosol infectieux formé à partir des cultures de F. tularensis ou plus rarement lors de la manipulation d’un animal infecté. L’ingestion d’un aliment fortement contaminé, plus rare, est également une situation à risque.
Spécificité de l'exposition au laboratoire
La manipulation des cultures de F. tularensis expose à un risque d’infection par voie cutanée, orale, conjonctivale ou respiratoire. L’inoculum infectieux peut parfois être élevé. Rappelons que les cultures de F. tularensis et les animaux infectés par ce pathogène doivent être manipulés en laboratoire de niveau de confinement 3. La manipulation de F. tularensis formellement identifiée de type B est possible en laboratoire de niveau de confinement 2 en France.
Selon les caractéristiques du sujet exposé
Le risque d’infection grave est plus élevé chez un patient immunodéprimé.
Prise en charge du sujet exposé
Mesures prophylactiques
Après une exposition avérée à F. tularensis, il est possible de proposer une antibioprophylaxie (10). L’administration de ciprofloxacine (500 mg x 2 fois par jour, per os, pendant 10-15 jours) est actuellement préconisée. Cette antibioprophylaxie est habituellement réservée aux personnes présentant un risque élevé d’exposition à un aérosol de F. tularensis, en particulier s’il s’agit d’une souche de type A. Pour les autres, une simple surveillance est le plus souvent suffisante. La conduite à tenir sera déterminée après avis auprès d’un infectiologue.
Suivi médical
Après exposition avérée, un suivi médical est nécessaire. Une sérologie de la tularémie doit être pratiquée le plus tôt possible puis 2 à 3 semaines plus tard. L’incubation de la tularémie étant assez courte (21 jours maximum), ce suivi médical peut être limité dans le temps.
En cas de grossesse
La femme enceinte pose le problème d’un risque de complications obstétricales et de la contre-indication théorique des traitements antibiotiques de première ligne. Le risque infectieux après manipulation fortuite d’une souche de type B est faible et doit être mis en balance avec le risque de toxicité des antibiotiques... L’intérêt de cette prophylaxie est plus évident en cas d’exposition à une souche de type A.
Pour l'entourage du sujet exposé
La tularémie n’est pas une maladie à transmission interhumaine (hormis les cas très spécifiques déjà évoqués, cf. modes de transmission). L’entourage du patient exposé ne présente donc pas de risque significatif de développer une tularémie.