Mesures de prévention
L’évaluation du risque, réalisée de manière participative, permet d’identifier les situations de travail exposant les salariés au risque de chutes de plain-pied. Elle va faire émerger les actions de prévention adaptées à la situation de l’entreprise. Une prévention efficace et durable suppose le plus souvent d’agir conjointement sur plusieurs paramètres : l’espace de travail, les sols, l’environnement, l’organisation et la sensibilisation des salariés.
Actions sur l’espace de travail
Lors de la conception des lieux et situations de travail. certaines actions peuvent contribuer à prévenir les chutes de plain-pied.
Voies de circulation
La mise en place de voies et/ou zones de circulation dédiées au trajet des opérateurs permet de les gérer spécifiquement : suppression des encombrements au sol, des obstacles, aspérités, trous… Dans la totalité de l’espace de travail, les dénivelés doivent être évités autant que possible (marches, plans inclinés…). Le cas échéant, ils doivent être signalés visuellement pour attirer l’attention des salariés en déplacement. Des rambardes ou mains-courantes sont à implanter sur leur longueur. Il faut s’assurer de leur bon état et de leur maintenance.
© G. Kerbaol / INRS
Implantation des équipements
L’implantation des équipements doit être optimisée : il s’agit de faciliter le déplacement des opérateurs d’un équipement à l’autre ainsi que l’accès aux équipements connexes (déchets, locaux techniques…).
© C. Almodovar / INRS
Les espaces autour des équipements doivent être configurés de façon à permettre une utilisation aisée pour la réalisation des tâches, en tenant compte des conditions de manipulation des pièces et des zones de stockage temporaire. Les situations non-permanentes, telle que la maintenance de l’équipement, doivent également être pris en compte dans l’analyse.
Encombrement des sols
Une attention particulière doit être portée de façon à supprimer autant que faire se peut l’encombrement du sol : mettre en place des dispositifs de rangement (emplacements réservés, armoires, panneaux….); traiter les éléments au sol (couverture de passage de câbles, fixation des tapis…). Certaines mesures organisationnelle peuvent aussi contribuer à limiter l’encombrement des sols : attribution d’un local spécifique pour le traitement des déchets, mise à disposition de conteneurs adaptés au volume et au type de déchet (ex : bac à huiles), organisation de la collecte…
© Oeuvre INRS
Actions sur les sols
L’action sur les sols vise à réduire les risques de glissade. Elle est encadrée par des textes normatifs et réglementaires.
Le risque de glissade est accentué par un faible coefficient de frottement entre la semelle de la chaussure et le sol. Ce coefficient peut être diminué par la présence d’un polluant qui agit comme « lubrifiant » entre ces deux surfaces.
Nettoyage des sols
La priorité est de supprimer le polluant en procédant à un nettoyage fréquent et approprié des sols. Dans les phases de pollution temporaire, par exemple lors de présence d’eau au cours des opérations de nettoyage ou lors du renversement accidentel d’un produit sur le sol, il convient de baliser ou de signaler les zones concernées tant que le danger n’est pas écarté.
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Mise en place de revêtements antidérapants
Dans les zones où le sol reste gras ou humide, il est nécessaire de mettre en place des revêtements de sol antidérapants. Les locaux agroalimentaires sont particulièrement concernés. Le réseau prévention a édicté des recommandations pour le choix de ces revêtements.
Nota : le réseau des services de prévention des CRAM/CARSAT est équipé d’appareils portables de mesure de la résistance au glissement, permettant d’évaluer in situ les qualités antidérapantes des revêtements de sol.
© G. Kerbaol / INRS
La transition entre deux sols de glissances très différentes est un facteur de chute à éviter ou, à défaut, à prendre en considération.
Le risque de glissade ne se réduit pas aux zones intérieures de locaux d’entreprises. Il concerne également les zones extérieures (stationnement, chantier…), y compris les voies et zones liées aux déplacements professionnels. Les intempéries sont alors un élément majeur de cause d’augmentation de la glissance (pluie, neige, verglas). Lorsque les actions sur les sols ne peuvent pas être mises en œuvre par l’entreprise, il convient de mettre en place des mesures organisationnelles adaptées.
Actions sur l’environnement de travail
Eclairement
Un intérêt particulier doit être apporté au niveau d’éclairement des zones de circulation de piétons, de manière à faciliter l’identification des dangers potentiels (obstacles, dénivelés, encombrement…). Il est à noter que les dispositifs d’éclairage perdent rapidement leur performance en fonction de leur état : leur maintenance et leur nettoyage doivent être surveillés.
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Bruit - Température
L’ambiance physique peut par ailleurs apporter une gêne susceptible de diminuer les capacités d’attention d’un salarié pendant la réalisation d’une tâche ou lors d’un déplacement. Le traitement de ces ambiances est à prendre en compte dans les zones identifiées à risque dans l’évaluation : diminution du niveau de bruit, adaptation de la température ambiante.
Au-delà de ses effets sur le salarié, l’ambiance physique est susceptible de générer des conditions de circulation dangereuses : pluie, gel…
Actions sur l’organisation du travail
Les actions liées à l’espace de travail et l’ambiance physique contribuent à mettre en place des conditions plus favorables à la réalisation des tâches complexes ou inattendues. L’adaptation aux aléas en est facilitée. Il n’en reste pas moins qu’elles doivent être complétées par des actions de prévention portant sur l’organisation du travail. Les actions à mettre en œuvre sont spécifiques à l’entreprise et aux activités des salariés C’est la démarche d’évaluation des risques qui permet d’identifier les mesures les plus pertinentes
Anticipation
Un objectif doit être notamment de réduire de la fréquence des situations d’urgence qui peuvent amener un salarié à se précipiter lors de ses déplacements et monopolisent son attention. Il faut pour cela mettre en place par exemple une organisation permettant aux salariés d’anticiper leurs taches. L’anticipation consiste également à prévenir le salarié lorsque le risque de survenue d’une situation dangereuse est connu : prévenir les personnes en déplacement hors de l’entreprise des risques d’intempéries pour qu’elles prennent en compte cette situation (temps de trajet, choix de chaussures…).
Préparation
L’efficacité de nombreuses actions est grandement améliorée par leur préparation : mise à disposition de moyens de nettoyage (pelles, balais, eau, sable…) dans les zones de circulation à risques, accès facilité aux moyens de signalisation temporaires, mise en place de procédures sur les actions de rangement et de nettoyage …
Planification
Les actions récurrentes doivent être planifiées : maintenance des dispositifs de prévention des chutes de plain-pied, contrôle et maintenance des éclairages, des signalisations…
Analyse des tâches
L‘évaluation des risques permet d’identifier les situations à risques. L’analyse des tâches permet ensuite de caractériser les paramètres sur lesquels il est possible d’agir. Il peut s’agir par exemple de facteurs diminuant la visibilité du salarié (port de charges ou obstacles obstruant le champ de vision), d’actions nécessitant une adhérence au sol importante (tirer ou pousser des charges) ou au contraire amenant une perte d’adhérence (besoin d’accès à des éléments surélevés), de la réalisation de tâches demandant une sollicitation cognitive importante (actions simultanées, adaptation aux aléas)…
Sensibilisation des salariés
La prévention durable des chutes de plain-pied passe également par des actions de sensibilisation et d’information des salariés. Un objectif essentiel est de changer la représentation de ce risque compte tenu des biais de perception existants. L’implication des travailleurs dans la démarche d’évaluation du risque mais également dans la définition et la mise en œuvre des solutions, joue à ce titre un rôle important. La sensibilisation à la réalité et à la complexité du risque peut être facilitée par l’analyse des accidents ou presqu’accidents ayant eu lieu dans l’entreprise (Voir « Evaluation des risques »).
L’utilisation d’affiches permet de porter des messages simples et immédiats. Elles peuvent être disposées aux endroits identifiés à risque. Des films courts spécifiques aux chutes de plain-pied peuvent être utilisés dans le cadre des actions de sensibilisation / formation à la prévention (Voir « Publications, outils et liens utiles » ).
Protection individuelle
En complément des mesures de prévention collective, l’entreprise peut avoir recours à des équipements de protection individuelle comme par exemple des chaussures antidérapantes. Comme pour tout équipement de protection individuelle, le port de chaussures antidérapantes ne se substitue pas à la mise en œuvre d’actions de protection collective, et en particulier à la pose de revêtements de sols appropriés.
© G. J. Plisson / INRS
Le choix des chaussures peut être orienté par des normes définissant des classes de résistance au glissement correspondant à des types de pollution des sols (voir « Cadre réglementaire » .
Pour en savoir plus
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Brochures et articles
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Brochure 09/2015 | ED 6210
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Brochure 09/2015 | ED 6211
Restauration traditionnelle. Fournissez des chaussures antidérapantes au personnel de cuisine
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Article de revue 06/2015 | DO 9
Chutes, heurts et autres perturbations du mouvement : les comprendre pour les prévenir
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Brochure 09/2011 | ED 950
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Brochure 10/2010 | ED 975
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Vidéos
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Vidéo Durée : 9 min
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Vidéo Durée : 00:09:00
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Affiches
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Autres sites Web
- « Bien choisir les revêtements de sol lors de la conception/rénovation/extension des locaux de fabrication de produits alimentaires »
- Locaux et sols : des pistes pour limiter les risques
- Agrobat : conception de vos locaux agroalimentaires : les bonnes pratiques conciliant les exigences de santé des consommateurs et des salariés