Que faire en cas d'exposition ? Guide de lecture
Définition d'un sujet exposé
Ce sont quasi-exclusivement les personnes victimes d'une piqûre de moustique, soit à l'occasion d'une mission en zone d'endémo-épidémie, soit dans un laboratoire de recherche.
Même si ces risques n'ont pas été formellement établis, on pourrait aussi considérer comme personne exposée :
- une personne victime d'un accident exposant au sang ou à d'autres liquides biologiques : contact accidentel avec du sang potentiellement contaminant (patient présentant un tableau clinique évocateur de Zika et potentiellement en phase virémique), à la suite d'une effraction cutanée (piqûre, coupure...) ou une projection sur une muqueuse (conjonctive, bouche) ou sur une peau lésée (plaie, crevasse, dermatose...) ;
- voire une personne victime d'un accident exposant aux fluides biologiques d'un moustique infecté en laboratoire de recherche, à la suite d'une effraction cutanée.
Principales professions concernées
- Activités en contact avec des moustiques et/ou des liquides biologiques infectés ;
- Missions en zone d'endémo-épidémie pour le virus Zika ;
- Personnels des laboratoires de biologie médicale manipulant des prélèvements sanguins de patients potentiellement virémiques ou d'autres types de prélèvements (sperme, etc) ;
- Personnels de laboratoires de recherche manipulant des prélèvements sanguins virémiques, ou d'autres types de prélèvements, ou des moustiques infectés ;
- Soins à des patients infectés (AES), même si aucun cas n'a été démontré.
Conduite à tenir immédiate
Soins après accident d'exposition à risque viral:
- En cas de piqûre, coupure ou contact sur peau lésée :
- Ne pas faire saigner ;
- Nettoyage immédiat de la zone cutanée lésée à l'eau et au savon puis rinçage ;
- Antisepsie avec dérivé chloré (Dakin ou eau de Javel à 2,6 % de chlore actif dilué au 1/5) ou polyvidone iodée en solution dermique ou, à défaut, alcool à 70° (au moins 5 min).
- En cas de projection sur muqueuses et yeux :
- Rincer abondamment à l'eau ou au sérum physiologique (au moins 5 minutes).
- Consulter un médecin référent ou un médecin de garde aux urgences
Évaluation du risque
Selon les caractéristiques de la source et le type d'exposition
1. Caractéristiques de la source (R1) :
- Vérifier que le sujet source est bien atteint d'une infection à virus Zika :
- cas suspect : une personne présentant depuis moins de 7 jours un exantème maculo-papuleux avec ou sans fièvre et au moins deux signes parmi les suivants : hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies en l'absence d'autre étiologie ;
- cas confirmé, cliniquement évocateur : défini par une PCR Zika positive sur sang, urine ou autres prélèvements (LCS, liquide amniotique, produits d'avortement...) OU sérologie positive IgM anti-Zika OU séroconversion OU augmentation de 4 fois du titre des IgG spécifiques.
- Évaluer la contagiosité de la source : un sujet est habituellement virémique en moyenne 1 à 2 jours avant et pendant 7 jours après l'apparition des symptômes. Le virus est présent jusqu'à 15 jours dans les urines.
2. Produits biologiques à l'origine de l'exposition :
- sang, sperme, urine, LCS ;
- fluide biologique d'un moustique infecté.
Type d'exposition
Par analogie avec d'autres virus, le risque de transmission est plus important en cas de blessure profonde, de piqûre avec une aiguille creuse et notamment avec une aiguille ayant servi à un geste en intra-veineux ou intra-artériel.
Pendant la virémie de la phase aiguë de l'infection, une projection de sang sur peau lésée ou sur une muqueuse pourrait constituer une circonstance de transmission virale même si un tel événement n'a jamais été rapporté.
Spécificité de l'exposition au laboratoire
Pas de spécificité
Selon les caractéristiques du sujet exposé
Grossesse : Risque d’atteinte fœtale grave.
Prise en charge du sujet exposé
Mesures prophylactiques
Aucune chimioprophylaxie n'est à mettre en œuvre.
Au plan du risque collectif, en cas d'exposition avérée et d'habitat dans la zone d'implantation de l'espèce de moustique Aedes albopictus, mesures de protection personnelles antivectorielle (moustiquaire, vêtements longs, répulsifs) pour limiter le risque de transmission à des moustiques vecteurs locaux, particulièrement en période estivale et automnale (R2).
Suivi médical
Un suivi clinique et biologique (RT-PCR et/ou sérologie) doit être proposé à la personne exposée pendant 4 semaines.
En cas de grossesse
Toute femme enceinte suspecte d'une infection par le virus Zika doit être adressée à la consultation d'urgence obstétricale ou consulter un gynécologue de ville et/ou infectiologue, pour un bilan étiologique complet, notamment biologique pour confirmer ou infirmer le diagnostic.
En cas de biométries céphaliques fœtales inférieures au cinquième percentile, qu'il y ait ou non un retard de croissance intra-utérin associé, un avis en Centre Pluridisciplinaire de Diagnostic PréNatal (CPDPN) est recommandé pour étude du cerveau fœtal. En dessous du troisième percentile, la réalisation d'une IRM systématique après 26 semaines d'aménorrhée (SA) et une demande d'avis spécialisé en CPDPN sont préconisées. Si la première échographie de dépistage est normale chez une femme enceinte infectée par le virus Zika, une surveillance échographique rapprochée est préconisée.
Pour l'entourage du sujet exposé
Prévention de la transmission sexuelle par rapport protégé par préservatif jusqu'à infirmation du diagnostic ou jusqu'à 6 mois si le diagnostic se confirme chez un homme exposé.