Conditions d’usages des logiciels de soins dans les Ehpad : contraintes et opportunités pour la prévention des RPS du personnel soignant

Sous l’impulsion du Ségur numérique en santé, les Ehpad s’équipent de logiciels de soins regroupant l’ensemble des informations et des actes de prise en charge des résidents. Ces logiciels sont disponibles sur ordinateur et, de plus en plus souvent, en version mobile sur tablette, de façon à permettre des usages en temps réel par rapport à l’activité de soin. Ils permettent de prendre des informations et de réaliser la traçabilité des actes réalisés.
L’objectif de l'étude était d’identifier les usages des logiciels de soins et d’analyser les contraintes et ressources psychosociales associées à ces usages en matière d’intensité du travail, d’autonomie, de sens et de collectif. La finalité de ce travail était d’identifier les déterminants à cibler pour limiter les contraintes et favoriser les ressources liées à l’utilisation de ce type de technologie sur la santé psychologique des aides-soignants, infirmiers et infirmiers coordinateurs d’Ehpad privés.
Pour ce faire, l’étude s’est appuyée sur une méthodologie mixte associant une démarche de recueil et d’interprétation des données à la fois qualitatives (entretiens, observations des usages des logiciels) et quantitatives (questionnaire).
Les résultats soulignent que les usages du logiciel de soins sont globalement associés par les soignants à une meilleure prise en charge des résidents, ainsi qu’à la possibilité de se protéger en cas de litiges. Cependant, le manque de temps, de formation, ainsi que l’expérience et la gestion de difficultés techniques augmentent le sentiment que son utilisation réduit le temps disponible pour des activités que les aides-soignants et infirmiers estiment plus importantes. Un sentiment d’intensification du travail peut apparaitre et varier, notamment selon la temporalité d’usage. L’usage en temps réel s’assortit d’un sentiment d’interruptions alors que celui en temps différé est associé à des d’efforts de mémorisation et de la peur d’oubli d'informations à saisir. Le logiciel soutient globalement l’autonomie des soignants, mais celle-ci diminue en lien avec l’insuffisance de formation, l’absence de confiance dans les éléments transmis par autrui dans le logiciel et la faible influence sur le contenu du logiciel. Il facilite également la coordination des activités, mais peut devenir une source de conflit si les données fournies par les autres sont considérées comme insuffisantes.
Les modalités d’usage du logiciel étudiés ici peuvent s’avérer vectrices de ressources comme de contraintes psychosociales. Des recommandations sont proposées concernant les conditions de mise en œuvre des logiciels, que ce soit sur le plan matériel et technologique, temporel, ou organisationnel. Ces résultats font l’objet de valorisations sous la forme d’articles parus ou soumis dans des revues scientifiques à comité de lecture, ainsi que de diverses communications.