L’étude du départ précoce des salariés de la pâtisserie artisanale : un cas illustratif de la manière dont l’INRS est susceptible de répondre à une question d’employabilité liée à des questions de santé soulevée par des employeurs

L’étude sur le départ précoce des salariés de la pâtisserie artisanale que nous avons effectuée après avoir été sollicités par la une confédération d’employeurs est illustrative de la manière dont à l’INRS nous sommes susceptibles de répondre à une question d’employabilité liée à des questions de santé soulevée par des employeurs. Leur demande était d’abord motivée par un problème économique : les salariés pâtissiers de l’artisanat partaient de plus en plus tôt (entre 35 et 40 ans) et l’avenir des entreprises du secteur qui perdaient ainsi des compétences, était menacé. Leur demande était aussi de détecter les risques d’altération de la santé des salariés du secteur qui étaient susceptibles d’être en cause pour agir. L’INRS a mené une enquête et montré comment il était possible d’améliorer la santé des pâtissiers, en transformant le travail, en nous appuyant sur trois principes. Primo ce n’est pas à l’homme de s’adapter au travail, mais l’inverse. Le travail doit s’adapter à l’homme pour soutenir l’avènement d’un travail en santé. Secundo la santé n’est pas un état. C’est un processus. En analysant le travail, nous recherchons à identifier aussi bien les processus de dégradation de la santé que les processus de construction de la santé et de préservation de soi, à l’appui de données objectives sur la santé des travailleurs ainsi que de leur ressenti. Tertio, il existe une multitude d’acteurs susceptibles de participer de ce travail en prévention. Les représentants patronaux et leurs interlocuteurs peuvent en faire partie. Notre rôle est de les interpeler sur des questions de santé sécurité au travail, dans cette triple perspective. Nous décrirons comment nous les avons mis en œuvre, d’abord en développant une analyse multiscalaire, pluridisciplinaire, systémique et processuelle à l’appui d’une équipe pluridisciplinaire composée de Serge VOLKOFF, statisticien et ergonome, Corinne GAUDART et Ludivine MARTEL, ergonomes au CREAPT, Anne PICHENE-HOUARD, médecin, et Mireille LAPOIRE-CHASSET, sociologue, à l‘INRS. Les données que nous avions produites étaient variées, complémentaires et mettaient en évidence des problèmes multiples. Nous montrerons comment nous en avons rendu compte à la confédération et ses partenaires, pour les concerner et rester légitimes dans l’énonciation de tous les éléments d’analyse que nous leur apportions. Le travail d’information et de documentation effectué en direction des services de santé au travail qui sont les principaux préventeurs des artisans est aussi rappelé.