À la croisée des méthodologies en psychologie du travail pour l’évaluation des interventions

Cette communication s’inscrit dans un symposium intitulé : L’activité de l’intervenant dans les actions en santé au travail.
Les démarches d’intervention en psychologie du travail sont diverses et nécessitent d’être discutées du point de vue de l’évaluation de leur efficacité et au regard de la complexité des situations de travail. La question de « prendre soin » du travail sera au cœur de nos préoccupations, et nous verrons combien les méthodes d’intervention dans leur diversité, n’agissent pas de la même manière selon leurs bases théoriques et conceptuelles, les contextes d’intervention, l’histoire des salariés (de leurs métiers, de la structure organisationnelle, etc.) et celle même de l’intervenant. A partir de trois interventions en psycho-ergonomie, clinique de l’activité et systémique, qui visent à instaurer des transformations durables à la fois en termes de santé des salariés et d’efficacité nous proposerons d’engager un dialogue sur nos possibilités d’action, nos propres empêchements et le travail d’évaluation des effets produits. La question centrale s’orientera sur nos tentatives de passer, dans l’intervention, d’un travail d’analyse (orienté sur quelques dimensions selon le type d’approche) à des transformations du travail, tant aux niveaux individuel, collectif, qu’organisationnel. Ce faisant, nous nous intéresserons à la complexité du processus d’intervention qui ne peut être évalué qu’à partir du simple critère de satisfaction immédiate des salariés et dirigeants. Les finalités peuvent être différentes, selon les cas mais aussi selon la commande initiale et son évolution au cours de l’intervention. La mesure des transformations se fait toujours dans un temps à définir et les liens qui peuvent être faits avec la santé sont complexes et « indirects ». Ils ne peuvent donc être directement visibles (Lhuilier, 2010) et leur mesure peut parfois donner à voir des résultats contradictoires. La confrontation des divergences et des similarités entre nos interventions et les trois approches sous-jacentes nous amènera à présenter un cadre générique d’évaluation des interventions concernant la santé au travail (Quillerou et al., 2019). Ce cadre précise des indices et indicateurs pertinents de transformation qui porte un questionnement sur leur dimension durable, à différents niveaux de l’organisation. Aussi, certains changements peuvent apparaître comme des « micro-changements », alors qu’ils se révèlent fondamentaux pour transformer en profondeur le milieu de travail et développer la santé des salariés. Enfin, nous engagerons de nouvelles perspectives de recherche et d’intervention sur l’engagement et l’investissement professionnel que demande l’intervention pour parvenir à des effets tangibles ; l’activité de l’intervenant qui agit seul ou avec d’autres collègues psychologues ou d’autres métiers de référence pourrait ainsi faire l’objet d’investigations pour l’amélioration de nos actions à visée transformative des milieux de travail.