Dimension systémique d’un projet de recherche sur les entreprises à mission

Rendu possible par une disposition de la loi PACTE promulguée en 2019, environ 1300 entreprises ont décidé à ce jour de devenir sociétés à mission. Ce cadre traduit un basculement dans la manière d’envisager en France l’implication de l’entreprise dans une forme d’affirmation de leur contribution à la prise en compte des objectifs sociaux et environnementaux, à côté des objectifs économiques classiquement poursuivis par les entreprises. C’est à la fois des éléments de gouvernance et de pilotage de l’activité de travail qui doivent être affectés par cette inscription. Du point de vue de ce qui peut intéresser la commission Arpège DD, nous anticipons que le mode de gouvernance induit par le passage en société à mission doit se traduire par des changements de pratiques portant notamment sur l’organisation et aura des impacts concrets sur la façon dont les salariés vivent leur relation au travail, à la hiérarchie, aux finalités qu’on leur assigne. Or, le rôle des salariés, partie-prenante essentielle de ces transformations selon la philosophie voulue par les concepteurs du modèle, a été peu abordé à ce jour, alors qu’ils peuvent être acteurs et moteurs, au quotidien, de changements qui sont pour eux porteurs de sens. L’étude dans laquelle s’inscrit cette communication vise à poser un regard psychosocial sur cette question centrée à terme sur le vécu subjectif de salariés exerçant leur activité dans des sociétés à mission. Cette étude adopte une approche systémique pour analyser l'impact multidimensionnel de l'engagement des entreprises dans ce type particulier d’inscription dans une démarche de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). En partant d’une centration sur la transformation de la gouvernance, elle examine comment cette transition influence les activités des salariés à plusieurs niveaux. En explorant les ramifications profondes de cette démarche, l'étude vise l’évaluation de la façon dont les changements de gouvernance et organisationnels affectent les processus décisionnels et les pratiques managériales, la motivation des employés et leur vécu par rapport à des enjeux qui peuvent ou non répondre à leurs aspirations personnelles ou valeurs. En prenant en compte cet angle systémique, elle vise à dégager une compréhension holistique des répercussions de la RSE, non seulement sur les structures internes de l'entreprise – ce que font d’autres chercheurs inscrits dans les sciences de gestion (Lévêque, Segrestin, & Levillain, 2023; Segrestin, Levillain, & Lévêque, 2023) – ou sur les choix de management ((collectif), 2021) mais aussi sur le bien-être des employés, leur satisfaction au travail et leur adhésion aux nouvelles valeurs et objectifs éthiques de l'entreprise. Nous présenterons en particulier une grille de positionnement à priori des entreprises mobilisées dans cette recherche-intervention.