Facteurs professionnels et de santé des risques de décrochage des femmes de plus de 45 ans : résultats d’une enquête statistique à grande échelle et perspectives de prévention

Depuis quelques années, les risques de décrochage professionnel en lien avec l’âge sont devenus un domaine d’intérêt en matière de prévention, au même titre que d’autres risques plus classiques. Le vieillissement de la population active et l’allongement prévisible de la durée de vie professionnelle font, en effet, du maintien en activité des salariés vieillissants un enjeu majeur pour les politiques sociales et économiques de nombreux pays. En France, notamment, les faibles taux d’activité des 55-64 ans, leurs durées de chômage, leurs difficultés à retrouver un emploi plus cette durée s’allonge rendent cette question plus sensible encore. Prévenir ces risques de décrochage passe par une meilleure compréhension des facteurs en particulier professionnels et de santé impliqués dans les sorties précoces de l’emploi avant l’âge de la retraite. L’enquête réalisée en 2020-2021, dont les résultats seront présentés dans cette communication, a choisi de s’intéresser tout particulièrement à la situation des femmes âgées de plus de 45 ans, à la recherche d’un emploi depuis plus d’un an. 19 000 femmes réparties sur l’ensemble du territoire français et correspondant à ces critères ont participé à cette enquête en ligne. Le questionnaire portait sur leur situation actuelle, leur parcours professionnel, leurs conditions de travail antérieures, leur dernier emploi, leur santé et leur perception du retour à l'emploi. Le choix d’adopter dans cette enquête une approche genrée s’explique par les inégalités sociales de genre qui marquent les parcours professionnels, les activités et l’état de santé des salariés. Les parcours professionnels des femmes connaissent des trajectoires d’emploi plus chaotiques et fractionnées que les hommes, faites d’interruptions et de reprises d’activités dans des conditions de travail et d’emploi souvent moins favorables que dans celles précédemment occupées. Ceci les rend plus vulnérables aux déclassements professionnels et aux périodes de chômage pendant leur carrière. A état de santé comparable, elles présentent d’ailleurs une probabilité plus grande de sortie d’emploi à tous les âges de la vie active que les hommes. Les différences entre hommes et femmes sont également sensibles du point de vue des métiers exercés et des conditions de travail vécues, ainsi que de celui de la santé. Les femmes sont surreprésentées dans les métiers à bas niveau de qualification, avec des conditions de travail (disponibilité temporelle, pénibilité physique…) et conditions d’emploi (contrats précaires, temps partiels…) particulièrement difficiles. Leur employabilité est souvent réduite par des maladies invalidantes, auxquelles elles sont plus exposées que les hommes. Après avoir évoqué le protocole d’enquête, la communication rendra compte des principaux résultats de cette investigation à grande échelle. Elle s’attachera plus particulièrement aux liens entre sortie précoce de l’emploi des femmes en seconde partie de carrière, d’une part, et parcours professionnel, conditions de travail passées, et état de santé d’autre part. Elle conclura sur les perspectives qu’offrent ces résultats en matière de prévention des risques de décrochage professionnelle en fin de vie active.