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Fibres autres que l’amiante

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  4. Généralités (rubrique sélectionnée)

Généralités

Que sont les fibres ?

 

En santé et sécurité au travail, le terme « fibre » désigne une particule allongée dont la longueur est au moins trois fois supérieure au diamètre.

Ce dossier concerne les fibres qui peuvent être inhalées et se déposer dans le poumon profond (c'est-à-dire les fibres qui peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires). Il s’agit généralement des fibres ayant un diamètre géométrique inférieur à 3 microns (1 micron = 1 µm = 1/1 000 mm), moins du dixième de l’épaisseur d’un cheveu.

Les fibres peuvent être classées selon leur nature chimique : elles sont soit organiques (à base de carbone et d’hydrogène), soit inorganiques.

Classification des fibres selon leur nature chimique

  Fibres organiques Fibres inorganiques
Fibres
naturelles
  • Cellulose
  • Coton
  • Lin
  • Chanvre
  • Soie
  • Laine
  • Amiante
  • Wollastonite
  • Sépiolite
  • Basalte

Fibres
synthétiques

  • Aramides
  • Polyester
  • Polyvinylalcool
  • Polypropylène
  • Polyéthylène
  • Polyamides
  • Laines minérales d’isolation
  • Fibres céramiques réfractaires
  • Microfibres de verre
  • Fibres de carbone
  • Fibres d’alumine
  • Whiskers

Fibres
artificielles

  • Viscose
  • Acétate de cellulose
 


Ce dossier ne concerne pas les fibres métalliques (trop grosses pour être inhalées) ni les nanofibres (qui font l’objet d’un autre dossier). Pour en savoir plus sur les fibres d’amiante, consultez également le dossier Amiante.  

Voies de pénétration et devenir dans l’organisme

 

La principale « porte d’entrée » des fibres dans le corps est l’appareil respiratoire. Les fibres peuvent également être ingérées mais elles ne peuvent généralement pas traverser la peau (à l'exception des nanofibres). Toutefois, certaines circonstances comme la présence de lésions cutanées peuvent augmenter le risque de pénétration percutanée.

Pour une composition donnée, plus les fibres sont fines et longues, plus elles peuvent facilement pénétrer profondément dans le poumon, plus l’organisme a des difficultés à les éliminer et plus elles sont dangereuses.

La proportion de fibres inhalées puis éliminées par l’organisme dépend de leur composition chimique, de leurs dimensions, des propriétés de leur surface, de l’état de santé de la personne… Une partie des fibres inhalées peut persister un certain temps dans l’appareil respiratoire, voire migrer vers d’autres organes.

Critères à prendre en compte dans l’évaluation de la toxicité d’une fibre. Clés pour la lecture des données toxicologiques

  • Composition chimique : Influe sur la dissolution des fibres dans les liquides de l’organisme et sur la production de dérivés toxiques.
  • Biopersistance : Durée de rétention dans le poumon.
  • Dissolution : Décomposition des fibres par les milieux biologiques.
  • Dérivés toxiques : L’organisme réagit à la présence de fibres en fabriquant des dérivés qui peuvent eux-mêmes être dangereux.
  • Forme : À composition chimique identique, la structure fibreuse (particule allongée) est plus dangereuse que la structure non fibreuse (particule sphérique).
  • Dimension : Les fibres très fines (diamètre inférieur à 1,5 micron) peuvent atteindre les alvéoles pulmonaires en plus grand nombre et sont donc les plus dangereuses. Parmi elles, les fibres longues (longueur supérieure à 8 microns) provoquent davantage d’effets.
  • Propriétés de surface : La surface des fibres possède des propriétés spécifiques qui jouent un rôle dans leur dissolution, leur biopersistance, la production de dérivés toxiques…
  • Migration : Des fibres peuvent traverser des tissus, être véhiculées dans les liquides biologiques (lymphe…) et atteindre d’autres organes.

La toxicité de certaines fibres a notamment été évaluée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et/ou par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ).

Effets potentiels sur la santé

 

Par contact, les fibres peuvent provoquer des irritations de la peau et/ou des muqueuses (yeux, nez, bouche…), notamment celles dont le diamètre est supérieur à 4 microns.

Selon leur composition chimique ou la présence d’additifs (liants, etc.), les fibres peuvent provoquer des allergies cutanées ou respiratoires.

L’inhalation de fibres peut entraîner des réactions inflammatoires tant au niveau des bronches (bronchite) que des alvéoles (alvéolite). En cas de migration jusqu’à la plèvre (enveloppe du poumon), elles peuvent provoquer un épanchement pleural (pleurésie).

À la suite d’expositions répétées à certaines fibres, une fibrose pulmonaire peut survenir. Il s’agit d’une transformation du tissu pulmonaire qui conduit à une insuffisance respiratoire. Ce phénomène est irréversible et, dans le cas de certaines fibres, peut continuer à évoluer après la fin de l’exposition. En cas de migration des fibres jusqu’à la plèvre, une fibrose pleurale locale (plaques pleurales) ou diffuse (épaississement pleural diffus) peut également survenir. En général, les plaques pleurales n’entraînent pas de diminution de la capacité respiratoire, contrairement à l’épaississement pleural diffus.

La présence de fibres dans les cellules peut perturber les divisions cellulaires et entraîner des mutations de gènes.

À long terme, certaines fibres peuvent provoquer des cancers, principalement au niveau du poumon et de la plèvre.

Démarche de prévention

 

Souvent, peu de données toxicologiques et granulométriques (diamètre moyen et distribution des tailles) concernant les fibres sont disponibles, ce qui rend difficile l’évaluation des risques. Les premières informations à recueillir sont non seulement la nature chimique et les dimensions des fibres auxquelles les travailleurs sont exposés, mais également le procédé de travail (découpe, usinage…) qui peut entraîner des modifications dans la taille des fibres (coupures transversales ou longitudinales), ainsi que la durée et la fréquence d’exposition. Les mesures de prévention dépendront essentiellement de ces données. La substitution d’une fibre dangereuse par un produit ou procédé pas ou moins dangereux doit être systématiquement recherchée. Si la substitution n’est techniquement pas possible, il convient de rechercher un niveau d’empoussièrement aussi faible que possible. La protection collective doit toujours primer sur la protection individuelle.

Le schéma de la démarche de prévention repose sur les principes généraux de prévention figurant dans le Code du travail. Il comporte six étapes :

  • identifier les dangers présentés par les fibres ;
  • éviter les risques si possible en les supprimant ;
  • évaluer les risques pour la santé et la sécurité au travail qui ne peuvent être évités, en fonction des procédés appliqués et des modes de travail (apprécier la nature et l’importance des risques) ;
  • mettre en place des mesures visant à prévenir ou à limiter les risques (utiliser des équipements de protection individuelle uniquement en complément des protections collectives ou à défaut de protections collectives efficaces) ;
  • vérifier l’efficacité des mesures prises ;
  • assurer la formation et l’information des salariés.

Mesures de prévention générales

 

Ces mesures sont à adapter en fonction de l'évaluation du risque :

  • choisir des systèmes clos (enceintes, mélangeurs…) et des techniques automatisées ;
  • capter les fibres et poussières à la source en mettant en place une ventilation locale chaque fois que cela est réalisable. La ventilation générale ne peut être envisagée que si le recours à une ventilation locale est techniquement impossible ;
  • travailler à l’humide, si le contexte le permet, en prenant garde au risque électrique ;
  • éviter les découpes, en utilisant par exemple des éléments prêts à poser ou prédécoupés. Si les découpes sont nécessaires, les effectuer sur une table aspirante ;
  • délimiter, signaliser et restreindre l'accès des zones de découpe et d’usinage ;
  • déballer les fibres au dernier moment et au plus près du lieu d’utilisation ;
  • utiliser des outils manuels (couteaux, cutters, massicots) ou à vitesse lente, qui produisent moins de poussières. Si des outils électriques sont néanmoins utilisés, ils doivent être munis de systèmes intégrés de captage de poussières et équipés de filtres à très haute efficacité (THE) ;
  • maintenir en bon état de propreté la zone de travail avec un aspirateur équipé d’un filtre à très haute efficacité ou par un nettoyage à l’humide avec de l’eau additionnée de détergent. Afin d’éviter la présence de débris ou déchets sur le sol, disposer des poubelles ou des conteneurs d’élimination fermés au plus près des zones de travail ;
  • proscrire l’utilisation de la soufflette à air comprimé et du balai ;

  • respecter une hygiène stricte : ranger et laver les vêtements de travail séparément des autres vêtements, se doucher et se savonner en fin de poste pour limiter l’incrustation des fibres dans la peau, manger dans des lieux propres réservés à cet usage ;

  • vérifier périodiquement les installations et appareils de protection collective et les maintenir en parfait état de fonctionnement ;
  • procéder à des contrôles réguliers de la concentration en fibres au poste de travail ;
  • utiliser des équipements de protection individuelle : tenue de travail ample mais ajustée au cou, aux poignets et aux chevilles, casquette et lunettes équipées de protections latérales, gants et appareil de protection respiratoire équipé de filtre de type P2 ou P3. Ces équipements doivent être maintenus en bon état.

Suivi de l'état de santé des travailleurs

 

Le suivi individuel de l’état de santé des travailleurs exposés est organisé par le médecin du travail. Il dépend des résultats de l’évaluation des risques. Dans tous les cas, la recherche d’expositions antérieures à l’amiante devra être réalisée. Si elle se révèle positive, le suivi sera complété par celui préconisé pour les personnes exposées à l’amiante.

La périodicité des visites et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition. Le suivi devra être adapté au fur et à mesure de l’évolution des connaissances sur les fibres. Il devra tenir compte de la nécessité éventuelle de porter des protections respiratoires.

Un suivi individuel renforcé de l’état de santé des travailleurs est imposé pour certains postes dits « à risques particuliers » comme ceux exposant à des agents cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques, de catégorie 1A ou 1B selon le règlement européen CLP (c’est le cas par exemple des FCR).

Réglementation

 

Les fibres sont des agents chimiques. À ce titre, la réglementation en matière de prévention des risques chimiques, prévue par le Code du travail, s’applique aux fibres. Les règles de prévention du risque chimique s’appuient sur les principes généraux de prévention du Code du travail (définis à l’article L. 4121-2) et se déclinent en deux volets :

  • les règles générales de prévention du risque chimique (énoncées aux articles R. 4412-1 à R. 4412-57 du Code du travail) ;

  • les règles particulières de prévention du risque chimique pour les activités impliquant des agents chimiques classés cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction de catégories 1A ou 1B selon le règlement CLP (définies aux articles R. 4412-59 à R. 4412-93 du Code du travail).

Classification réglementaire des fibres hors amiante

Seules certaines fibres inorganiques synthétiques sont classées (et étiquetées) par l’Union européenne. Cette classification est basée sur trois critères (taille, composition chimique et biopersistance). L’étiquetage s’applique aux produits en vrac mais pas aux articles manufacturés.

Attention, une absence de classification ne signifie pas une absence de danger.

Le mesurage de l’exposition s’appuie sur les valeurs limites d’exposition quand elles existent. Seules les fibres céramiques réfractaires classées cancérogènes possèdent une valeur limite d’exposition professionnelle réglementaire contraignante spécifique (article R. 4412-149 du Code du travail). D’autres fibres sont dotées de valeurs spécifiques mais non réglementaires fixées par circulaires du ministère chargé du travail. Pour certaines fibres, il est possible de se référer aux concentrations fixées pour les poussières émises dans les locaux à pollution spécifique (article R. 4222-10 du Code du travail).

Pour en savoir plus
Mis à jour le 15/05/2023