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Lombalgie

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  4. Prévention des risques de lombalgies (rubrique sélectionnée)

Prévention

Les acteurs de prévention sont confrontés à une double problématique pour réduire les contraintes des situations de travail. En effet, ils doivent enclencher une démarche collective pour réduire les risques pour tous et une démarche individuelle pour aménager des postes pour les lombalgiques. Cette approche individuelle doit permettre au lombalgique de continuer à travailler ou a minima de limiter son inactivité. Le milieu de travail a dans ce dernier cas un rôle important de soutien du lombalgique.

L'action de prévention dans le monde du travail est essentielle. Le travail est constructeur de confiance en soi et de reconnaissance et favorise la guérison du lombalgique et son retour au travail. C'est un critère pertinent de guérison du lombalgique pour les soignants.
Pour éviter que le salarié ne développe ou ne voie s'aggraver une pathologie lombaire préexistante, la démarche de prévention doit être intégrée. Elle associe une réduction des contraintes pour tous et l'adaptation ponctuelle de situations de travail pour des salariés en difficulté.
Pour ce faire, il faut analyser le contexte de survenue des lombalgies dans l'entreprise, relever leur survenue (nombre et causes), identifier tous les facteurs de risque, puis élaborer une démarche de prévention qui associe une approche technique, organisationnelle et individuelle.
Analyser la situation de travail, c'est être en capacité de qualifier et de quantifier, dans l'activité, les caractéristiques qui rendent le travailleur plus vulnérable, contribuent aux maux de dos ou handicapent les lombalgiques. Il est important d'aller à la recherche de l'ensemble des facteurs de risques de la situation analysée, qu'ils soient directement liés à l'activité ou produits par son environnement.
En effet, la prévention qui ne réduit qu'un seul facteur de risque, même prépondérant, n'est pas ou est peu efficace. Pour optimiser la prévention il faut agir simultanément sur les différentes composantes du travail (économiques, physiologiques, biomécaniques, psychologiques, sociales). Le mode opératoire de chaque tâche s'inscrit dans un système qu'il faut percevoir dans son ensemble pour proposer des solutions de prévention adaptées.
Les résultats de l'analyse du travail doivent convaincre l'ensemble des acteurs de l'entreprise des intérêts de la prévention afin de s'assurer de la participation active de tous à la construction et à la conduite de la démarche. Convaincre est essentiel pour garantir l'efficacité d'une action de prévention, lui permettre d'éliminer ou de réduire les risques, d'améliorer la perception du travail par les salariés et enfin, d'améliorer les performances de l'entreprise.

La prévention des accidents liés aux manutentions manuelles peut se décliner selon les 4 grands axes proposés par la directive européenne (n° 90/269/CEE) qui peuvent structurer la prévention de l'ensemble des risques liés à une activité physique au travail et sont synthétisés ci-dessous : 

  • Eliminer ou réduire la contrainte par la mécanisation quand c'est possible, ou par la réduction du poids unitaire des charges, des distances et des fréquences de manutention.
  • Aménager le poste de travail afin de permettre la réalisation des manutentions manuelles dans les meilleures conditions de posture (hauteur de travail, respect des zones d'atteintes…) et d'espace de travail afin de permettre aux salariés d'appliquer les principes de manutention en sécurité.
  • Organiser le travail, allouer plus de temps si nécessaire, alterner les tâches en restant attentif aux cumuls d'astreintes que peuvent cacher ces alternances, organiser les pauses….
  • Former et informer les salariés sur les différents risques et comment les éviter ou les réduire (voir formations Caces et Prap).

Prévenir les risques

Prévenir les risques c'est construire une action de prévention qui trouve ses sources dans des démarches et outils de référence et faire des choix argumentés pour les rendre applicables et utiles dans la situation de travail concernée. Pour prévenir efficacement les risques pour la santé et pour le fonctionnement de l'entreprise, la prévention doit intégrer les différents risques.

Risques liés à l'activité physique (manutention manuelle, travail physique lourd…)

Les méthodes d’analyse de la charge physique de travail sont basées sur 4 étapes d'une démarche :

  • convaincre, c'est rassembler les argumentaires pour initier une action. Elle est basée sur la balance entre coûts, risques, plaintes, dysfonctionnements et objectifs des actions ;
  • construire, c'est, en fonction des objectifs, concevoir un contenu et un calendrier d'une action et ses outils de suivi et d'évaluation avec l'ensemble des partenaires de l'entreprise ;
  • conduire, c'est mener à bien l'action en fonction des moyens et objectifs définis ;
  • évaluer, c'est faire un bilan de l'action, le communiquer et être en capacité de prolonger ou d'interrompre l'action en donnant un argumentaire à ces décisions.

Surveillance des salariés manutentionnaires

Les recommandations de bonne pratique pour la surveillance des salariés manutentionnaires préconisent comme outils d'analyses des risques des normes et les échelles de Borg pour évaluer la charge de travail (HAS 2013).

Risques liés aux vibrations du corps entier  

Pour protéger les travailleurs contre les effets des vibrations, il faut habituellement avoir recours à une combinaison de moyens de prévention techniques et organisationnels :

  •  réduire les vibrations à la source en nivelant les surfaces de roulement, en choisissant l'engin adapté à la tâche et aux conditions des sols ;
  •  diminuer la transmission des vibrations aux opérateurs : pneus plus souples,  suspension basse fréquence du châssis ou de la cabine, sièges suspendus adaptés aux caractéristiques dynamiques des véhicules et réglables en fonction des caractéristiques des conducteurs ;
  •  optimiser la posture des opérateurs de façon à diminuer la pression intradiscale au niveau lombaire en soutenant le dos correctement par un siège facilement réglable (suspension adaptable au poids du conducteur, inclinaison du dossier, appui lombaire).
  • organiser le travail ou modifier les techniques de production (adapter les vitesses, planifier les distances, réduire ou fractionner la durée d'exposition, organiser l'entretien des matériels…) sont des moyens très efficaces pour réduire les vibrations de façon importante.

Le port d'une ceinture lombaire peut soulager, pourtant c’est un faux ami qui simule une prévention efficace et peut engendrer une prise de risque accrue. La ceinture lombaire est inefficace comme outil de prévention. Elle n’est indiquée que lors des épisodes douloureux et sur prescription médicale.

Risques psychosociaux (RPS)

Les effets de la fatigue, de l'insatisfaction au travail et des mauvaises relations au travail (peu d'entraide entre les collègues, faible soutien de la hiérarchie) sur la lombalgie sont mal connus et controversés. Néanmoins, de nombreuses études font apparaître une association entre les symptômes de stress au travail (nervosité, tension, troubles du sommeil, anxiété) et les problèmes de dos.

Il est classiquement admis que les contraintes psychosociales participent plutôt au passage à la chronicité des lombalgies alors que les contraintes physiques sont plutôt des facteurs de risque de lombalgies aiguës.

Prévenir les RPS nécessite une analyse approfondie du fonctionnement de l'entreprise qui peut remettre en question l’organisation de travail, les relations entre collègues et les modes de management. De ce fait, elle peut être mal acceptée et demande des explications pour clarifier l'action de prévention. Agir sur l’organisation du travail est un outil majeur de prévention de ce type de risque.                   

Risques liés au manque d'activité physique

Le manque d'activité physique s'est développé avec l'augmentation des activités tertiaires. Compenser ces risques est théoriquement assez simple. Proposer des pauses actives durant lesquelles les salariés doivent se lever et bouger ou concevoir la géographie des locaux et des installations de façon à amener les salariés à bouger (photocopieuses, imprimantes, cantine…). Mettre en commun et éloigner photocopieuses ou imprimantes sont des solutions simples pour bouger plus et limiter l'immobilisme. La variation des tâches permet d'ajouter du mouvement, lutter contre la monotonie et varier les postures (assis/debout…).

Encourager le mouvement n'est pas imposer une activité sportive. Marcher, chanter…sont des activités sans risque qui combattent l'immobilité et encouragent le lien social. A l'inverse, une activité physique programmée intéresse peu et présente des risques cardio-vasculaires et locomoteurs. Les étirements ou la gymnastique de pause sont l'objet d'un fort engouement au travail. Leur intérêt physiologique est discutable mais, pratiqués selon certaines règles, leur apport "social" est sans doute fondé.

Risques liés aux chutes, heurts, trébuchements et autres perturbations du mouvement

La prévention des chutes, c'est notamment éviter l’encombrement des zones de travail et des passages, les déplacements inutiles, les courses, l'absence de marquage des trajets… C’est organiser le travail de façon à réduire la pression temporelle, prendre en compte les conditions climatiques, la qualité de l’éclairage, les exigences attentionnelles des tâches à réaliser, leur ordonnancement… La sensibilisation des salariés et de l’encadrement est nécessaire car le risque d’accident de plain-pied est minimisé, banalisé ou mis sur le compte de la fatalité.

Evaluer les actions de prévention

L'évaluation d'une action de prévention est trop souvent négligée. Pourtant cette phase est indispensable pour progresser, valoriser, communiquer dans et hors de l'entreprise et permettre de décider des suites à donner à l'action (ED 6161 et ED6291). L’évaluation doit être prévue et organisée dès le début de l’action de prévention et se poursuivre au-delà de son terme. Elle devrait, en théorie, être réalisée par des acteurs indépendants de l'action disposant d'outils propres.

L'évaluation est une réflexion de l'entreprise sur ses orientations économiques et son dynamisme pour créer une culture de prévention. Les résultats de l’évaluation permettent de décider de poursuivre l'action ou d'en entreprendre une autre, de diffuser les résultats de l'action, de servir l'image de marque de l'entreprise et de démontrer sa maîtrise d'une démarche de promotion de la santé.

Prendre en charge le salarié lombalgique

La prise en charge du salarié lombalgique doit combiner deux démarches conjointes et indissociables : la délivrance d’un message et d’une prise en charge médicale adaptés à la situation du lombalgique, ainsi qu’une démarche d'adaptation du travail et de son environnement pour favoriser le retour au travail (HAS 2013).

Au stade aigu, en l'absence de "drapeaux rouges" (plus de 90 % des cas), quels que soient l'intensité douloureuse ou le niveau de gêne, la lombalgie commune impose un message rassurant au lombalgique. Il s'agit d'une lésion minime, sans relation avec l'intensité de la douleur ou du handicap, il peut et doit bouger, même prudemment au début.

A ce stade, les examens complémentaires sont inutiles. Ils doivent être proscrits. L'imagerie (RX, scanner ou IRM) peut montrer des anomalies (tassement discal, scoliose) qui ne sont que la conséquence d'une réaction physiologique habituelle à la douleur telle qu’une contracture musculaire. Une mauvaise interprétation de ces troubles et un message imprécis peuvent entraîner une inquiétude légitime du lombalgique à même de freiner sa récupération. Le soignant doit expliquer les causes possibles de ces douleurs et aider le lombalgique à gérer la crise douloureuse.

Ce message doit être répété. Le soignant doit suivre le lombalgique lors des premiers jours de la crise pour contrôler l'évolution et éventuellement adapter le traitement de la douleur.

Au stade chronique, les soignants sont souvent sans moyen. Pour éviter le passage à la chronicité il faut agir de façon précoce et conjointe en associant prévention et soins.

Tous les consensus de soins des lombalgies sont unanimes sur l'importance de la remise en activité la plus précoce du lombalgique. Cette proposition est basée sur plusieurs arguments : 

  • la guérison tissulaire (muscles et tendons) est meilleure lorsque ces structures sont mises en tension, même de façon très faible ;
  • la colonne est une structure complexe qui perd rapidement sa proprioception, c'est-à-dire sa capacité à bien se positionner dans l'espace ou à corriger rapidement des perturbations posturales ;
  • l'activité montre au lombalgique qu'il est en capacité de se mobiliser et le met en confiance ;
  • le travail procure un soutien et un statut social. Le lombalgique en tire une stabilité qui a un bénéfice immédiat et lui procure une plus grande résistance aux rechutes et à la chronicisation.

La remise en activité doit s’envisager en respectant les limites de contraintes physiques proposées dans le tableau -qui s'appuie sur les données des normes, de codes de bonne conduite ou de consensus- pour proposer des limites de contraintes physiques qui déterminent 4 zones de risque :

  • Vert foncé : situation à risque minimum pour tout l'appareil locomoteur et le dos en particulier qui devrait permettre à un salarié lombalgique de tenir le poste ;
  • Vert clair : situation à risque locomoteur acceptable pour tous les salariés non lombalgiques ;
  • Orange : situation à risque lombaire qui demande la réduction de la contrainte ;
  • Rouge : situation à risque lombaire inacceptable, qui demande un aménagement prioritaire de la situation de travail.
Zones de risque de lombalgie

Une situation de travail dans le cadre vert (zone vert foncé) respecte toutes ses limites et autorise la mise en place de l’accueil du salarié dans l'entreprise pour lui témoigner qu'il est attendu et que l'entreprise a besoin de lui. Pour être complet, ce cadre englobe des critères de posture, de risques de chute et surtout un cadre d'accueil psychosocial qui ne sont pas repris ici car leur gradation en 4 zones est inappropriée. La démarche "cadre vert" est basée sur des consensus de soins qui affirment qu'un lombalgique doit rester actif. Le "cadre vert" implique l'entreprise pour permettre au salarié de rester actif. Après une phase initiale de 2 à 5 jours d'arrêt, un salarié lombalgique doit pouvoir bénéficier de postes qui respectent les conditions de ce cadre. Il n'existe pas de méthode pour construire des postes "cadre vert". C'est du devoir de l'entreprise et de sa compétence, de construire la méthode en fonction de ses moyens et de son environnement économique, géographique… La mise en place de postes "cadre vert" dans une entreprise pour prévenir la désinsertion et favoriser le retour au travail du lombalgique est une démarche de tous les partenaires de l'entreprise. Pour faciliter ce retour elle nécessite l'information et la collaboration des réseaux de soins (rôle du SST). Pour assurer les meilleures chances de retour du lombalgique, le cadre vert doit être appliqué durant 1 à 3 semaines puis être progressivement modifié pendant une durée qui ne devrait pas excéder 6 semaines. Cette mise en place peut être négociée en fonction des conditions de travail et de la situation du salarié lombalgique. Les postes "cadre vert" ne sont pas des postes "doux" mais des situations transitoires pour favoriser le retour à l'emploi précédent.

Pour en savoir plus
Mis à jour le 26/10/2018