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Trichlorométhane 

Mise à jour : 30 mai 2023

Substance révisée par les experts de l'INRS (2022).

Repérage du caractère perturbateur endocrinien sur les listes de l'ANSES, ED Lists et DEDuCT (2023).

Généralités

Identification

  • CAS

    67-66-3
  • Synonyme

    • Chloroforme
Fiches associées dans les autres bases de données

Valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP)

  • Nature

    réglementaire contraignante
  • VLEP-8h

    • 10 mg/m³
    • 2 ppm
  • Mentions

    Peau

Classifications

  • Mentions de danger CLP

    • H302
    • H315
    • H319
    • H331
    • H351
    • H361d
    • H372
  • Pertubateur endocrinien

    Avéré ou présumé

    Substance présente sur les listes : ANSES II et DEDuCT III.

  • Catégories

    • C2
    • R2
  • CIRC

    2B
  • ACGIH

    • A3
  • DFG

    • Cancérogène : 4
    • Reprotoxique : C

Toxicocinétique et métabolites

Eléments de toxicocinétique

Le trichlorométhane est bien absorbé par les voies respiratoire et digestive et il est distribué largement dans l'organisme. Il est éliminé dans l'air expiré sous forme inchangée et, après métabolisation hépatique, sous forme de dioxyde de carbone.

Absorption : Environ 80 % d'une dose de chloroforme inhalé est absorbée chez l'homme (pic sanguin 2 h après le début d'une anesthésie).

Absorption cutanée de 8,2 ou 1,7 % (application de solutions dans l'eau ou l'éthanol, sur l'avant-bras de quatre volontaires pendant huit heures).

Absorption par la voie digestive importante : 50 % d'une dose orale excrétée sous forme de dioxyde de carbone chez des volontaires 

Distribution : dans tout l'organisme par la circulation sanguine, avec une préférence pour les tissus adipeux à cause de sa liposolubilité. 

La concentration de chloroforme dans le sang artériel est directement proportionnelle à la concentration inhalée. Le chloroforme traverse la barrière placentaire.

Métabolisme : il peut différer selon les espèces et les organes. Le chloroforme est métabolisé principalement dans le foie. Sa métabolisation peut s'effectuer via deux voies métaboliques : la voie oxydative, principale, et la voie réductrice.

La voie oxydative génère des métabolites intermédiaires toxiques tel le phosgène. Le dioxyde de carbone est le métabolite principal et final de la voie oxydative. Une faible proportion du dioxyde de carbone peut être incorporée dans divers métabolites tels l'urée, la méthionine et d'autres acides aminés.

La voie réductrice peut survenir dans des conditions d'anoxie et génère un radical libre, le dichlorométhylcarbène.

Chez le rat, le métabolisme est plus actif dans le foie, suivi des voies nasales et des reins.

Eliminination : suite à une exposition cutanée, 69 ou 88 % ont été excrétés sous forme de dioxyde de carbone (selon que le chloroforme ait été dissout dans l'éthanol ou l'eau, respectivement). Environ 50 % du chloroforme absorbé par la voie orale est excrété sous forme de dioxyde de carbone et environ 40 % sous forme inchangée dans l'air expiré ; moins de 1 % de la dose est excrétée dans l'urine. 

L'élimination sanguine du chloroforme serait biphasique selon les données obtenues chez des volontaires après l'ingestion d'une dose de 500 mg : phase initiale d'une demi-vie de 9 à 21 minutes et la seconde de 86 à 96 heures.

(FT 82 - 2020, Repertoire Toxicologique 2006) Dichlorométhane, Dioxyde de carbone, Phosgène

Effets toxiques

Classe toxicologique Effet toxique Conditions expérimentales
Atteintes hépatiques Autres atteintes hépatiques

Torkelson et al. (1976, cité dans ACGIH)

- Rats, 25-50-85 ppm, 7 h/j, 5 j/sem, pendant 6 mois

 

 - 25 ppm : chez les mâles, quelques zones de dégénérescence avec des foyers de nécrose
50-85 ppm : dégénérescence centrolobulaire dont la sévérité augmente avec la concentration, augmentation du poids du foie (mâles et femelles)

 

Templin et al. (1996b, cité dans MAK documentation)

- rats mâles, 2-10-30-90 ou 300 ppm,  6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
rats femelles, même protocole mais seulement 3 ou 13 sem


- 90 ppm : changements dégénératifs (nécrose chez 9/15 rats) et vacuolisation des hépatocytes, pour les 2 sexes
300 ppm : prolifération cellulaire régénérative, augmentation du poids du foie

 

Atteintes hépatiques Nécrose du foie

Larson et al. (1996 cité dans MAK documentation)

- souris femelles, 2-10-30 ou 90 ppm,  6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
souris mâles, même protocole mais seulement 3 ou 13 semaines


- 10 ppm : gonflement du noyau et vacuolisation modérée des hépatocytes centrolobulaires
30 ppm : augmentation du poids du foie, gonflement des hépatocytes et vacuolisation chez tous les animaux
90 ppm : début de nécrose (que chez les mâles) et prolifération cellulaire

Atteintes rénales et de l'appareil urinaire Atteinte tubulaire

Torkelson et al. (1976, cité dans ACGIH)

- Rats, 25-50-85 ppm, 7 h/j, 5 j/sem, pendant 6 mois

 

-25 ppm : gonflement de l'épithélium tubulaire, augmentation du poids des reins, réversibles en 6 mois

50 ppm : mêmes atteintes qu'à 25 ppm mais non réversibles

 

Templin et al. (1996b, cité dans MAK documentation)

- rats mâles, 2-10-30-90 ou 300 ppm,  6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
rats femelles, même protocole mais seulement 3 ou 13 semaines

 

- 2-10 : aucun effet
≥ 30 ppm : présence de goutelettes hyalines
90 et 300 ppm : lésions rénales (vacuolisation des cellules des tubules proximaux) chez 14/15 rats et 14/14 rats respectivement
uniquement à 300 ppm : apparition en plus de nécrose au niveau des tubules et d'un grossissement des noyaux des cellules épithéliales

Atteintes rénales et de l'appareil urinaire Autres atteintes de l’appareil urinaire

Larson et al. (1996 cité dans MAK documentation)

- souris femelles, 2-10-30 ou 90 ppm,  6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 semaines
souris mâles, même protocole mais seulement 3 ou 13 semaines

 

- femelles : pas d'effets 

mâles : néphropathie, prolifération cellulaire régénérative à partir de 10 ppm, au niveau de la zone corticale

Atteintes sur le développement du fœtus, de l’embryon et/ou de l’enfant Atteinte embryonnaire

CLP H361d

 

Schwetz et al. 1974

- rats (31-28-20), 30-100 ou 300 ppm, 7 h/j, GD6 à GD15

 

- à partir de 30 ppm : diminution de la taille des foetus, retard dans le développement fœtal  (ossification du crâne)

100 ppm : augmentation du nombre de fœtus sans queue, d'anus imperforé, d'oedème sous-cutané, de côtes manquantes et de délai d'ossification des sternèbres

300 ppm : forte baisse du nombre d'implantations, augmentation incidence des résorptions fœtales, diminution du poids foetal 

 

Diminution croissante de la prise de nourriture et du gain de poids chez les mères

 

Baeder et Hoffman 1991

- rats, 0-3-10-30 ppm, 7 h/j, GD7 à 16

 

- 30 ppm : baisse du poids des fœtus et de la longueur vertex-coccyx, retard d'ossification

chez les mères : diminution de la prise nourriture et du poids corporel dès 10 ppm

Atteintes sur le développement du fœtus, de l’embryon et/ou de l’enfant Atteinte foetale

Murray et al 1979

- souris, 0-100 ppm, 7 h/j, GD 1 à 7 - 6 à 15 ou 8 à 15

 

- pas d'effet sur le nombre de sites d'implantation ou le nombre de foetus vivants par portée ; tous les groupes présentent un retard d'ossification

GD 1 à 7 : diminution de la longueur et du poids des nouveau-nés, augmentation du nombre de résoprtions par portée, retard d'ossification des sternèbres

GD 6 à 15 :  diminution du nombre de femelles gestantes à la fin du traitement

GD 8 à 15 :  diminution de la longueur et du poids des nouveau-nés, augmentation de l'incidence de fentes palatines, retard d'ossification des sternèbres

Atteintes des voies respiratoires supérieures Autres atteintes des voies respiratoires supérieures

Templin et al. (1996b cité dans MAK)

- rats mâles (F344), 2-10-30-90 ou 300 ppm,  6 h/j, 7 j/sem, pendant 3-6 ou 13 sem
rats femelles, même protocole mais seulement 3 ou 13 sem

 

-2 ppm : atrophie minimale de l'épithélium olfactif au niveau de l'ethmoïde (2 sexes)
10 ppm : œdème de la muqueuse nasale (lamina propia), perte de glandes de Bowman, prolifération cellulaire
30 ppm : atrophie généralisée, atteintes irréversibles

Effets cancérogènes et/ou mutagènes Cancer du foie

CLP H351, CIRC 2B

 

Trois études par voie orale et une par inhalation chez la souris ont montré une augmentation de l'incidence de tumeurs des tubules rénaux et, dans un cas, des tumeurs hépatocellulaires. Chez le rat, trois études par voie orale ont montré une augmentation de l'incidence de tumeurs des tubules rénaux.

Effets cancérogènes et/ou mutagènes Cancer des reins

Bibliographie

Baeder et Hoffman 1991

Chloroform - ACGIH, 1996.

Chloroforme - Répertoire toxicologique. CNESST, 2011.

Chloroform - Monographie 73. CIRC, 1999.

Fiche DEMETER 145 - Trichlorométhane. INRS, 2015.

Fiche Toxicologique n°82 - Trichlorométhane. INRS, 2020.

Larson et al. - A 90-day chrloroform inhalation study in female and male B6C3F1 mice: implications for cancer risk assessment. Fundam Appl Toxicol. 1996 ; 30 : 118-137.

Chloroform - MAK documentation, 2000.

Murray et al. - Toxicity of inhaled chloroform in pregnant mice and their offspring. Toxicol Appl Pharmacol. 1979 ; 50 : 515-522.

Schwetz et al. - Embryo- and fetotoxicity of inhaled chloroform in rats. Toxicol Appl Pharmacol. 1974 ; 28 : 442-451.

Templin et al. - A 90-day chloroform inhalation study in F-344 rats: profile of toxicity and relevance to cancer studies. Fundam Appl Toxicol. 1996 ; 32 : 109-125.

Torkelson et al. - The toxicity of chloroform as determined by single and repeated exposure of laboratory animals. Am Ind Hyg Assoc J. 1976 ; 37 : 697-705.

En savoir plus

MiXie France est un outil simple et facile à utiliser qui permet, à partir de données de mesure, d'évaluer le potentiel additif ou non des substances chimiques et de situer les niveaux d'exposition cumulés par rapport aux valeurs limites d'exposition professionnelle (VLEP).