Recommandations
Au point de vue technique
Information et formation des travailleurs
- Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
- Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
- Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
- Lutte contre l'incendie : former les opérateurs à la manipulation des moyens de première intervention (extincteurs, robinets d’incendie armés…).
Manipulation
- N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
- Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [37].
- Réduire le nombre de personnes exposées au tétrachloroéthylène.
- Éviter tout rejet atmosphérique de tétrachloroéthylène.
- Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au tétrachloroéthylène présent dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faible (§ Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
- Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [38].
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du tétrachloroéthylène sans prendre les précautions d’usage [39].
- Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.
- Dans les entreprises de nettoyage à sec (pressing ou teinturerie) où l'utilisation du tétrachloroéthylène est encore autorisée, il conviendra de suivre les prescriptions réglementaires (Arrêté du 5 décembre 2012, voir § "Réglementation") ainsi que les solutions techniques concernant notamment les machines utilisées et la mise en place d'une ventilation garantissant l'assainissement de l'air dans tout le local [40].
Équipements de Protection Individuelle (EPI)
Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.
Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [41 à 44].
- Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type A lors de la manipulation de la substance [45].
- Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les suivants : les élastomères fluorés Viton® et Viton®/caoutchouc butyle ainsi que les matériaux multicouches AlphaTec® 02-100, Kemblock® et Silver Shield® PE/EVAL/PE. Le caoutchouc nitrile peut également être recommandé pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoux butyle, naturel et néoprène, ainsi que le poly(chlorure de vinyle) [46 à 48].
- Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [49].
- Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [50].
Stockage
- Stocker le tétrachloroéthylène dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes et de toute autre source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) ainsi que des produits incompatibles (voir § "Propriétés chimiques").
- Le stockage du tétrachloroéthylène s'effectue habituellement dans des récipients en acier galvanisé ou en acier doux. L'utilisation de l'aluminium est déconseillée. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
- Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
- Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
- Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
Déchets
- Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
- Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le tétrachloroéthylène.
- Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.
En cas d’urgence
- En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer la substance, avec des gants adaptés, en l’épongeant avec un matériau absorbant [51]. Laver à grande eau la surface ayant été souillée.
- Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
- Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
- Prévoir l’installation de fontaines oculaires [52].
- Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.
Au point de vue médical
Lors des visites initiale et périodiques
- Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique, des antécédents de pathologies cutanée, oculaire, respiratoire, hépatique, rénale et neurologique chroniques, des symptômes évocateurs d’une atteinte neurologique centrale (syndromes ébrieux, narcotique, syndrome psycho-organique), ainsi que des signes d’irritation de la peau ou des muqueuses oculaires et respiratoires.
- L'examen clinique pourra être complété par la réalisation d’un bilan biologique (contrôle des fonctions hépatique et rénale) qui servira d’examen de référence.
- La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (bilan sanguin évaluant les fonctions hépatique et rénale, tests psychométriques) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
- Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de tétrachloroéthylène.
Femmes enceintes et/ou allaitantes
- Exposer le moins possible au tétrachloroéthylène les femmes enceintes ou allaitantes en raison de l’effet famille des solvants organiques. Dans tous les cas, l’exposition ne devra pas dépasser le niveau déterminé en appliquant les recommandations de la Société française de médecine du travail. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
- Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.
Surveillance biologique [53]
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Le tétrachloroéthylène sur sang total, prélèvement en début de poste et fin de semaine, et le tétrachloroéthylène urinaire, prélèvement en fin de poste et fin de semaine, sont les indicateurs à privilégier pour la surveillance biologique de l’exposition au tétrachloroéthylène. Ils reflètent l’exposition de la semaine de travail.
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Des valeurs biologiques d’interprétation pour les travailleurs, basées sur la corrélation avec les concentrations atmosphériques de tétrachloroéthylène, sont proposées par plusieurs organismes pour ces indicateurs, ainsi que des valeurs d’imprégnation en population générale.
Conduite à tenir en cas d’urgence
- En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
- En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer pendant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
- En cas d’inhalation massive de vapeurs, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, sans notion de traumatisme, et respire, la placer en position latérale de sécurité. Si notion de traumatisme, la laisser sur le dos. Si elle ne respire pas, mettre en œuvre les manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
- En cas d'ingestion, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Même si la victime est consciente, ne jamais faire boire, ne jamais tenter de provoquer des vomissements, et la maintenir au maximum au repos. Si la victime est inconsciente, sans notion de traumatisme, et respire, la placer en position latérale de sécurité. Si notion de traumatisme, la laisser sur le dos. Si elle ne respire pas, mettre en œuvre les manœuvres de réanimation.