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Arsenic et composés minéraux

Fiche toxicologique n° 192

Sommaire de la fiche

Édition : Octobre 2023

Recommandations

En raison de la grande toxicité de l'arsenic et de ses com­posés minéraux, des mesures strictes de prévention et de protection s'imposent lors du stockage et de la manipula­tion de ces substances ou des préparations les contenant.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par l'arsenic et ses composés minéraux, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites d'arsenic ou de ses composés minéraux et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs, poussières, aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des poussières et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [99].
  • Réduire le nombre de personnes exposées à l'arsenic ou à ses composés minéraux.
  • Éviter tout rejet atmosphérique.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés à l'acide arsénique et ses sels, ainsi qu'à ses composés inorganiques présents dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faibleMéthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
  • Evaluer régulièrement l’exposition des salariés au trioxyde de diarsenic présents dans l’air (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Au besoin, les espaces dans lesquels l'arsenic ou ses composés minéraux sont stockés et/ou manipulés doivent faire l’objet d’une signalisation [100].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu de l'arsenic ou ses composés minéraux sans prendre les précautions d’usage [101].
  • Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail. Pour l'arsenic ou ses composés minéraux se présentant sous forme de poudre, procéder à un nettoyage régulier, à l'humide (excepté pour le pentaoxyde de diarsenic) ou en utilisant un système d'aspiration. Pour le trichlorure d'arsenic sous forme liquide, éponger avec un matériau absorbant inerte.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [102 à 105].

  • Appareils de protection respiratoire : Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type P3 lors de la manipulation d'arsenic ou de ses composés minéraux [106].
  • Gants : par exemple en caoutchouc nitrile ou polychloroprène généralement recommandés pour les substances sous forme solide [107,108, 109]. Le point 8 des FDS des substances peut renseigner quant à la nature des matériaux pouvant être utilisés pour la manipulation de ces substances (notamment pour le trichlorure d'arsenic).
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [110].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS des substances peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de ces substances [111].

 

Stockage

  • Stocker l'arsenic ou ses composés minéraux dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec l'arsenic et ses composés minéraux (en contactant par exemple le fournisseur de ces substances ou celui du matériau envisagé).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Si possible, stocker l'arsenic ou ses composés minéraux à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par l'arsenic ou ses composés minéraux.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte. Laver à grande eau la surface ayant été souillée [112].
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • En cas de déversement accidentel de poudre ou de poussières, le balayage et l’utilisation de la soufflette sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur industriel.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Eviter d'exposer à des postes comportant un risque d’exposition à l’arsenic inorganique les sujets atteints d’affections chroniques cutanées, respiratoires, neurologiques (centrales ou périphériques) et cardio-vasculaires.
  • Lors des visites initiale et périodiques :
    • Examen clinique : rechercher plus particulièrement des signes d’atteinte cutanée, respiratoire, neurologique et cardio-vasculaire.
    • Examens complémentaires : la fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition. Les recommandations de bonne pratique de 2015 pour la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été exposés à des agents cancérogènes pulmonaires préconisaient la mise en place d’une expérimentation sur le dépistage de cancer broncho-pulmonaire chez les sujets à haut risque par scanner thoracique basse dose [98]. Pour l’exposition à l’arsenic ou à ses composés, il s’agit des sujets âgés de 55 à 74 ans ayant été exposés au moins 10 ans et tabagiques (≥ 30 paquets-années) actifs ou sevrés depuis moins de 15 ans. En dehors de cette expérimentation, le dépistage du cancer broncho pulmonaire par scanner thoracique n’est actuellement pas recommandé.

 

  • Fertilité/Femmes enceintes et/ou allaitantes

On exposera le moins possible à l’arsenic ou à ses composés inorganiques les femmes enceintes ou allaitantes ou désireuses de débuter une grossesse. Dans tous les cas, l’exposition ne devra pas dépasser le niveau déterminé en appliquant les recommandations de la Société française de médecine du travail. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques. Informer les salariées exposées des dangers de l’arsenic ou de ses composés inorganiques pour la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention. Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

Des difficultés de conception seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits. Informer les salarié(e)s exposés de l’existence de signaux de danger de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.

 

  • Surveillance biologique

Le dosage de l'arsenic inorganique et des dérivés mono- et diméthylés urinaires en fin de poste et fin de semaine de travail est préconisé pour la surveillance biologique de l’exposition. Des valeurs biologiques d’interprétation (VBI) professionnelles et issues de la population générale sont proposées par différents organismes pour cet indicateur [73].

 

Conduites à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
  • En cas d’ingestion, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En milieu hospitalier, une radiographie de l’abdomen sans préparation permettra de vérifier l’intérêt et l’efficacité d’une évacuation gastrique. Si l’état général le permet, un examen fibroscopique sera réalisé pour faire le bilan des brûlures chimiques du tractus digestif dont le traitement est symptomatique. Un traitement chélateur pourra être indiqué pendant les 10 premiers jours de l’intoxication, si la diurèse est conservée.
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