Portrait de la polyexposition chimique professionnelle en France à partir des données de Colchic et Scola

Les salariés sont souvent susceptibles d’être exposés à plusieurs substances chimiques durant leurs activités. Or, l’évaluation de la polyexposition aux substances chimiques des salariés dans l’élaboration du document unique d’évaluation des risques constitue depuis peu une obligation réglementaire. Afin d’orienter les préventeurs dans le repérage et la caractérisation des situations d’exposition à de multiples substances chimiques en milieu de travail, cette étude avait pour objectif de dresser un portrait de la polyexposition en France à travers l’exploitation de diverses sources de données préexistantes.

Les données collectées dans les bases Colchic et Scola ont été utilisées pour identifier et caractériser les situations de travail (ST) en polyexposition, afin de mettre en évidence les cocktails de substances chimiques les plus fréquents et les risques de surexposition. Trois bases de données d’exposition nord-américaines et des inventaires de produits chimiques enregistrés dans le logiciel Seirich par des entreprises ont également été utilisés pour compléter le portrait de la polyexposition.

Au total, 32% des ST identifiées dans les bases Colchic et Scola étaient exposées à au moins deux substances chimiques différentes. Les cocktails les plus fréquents impliquaient des combinaisons d’hydrocarbures aromatiques ou de métaux. La prise en compte de l’exposition cumulative avec l’outil Mixie a montré 25% des ST en surexposition. Les cas de surexposition identifiés étaient principalement dus à la contribution d’une seule substance avec une exposition élevée, plutôt qu’à plusieurs substances avec des niveaux d’exposition plus faibles. L’apport des autres sources de données pour compléter le portrait de la polyexposition en France était relativement limité. L’analyse des inventaires de produits chimiques a toutefois permis d’identifier une prépondérance de mélanges impliquant des composés organiques volatils, en particulier des solvants et des produits nettoyants ou de désinfection.
Ce projet a permis d’approfondir les connaissances sur les situations de polyexposition professionnelle en France par l’exploitation de multiples sources de données complémentaires. Les connaissances acquises ont notamment permis de bonifier l’outil 110 d’évaluation de l’exposition par situation de travail pour informer les entreprises et les préventeurs quant aux coexpositions potentielles associées aux couples ST-substance chimique recherchées par les utilisateurs.