Effets sur la santé des situations de polyexpositions aux substances chimiques enregistrées dans la base de données française Colchic

Contexte : Les travailleurs peuvent être exposés simultanément à de multiples substances chimiques dans leur milieu de travail. Toutefois, les situations de polyexpositions fréquentes et leurs risques sur la santé demeurent relativement sous-étudiés.
Objectif : Caractériser les risques à la santé associés à des situations de polyexpositions professionnelles en France en exploitant les données enregistrées dans la base Colchic.
Méthodes : Les mesures d’exposition prélevées en zone respiratoire entre 2010 et 2019 et concernant 123 substances chimiques ont été extraites de la base Colchic. Les mesures ont été regroupées par situation de travail (ST, combinaison de secteur d’activité, métier, tâche et année). L’outil MiXie France a été utilisé pour calculer des indices d’exposition à effets additionnels (IAE) pour 24 classes d’effets toxicologiques à partir des ratios entre les concentrations des substances et leurs valeurs limites d’exposition professionnelle respective.
Résultats : Parmi les 5 284 ST retenues, 3 296 d’entre elles étaient associées à des expositions à au moins 2 substances partageant la même classe d’effets toxicologiques, les plus fréquentes étant l’atteinte des voies respiratoires supérieures (n=2 025), la cancérogenèse (n=1 925), et les atteintes oculaires (n=1 794). Parmi les co-expositions les plus fréquentes, notons les combinaisons quartz-cristobalite (atteintes des voies respiratoires inférieures et cancérogenèse), cuivre-manganèse (atteinte des voies respiratoires inférieures) et éthylbenzène-xylène (atteintes des voies respiratoires supérieures et du système nerveux central ; ototoxicité). Au total, une surexposition (IAE > 1) a au moins une classe d’effets toxicologiques a été observée pour 809 ST. La fabrication de pièces en matériaux composites, le traitement chimique de surfaces et la fabrication de porcelaine avaient tous un minimum de 50 % des ST en surexposition.
Conclusion : Bien que la base Colchic ne constitue pas nécessairement un échantillon aléatoire des secteurs d’activité en France, cette étude a montré une prévalence relativement élevée de polyexpositions à des substances chimiques partageant des effets similaires sur la santé. Cette source de données est utile pour identifier les co-expositions les plus fréquentes et cibler des actions de prévention vers des secteurs ou des tâches avec un potentiel élevé de surexposition.