Aspirations haut débit : des inconforts perçus par les chirurgiens-dentistes et assistants dentaires

Les systèmes d’aspiration à haut débit comptent parmi les solutions visant à réduire la formation et la dispersion des bio-aérosols à risque de contamination pour l’équipe dentaire. L’objectif de cette étude est, d’une part, d’évaluer le confort postural, auditif, visuel, la maniabilité et la fiabilité perçus lors l’utilisation d’un système d’aspiration haut débit ; et, d’autre part, d’évaluer les effets d’un inconfort sur la réduction de l’utilisation. Une enquête par questionnaire a permis de recueillir le ressenti de 219 chirurgiens-dentistes utilisateurs et 134 assistants dentaires français. Le confort visuel est évalué comme bon et très bon par 82.3% des chirurgiens-dentistes et 87.2% des assistantes dentaires. La fiabilité est évaluée comme bonne et très bonne par 86.9% des chirurgiens-dentistes et 82.3% des assistantes dentaires. Les résultats sont plus mitigés concernant la maniabilité, le confort postural et le confort auditif. Pour les deux populations, le confort auditif, notamment, est significativement moins élevé que le confort visuel, postural, la fiabilité et la maniabilité. Le confort auditif est évalué comme « mauvais » et « très mauvais » pour respectivement 38.9 et 28.1% des chirurgiens-dentistes et 30.1% et 34.6% des assistantes dentaires. Le confort auditif est également significativement plus faible chez les chirurgiens-dentistes (p=0.0002). Le confort postural est quant à lui significativement plus faible chez les assistantes dentaires (p=0.0002) en comparaison aux chirurgiens-dentistes. Il est évalué comme mauvais par 13.2% des assistants dentaires et très mauvais par 17.8% d’entre eux. Les chirurgiens-dentistes déclarent réduire l’utilisation de l’aspiration haut débit à un moment où elle aurait pourtant été nécessaire selon eux avec des fréquences allant de plusieurs fois par jour à plusieurs par semaine et par mois, pour répondre à un inconfort visuel (63%), un défaut de fiabilité (41,4%), un manque de maniabilité (33,7%), un inconfort auditif (31,5%) et un inconfort postural (24,5%). Les assistants dentaires déclarent réduire l’utilisation de l’aspiration haut débit pour répondre à un manque de maniabilité (56.1%), à l’inconfort visuel (55.3%), à un défaut de fiabilité (43.7%), à l’inconfort auditif (37.8%) et enfin à un inconfort postural (28.6 %). La comparaison des deux populations, motif par motif, montre que le fait de ressentir un inconfort visuel et un manque de maniabilité s’associe significativement plus d’une réduction de l’utilisation de l’aspiration chez les assistants dentaires (p = 0.0151 et p = 0.0033). L’échantillon des praticiens diplômés répondants n’est pas représentatif en matière de statuts du fait d’une légère sur-représentation des praticiens libéraux. La représentativité de l’échantillon des assistants dentaires n’a pas pu être vérifié. Ceci doit conduire à faire preuve de prudence en matière de généralisation des résultats. Les résultats obtenus permettent cependant d’identifier l’existence de difficultés ressenties. L’inconfort auditif ressenti par les deux populations pourrait s’expliquer par le cumul avec d’autres expositions sonores liées à l’activité. L’inconfort postural, plus important chez les assistants pourrait s’expliquer par une durée cumulée d’utilisation plus importante que chez les chirurgiens-dentistes. Une autre explication possible est une perception de leur état de santé plus positive comme cela peut être retrouvé auprès d’une population largement composée de travailleurs indépendants. Des investigations complémentaires visant à analyser objectivement les astreintes posturales réelles et les nuisances sonores liée à l’aspiration en tenant compte du niveau sonore global s’avèrent nécessaires pour identifier les moyens d’action utiles à l’amélioration du confort d’utilisation (conception des équipements, amélioration du positionnement et des gestuelles, informations, etc.) et la protection vis-à-vis du risque biologique.