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Béryllium et composés minéraux

Fiche toxicologique n° 92

Sommaire de la fiche

Édition : Mars 2022

Recommandations

En raison de la grande toxicité du béryllium et de ses com­posés, notamment de leur cancérogénicité chez l’homme, des mesures sévères de prévention lors de leur stockage et de leur manipulation seront appliquées (cf. dispositions réglementaires du Code du travail relatives à la prévention du risque cancérogène).

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le béryllium et ses composés dans des locaux spéciaux, frais et bien ventilés. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d'ignition (étincelles, flammes nues, rayons solaires...) et à l'écart des produits incompatibles (acides, bases, oxydants).
  • Interdire de fumer.
  • Le matériel électrique et non électrique sera conforme à la réglementation en vigueur, notamment par rapport au risque d'explosion et aux atmosphères potentiellement explosives.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l’étiquetage en cas de fraction­nement des emballages.
  • Prévoir à proximité immédiate des locaux des équipe­ments de protection individuelle adaptés à la disposition des personnes autorisées à intervenir dans ces locaux en cas d’urgence.
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où sont utilisés le béryllium ou ses composés. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par le pro­duit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
  • Réduire l’utilisation du béryllium ou de ses composés (lorsqu’elle est susceptible de conduire à une exposition) en le remplaçant, lorsque cela est techniquement pos­sible, par un autre matériau.
  • Limiter au strict besoin de l’activité le nombre de per­sonnes susceptibles d’être exposées au béryllium et à ses composés.
  • Limiter les quantités de produit dans les ateliers. Contrôler la circulation du béryllium ou de ses composés dans l’entreprise.
  • Prévenir toute inhalation de poussières, de fumées ou de brouillards. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des poussières, fumées ou brouillards à leur source d'émission ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel ; leur choix dépend des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé,  il doit être muni d'un filtre anti-aérosols de type P3. Pour des interventions d'urgence, le port d'un appareil respiratoire autonome isolant est nécessaire.
  • Contrôler fréquemment et régulièrement la concen­tration dans l'air des particules de béryllium ou de ses composés (voir Méthodes de détection et de détermination dans l'air).
  • Contrôler également les surfaces sur lesquelles le métal ou ses composés sont susceptibles de se déposer; les maintenir en parfait état de propreté par des nettoyages fréquents (lavage ou aspiration mécanique).
  • Éviter tout contact des produits avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, masques, gants (par exemple en caoutchouc nitrile (pour Be, Beo) comme pour les substances sous forme solide ([67] et d'après les fiches données de sécurité)) et lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Ne pas boire ou manger dans les ateliers. Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail.
    L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
  • Prévoir l'installation de douches de sécurité et de fon­taines oculaires dans les ateliers où les produits sont manipulés de façon constante.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du béryllium ou ses composés sans prendre les précautions d'usage [71].
  • Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le béryllium et ses composés.
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel même minime, récupérer immédiatement le produit solide par aspiration mécanique ou, s’il s’agit d’une solution, après l’avoir recouvert de matériau absorbant inerte. Laver ensuite à l’eau la surface ayant été souillée. Si la contami­nation est importante, évacuer le personnel. Dans tous les cas, ne faire intervenir que des opérateurs entraînés munis d’équipements de protection individuels adaptés.
  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto­risées par la réglementation.

Au point de vue médical

Suivi médical

  • Eviter d’exposer les personnes atteintes d’affections respiratoires chroniques ou ayant des antécédents d’allergie au béryllium ou à ses composés.
  • Lors des visites initiales et périodiques :
    • Examen clinique : L’examen clinique initial pourra être complété par des épreuves fonctionnelles respiratoires qui serviront de référence. Rechercher particulièrement des signes d’atteintes respiratoire ou cutanée et à l’interrogatoire des éventuelles co-expositions actuelles ou passées susceptibles d’entrainer des pathologies respiratoires.
    • Examens complémentaires : La fréquence des examens médicaux périodiques  et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (EFR, BeLPT sanguin, …) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Surveillance biologique de lexposition : Le dosage du béryllium urinaire en fin de poste et fin de semaine de travail est le paramètre à privilégier pour apprécier l’exposition au béryllium. Des relations entre les concentrations urinaires de béryllium et les concentrations atmosphériques sont observées de façon inconstante en milieu professionnel ce qui limite l’intérêt de ce dosage.  Le béryllium peut être retrouvé dans les urines de la population générale non professionnellement exposée. L'ACGIH a récemment conclu qu'il n'était pas possible avec les données actuelles de mettre en place un indice biologique d’exposition (BEI) tandis que la Commission allemande propose lors d'une exposition au béryllium et ses composés inorganiques une valeur EKA (Expositionsäquivalente für krebserzeugende arbeitsstoffe) pour le béryllium urinaire, en fin de poste de travail, après plusieurs postes, mais sans la chiffrer [66].

 

Conduite à tenir en cas daccident

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
  • En cas d'ingestion, appeler rapidement un centre anti poison. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin
  • En cas d'inhalation massive, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée  en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire.
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