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Phosgène

Fiche toxicologique n° 72

Sommaire de la fiche

Édition : Mars 2024

Recommandations

En raison de la très grande toxicité du phosgène, des mesures très stricts de prévention et de protection s’imposent lors du stockage, de la manipulation de ce produit et de toute opération au cours de laquelle il peut apparaître.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
  • Lutte contre l'incendie : former les opérateurs à la manipulation des moyens de première intervention (extincteurs, robinet d’incendie armé…).

 

Manipulation

  • Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [30].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au phosgène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique du phosgène.
  • Manipuler les contenants avec soin pour prévenir les chocs.
  • Utiliser les bouteilles débout et attachées afin d’éviter leur chute.
  • Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté au phosgène, à la pression et comporter des câbles de retenue correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistants au phosgène.
  • Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n'est pas conçu pour rester de manière prolongée sous pression).
  • Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au phosgène présent dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faibleMéthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [31].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du phosgène sans prendre les précautions d’usage [32].
  • Ne jamais transvaser de phosgène d’un contenant à un autre.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [33 à 36].

  • Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B lors de la manipulation de la substance [37].
  • Gants : le matériau préconisé pour un contact prolongé est le Viton®/caoutchouc butyle. Le Viton® peut également être recommandé pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure. Certains matériaux sont à éviter : le caoutchouc butyle, naturel, néoprène et nitrile ainsi que le polychlorure de vinyle [38, 39].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [40].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [41].

 

Stockage

  • Stocker les contenants (bouteilles) de phosgène debout et attachées, dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…). Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
  • Le stockage du phosgène s'effectue habituellement sous forme de gaz comprimé ou liquéfié ; l’ogive de la bouteille est de couleur jaune [42]. Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec le phosgène (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
  • Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
  • Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s'il existe.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.

 

Déchets

  • Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bouteilles endommagées dans les conditions autorisées par la réglementation.

 

En cas d’urgence

  • En cas de fuite non enflammée, fermer l’arrivée du gaz ; si la fuite ne peut être stoppée, interdire l’approche pour éviter tout risque d’inflammation (matériel électrique, feu nu…). Dans tous les cas, aérer la zone et évacuer le personnel en évitant la génération de sources d’inflammation.
  • En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l'accès au robinet peut se faire sans risque ; si la fuite ne peut être stoppée, laisser brûler en refroidissant les bouteilles et les installations voisines exposées au feu à l’aide d’eau pulvérisée ;
  • Si des bouteilles de phosgène sont exposées à un incendie (sans que le phosgène ne brûle lui-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Prévoir des moyens de secours appropriés contre l'incendie, à proximité immédiate du dépôt.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de lave-oeil et de douches de sécurité [43].
  • Pour toute situation d'urgence, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents de pathologies cutanée, oculaire, ou respiratoire chroniques, ainsi que des signes d’irritation de la peau ou des muqueuses oculaire et respiratoire.
    • L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR), qui serviront de référence. La fréquence des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (EFR, etc.) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
    • Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer au phosgène.

 

Conduites à tenir en cas d’urgence

  • En cas d'inhalation, appeler rapidement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Prévenir du risque de survenue d’une œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures suivant l’exposition. 
  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'ingestion sous forme liquide, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements.
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