Recommandations
En raison de la toxicité élevée du chlorure de vinyle monomère, cancérogène avéré pour l’homme, et du risque important d’incendie et d’explosion de ce gaz extrêmement inflammable, des mesures rigoureuses de prévention s’imposent et des exigences particulières sont à respecter lors de sa fabrication, son stockage et sa manipulation [30].
L’employeur prendra les mesures nécessaires pour empêcher ou, à défaut, réduire le plus possible l’exposition au chlorure de vinyle (cf. dispositions réglementaires du Code du travail relatives à la prévention du risque cancérogène).
Au point de vue technique
Stockage
- Stocker le chlorure de vinyle monomère dans des locaux spéciaux, frais et bien ventilés, ou en plein air, à l’abri des rayonnements solaires et detoute source de chaleur ou d’ignition, à l’écart des produits oxydants.
- Interdire de fumer.
- Mettre le matériel, notamment le matériel électrique, y compris l’éclairage, en conformité avec la réglementation en vigueur.
- Prendre toutes dispositions pour éviter l’accumulation d’électricité statique.
- Maintenir les récipients hermétiquement fermés et les étiqueter correctement.
- Équiper les zones de stockage de détecteurs de fuite et de systèmes d’alarme.
- Prévoir, à proximité immédiate du stockage, les équipements de protection individuelle et les appareils de protection respiratoire appropriés pour intervention d’urgence.
Manipulation
Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le chlorure de vinyle monomère. En outre :
- Instruire le personnel des dangers présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident. Les procédures spéciales feront l’objet d’exercices d’entraînement.
- Toutes dispositions doivent être prises pour empêcher ou, à défaut, réduire au niveau le plus bas l’exposition au chlorure de vinyle monomère.
- Les zones à risque seront balisées et leur accès surveillé et réservé au personnel qui y est affecté.
- Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle appropriés : ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
- Effectuer en circuit fermé toute opération industrielle qui s’y prête (fabrication, polymérisation...). Prévoir une aspiration des émissions à leur source ainsi qu’une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certaines opérations exceptionnelles de courte durée ; leur choix dépend des conditions de travail. Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre A2, A3 ou AX. Pour des interventions d’urgence, le port d’un appareil respiratoire isolant autonome est nécessaire.
- Contrôler régulièrement la concentration dans l’atmosphère en chlorure de vinyle monomère.
- Faire réaliser un contrôle technique, au moins une fois par an, par un organisme agréé afin de vérifier le respect de la valeur limite réglementaire de 1 ppm [28].
- Dans le cas de certains travaux où l’exposition au chlorure de vinyle monomère ne peut être évitée (entretien, réparation des installations.), le personnel sera muni d’un équipement de protection adapté : appareils de protection respiratoire isolants, combinaisons étanches de type 1, gants (caoutchouc nitrile, Viton® [29]), bottes.
- Prévoir des douches et des fontaines oculaires de sécurité.
- Ne pas fumer, boire ou manger dans les ateliers.
- Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail. L’employeur assurera l’entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l’entreprise.
- Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du chlorure de vinyle monomère sans prendre les précautions d’usage [31].
- Les rejets atmosphériques et aqueux ne seront renvoyés dans le milieu naturel qu’après épuration.
- Conserver les déchets de résines ou autres matériaux contaminés par le chlorure de vinyle dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation.
Au point de vue médical
À l’embauchage
- On évitera d’exposer les personnes ayant des affections hépatiques, hématologiques, respiratoires, des troubles vasculaires, des affections osseuse ou cutanée chroniques.
- On pourra pratiquer un bilan précédant l’exposition, qui servira de référence. Il pourra comprendre : NFS, plaquettes et bilan hépatique; recherche d’altération des fonctions rénales, radiographies des poumons et des mains.
Après l’admission au poste
- Les examens cliniques systématiques seront renouvelés au moins tous les ans et auront pour but la recherche des signes de toxicité chronique du produit (examens cutané, ostéoarticulaire et abdominal).
- Des examens complémentaires, effectués selon une périodicité à évaluer par le médecin du travail en fonction du niveau d’exposition, pourront comprendre : NFS, VS, plaquettes, bilan hépatique, épreuves fonctionnelles respiratoires, examen échographique abdominal centré sur l’étude du foie. En cas de symptomatologie des extrémités supérieures, on pourra réaliser des examens spécialisés (radiographie ou angiographie).
- En cas de contact cutané ou oculaire avec du chlorure de vinyle liquéfié, laver immédiatement et abondamment à l’eau pendant dix minutes. Ôter les vêtements souillés. Consulter un médecin.
- En cas d’inhalation, retirer la victime de la zone polluée et recourir s’il y a lieu aux méthodes de réanimation respiratoire. L’hospitalisation est nécessaire en vue d’une surveillance neurologique et hépatique.