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Solvants aromatiques

Fiche toxicologique n° 106

Sommaire de la fiche

Édition : Février 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [3]

    Les solvants aromatiques sont principalement absorbés par voie pulmonaire. Ils sont transformés dans le foie et se distribuent notamment dans les tissus riches en lipides comme le système nerveux. Une partie des hydrocarbures benzéniques absorbés est éliminée dans l’air exhalé. Les métabolites conjugués hydrosolubles sont excrétés dans les urines.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [3]

    Les solvants aromatiques sont faiblement toxiques à la suite d’expositions aiguës et sont irritants pour les yeux, la peau et le tractus respiratoire. Suite à des contacts répétés ou prolongés, une action dégraissante sur la peau survient, provoquant des dermites d’irritation.

    La toxicité aiguë des solvants naphta est faible: la DL50 par voie orale est supérieure à 5000 mg/kg (rat), la CL50 est supérieure à 5610 mg/m3 (rat, 4 heures) et la DL50 par voie cutanée est supérieure à 2000 mg/kg (lapin, 24 heures, conditions occlusives).

    Les principaux symptômes sont une irritation gastro-intestinale, une perte de coordination motrice et des diarrhées après exposition par voie orale, une irritation des voies respiratoires et une dépression du système nerveux central révélée par une narcose, après inhalation. Après exposition par voie orale ces substances peuvent être aspirées dans les poumons et provoquer une pneumopathie chimique.

    Chez le rat, l'inhalation d'un mélange d'hydrocarbures aromatiques (C8 – C10, 810 ppm pendant 8 heures) induit des larmoiements, une perte de coordination motrice mais pas de létalité. Une concentration de 930 ppm de ce mélange pendant 4 heures provoque, chez le chien beagle, des convulsions et la mort. Des chats, exposés à ce mélange à 370 ppm pendant 6 heures, présentent des symptômes neurologiques centraux (ataxie, mydriase, tremblements) [11].

    Irritation, sensibilisation

    Les solvants naphta dessèchent et dégraissent la peau, provoquant des craquelures et des dermites d‘irritation.

    Ils sont irritants pour la peau, les yeux et le tractus respiratoire. Des souris, soumises à un essai permettant d'évaluer l'effet irritant respiratoire (test d'Alarie), présentent une baisse de la fréquence respiratoire de 50 % ou plus après une exposition à 370 ppm d'un mélange d'hydrocarbures aromatiques (C8 – C10) [11].

    Aucun potentiel de sensibilisation cutanée n’a été mis en évidence.

    Toxicité subchronique, chronique [4, 12]

    Chez le rat, l’inhalation répétée de solvants aromatiques naphta ou de solvants contenant majoritairement des hydrocarbures aromatiques en C9 n’a pas mis en évidence d’effets neurologiques. Des effets hépatiques sont rapportés chez le rat suite à des expositions par voie orale.

    Chez le rat, l'inhalation répétée de solvant contenant 75 % d'hydrocarbures aromatiques en C9 (1500 ppm, 6 h/j, 5 j/sem, 13 sem) entraîne une baisse de la prise de poids sans létalité, signe clinique ou lésion pathologique [13]. Les rats exposés par inhalation pendant 90 jours à un solvant aromatique naphta (101, 432, 1320 ppm, 6 h/j, 5 j/sem.) ne présentent pas de modification d'activité motrice ou fonctionnelle ni de modification histopathologique du système nerveux central ou périphérique [14].

    Des rats ont été gavés pendant 3 semaines avec 500, 750 ou 1250 mg/kg pc/j de solvants naphta. Aux deux plus fortes doses, le poids des animaux diminue significativement pour les 2 sexes, le poids du cœur est diminué chez les mâles et augmenté chez les femelles. A la plus forte dose, pour les 2 sexes, les poids du foie et des reins sont significativement augmentés. Histopathologiquement, l’augmentation du poids du foie est associée à un gonflement des hépatocytes centrolobulaires uniquement chez les femelles, pour toutes les doses testées. Une augmentation des taux de l’alanine aminotransférase pour les deux sexes et des phosphatases alcalines seulement pour les mâles a été notée à la plus forte dose [15].

    Aucune donnée n’est disponible par voie cutanée.

    Effets génotoxiques [3]

    Aucun effet génotoxique n'a été mis en évidence in vivo ou in vitro.

    In vitro, les solvants aromatiques naphta légers donnent des résultats négatifs, avec et sans activation métabolique, sur Salmonella typhimurium (test d'Ames) et sur cellules ova­riennes de hamster chinois (mutation, induc­tion d'échanges entre chromatides sœurs et d'aberrations chromosomiques). Un mélange d'hydrocarbures aromatiques, contenant 40 % d'hydrocarbures en C9, est inactif dans le test d'Ames.

    In vivo, ces solvants n'induisent pas d'aber­ration chromosomique dans la moelle osseuse du rat (inhalation, 1500 ppm, 6h/j pendant 5 jours). Un mélange d'hydrocarbures aroma­tiques, contenant 40 % d'hydrocarbures en C9, ne provoque pas de létalité dominante chez le rat et la souris.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’animal à la date de publication de cette fiche toxicologique (2019).

    Effets sur la reproduction

    Aucun effet sur la fertilité n’est rapporté dans les études disponibles. L'exposition prénatale aux mélanges d'hydrocarbures aromatiques provoque une légère fœtotoxicité.

    Fertilité [16]

    Les effets sur la reproduction ont été analysés dans une étude sur trois générations par inhalation, chez le rat (mâles et femelles ; 100, 500 et 1500 ppm, 6 h/j, 5 j/sem pendant 10 semaines avant accouplement ; les femelles sont ensuite exposées 6 h/j, 7 j/sem du 1er au 20e jour de gestation et du 5e au 21e jour après la naissance ; protocole réitéré pour les 2 générations suivantes).

    La sévérité des effets observés s'amplifie avec les générations, particulièrement à la plus forte concentration. Dans la première génération, les poids corporels des parents sont diminués ; à la 2e génération, une mortalité importante survient chez ces animaux. Aucun effet sur les taux d’accouplement, de fertilité ou de conception n’est observé pour les 3 générations. La concentration sans effet toxique (NOAEC) chez les mères est de 500 ppm.

    Développement

    Chez la souris, l'exposition des mères à une concentration létale de solvants aromatiques naphta léger (1500 ppm, 6h/j, du 6e au 15e jour de gestation) induit une augmentation des pertes post-implantatoires, une baisse du nombre de portées viables, de fœtus vivants par portée et du poids fœtal, un retard d'ossification, et une augmentation de l'incidence des fentes palatines. A 500 ppm, concentration qui n'induit qu'une baisse de la prise de poids maternel, il y a réduction du poids fœtal sans autre effet sur le développement. La concentration sans effet adverse observé (NOAEC) chez les mères et les fœtus est de 100 ppm [17].

    Chez le rat, les effets sur le développement prénatal et postnatal des solvants aromatiques naphta ont été analysés, dans une étude sur trois générations, par inhalation (mâles et femelles, 100 à 1500 ppm, 6 h/j, 5 j/sem pendant 10 semaines avant accouplement ; les femelles sont ensuite exposées 6 h/j, 7 j/sem du 1er au 20e jour de gestation et du 5e au 21e jour après la naissance, protocole réitéré pour les 2 générations suivantes). A la première génération, aucun effet sur les portées n’est rapporté excepté une diminution du poids corporel des nouveau-nés à la plus forte concentration (1500 ppm) tandis que les poids corporels des parents sont diminués. Cette diminution du poids corporel des nouveau-nés est aussi observée à la 2e génération à la plus forte concentration (avec une mortalité importante chez les mères) et devient significative dès 500 ppm pour la 3e génération. Les solvants aromatiques s’avèrent fœtotoxiques chez le rat. La concentration sans effet toxique (NOAEC) observée chez les fœtus est de 100 ppm (la NOAEC chez les mères est de 500 ppm) [16].

    Des rates gestantes ont été gavées avec 0-125-625-1250 mg/kg pc/j de solvants naphta, du 6e au 15e jour de gestation. Les effets suivants, significatifs à la plus forte dose, ont été rapportés chez les mères : salivation, alopécie, baisse de poids corporel et de la prise de nourriture, diminution du poids de l’utérus. Concernant les fœtus, une diminution du poids fœtal ainsi qu’un retard d’ossification (chez 95,7 % des fœtus) sont observés uniquement à la plus forte dose. La LOAEL pour les effets fœtotoxiques est donc de 1250 mg/kg pc/j [15].

  • Toxicité sur l’Homme

    Les solvants pétroliers, dont font partie les solvants aromatiques, sont des mélanges dont il est difficile de déterminer les effets sur la santé car ces derniers dépendent de leur composition. Leurs effets sont communs à la plupart des solvants.

    Les intoxications aiguës avec des solvants aromatiques peuvent provoquer des troubles digestifs, neurologiques ou irritatifs non spécifiques. L'exposition répétée à ces solvants peut entraîner des atteintes neurologiques. Les données ne permettent pas de conclure quant au risque cancérogène chez l’Homme. Les données disponibles font état d’un signal d’alerte pour les risques sur la reproduction.

    Toxicité aiguë [18-21]

    La toxicité aigue des solvants aromatiques est commune à celle d’autres mélanges d’hydrocarbures ; ce sont principalement des irritants et des dépresseurs du système nerveux central.

    Par inhalation, l'exposition aiguë peut entrainer des effets neurotoxiques (troubles de la coordination, céphalées, nausées, sensation d’ébriété, somnolence, confusion), pouvant aller jusqu’au coma en cas d’exposition à de fortes concentrations. Ces effets peuvent survenir rapidement et sont généralement réversibles à l’arrêt de l’exposition.

    L’ingestion peut être responsable de troubles digestifs et neurologiques non spécifiques. La survenue d’une pneumopathie d’inhalation est possible en cas d’aspiration ; les signes radiologiques apparaissent le plus souvent dans les 8 heures suivant l'accident (opacités floconneuses mal limitées localisées le plus souvent aux lobes moyen et inférieur droits) et disparaissent en 1 à 2 semaines. Les signes cliniques peuvent être plus tardifs et spontanément résolutifs en 48 heures (toux, dyspnée, fièvre, hyperleucocytose à polynucléaires, hypocholestérolémie) en l’absence de surinfection. Une surinfection bactérienne pourra entraîner une pleurésie ou un pyopneumothorax. 

    Lors de contacts cutanés, des signes d’irritation peuvent être observés, de même qu’une blépharo-conjonctivite en cas de projection oculaire.

    L'injection accidentelle sous pression de produits contenant des solvants tels que les solvants aromatiques peut produire une réaction inflammatoire et une nécrose tissulaire locale

    Toxicité chronique [18-20]

    L'exposition répétée à ces solvants aromatiques est peu étudiée chez l’Homme ; les effets rapportés sont communs aux autres solvants. Des signes d'irritation cutanée, oculaire et/ou respiratoire sont décrits.

    L'exposition prolongée à ces solvants aromatiques peut également être responsable de troubles mentaux organiques pouvant associer irritabilité, troubles de la concentration, du sommeil, de la mémoire et baisse de l'efficience intellectuelle.

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme à la date de publication de cette fiche toxicologique (2019).

    Effets cancérogènes [18]

    Une étude cas-témoins a signalé une augmentation significative de la fréquence des cancers du poumon ou de la prostate après des expositions importantes supérieures à 20 ans à de nombreux solvants (incluant le white-spirit, le solvant stoddard ou encore le benzène). La responsabilité des différents solvants ne peut être déterminée à partir de cette seule étude.

    Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) considère que les preuves de la cancérogénicité des solvants pétroliers (comprenant les solvants aromatiques) chez l'Homme sont insuffisantes.

    Effets sur la reproduction [20, 23]

    Plusieurs études rapportent un excès de risque statistiquement significatif d’avortements, d’accouchements prématurés ou petits poids de naissance en cas d’exposition à des solvants (sans précision) pendant la grossesse.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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