Généralités sur la substance
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Nom de la substance
Cyclophosphamide -
Famille chimique
Antinéoplasiques -
Numéro CAS
50-18-0 -
Fiche(s) toxicologique(s)
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Fiche(s) Métropol
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Renseignements utiles pour le dosage Cyclophosphamide urinaire
Valeurs d’imprégnation en population générale adulte
Valeurs biologiques d’interprétation établies pour les travailleurs
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VBI françaises (VLB règlementaire, VLB ANSES)
---------valeur non déterminée--------- -
VBI européennes (BLV)
--- valeur non déterminée --- -
VBI américaines de l'ACGIH (BEI)
---------valeur non déterminée--------- -
VBI allemandes de la DFG (BAT, EKA, BLW)
---------valeur non déterminée---------
Moment du prélèvement
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Dans la journée
urines de début et de fin de poste. -
Dans la semaine
fin de semaine
Facteur de conversion
- 1 µmol/L = 261 µg/L
Coût du dosage
- UPLC-MS/MS : 37,8 €
- LC-MS/MS : de 53 € à 63,8 €, prix moyen 59,88 €
Laboratoires effectuant ce dosage
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Laboratoires par région
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Spécificités
Renseignements utiles pour le choix d'un indice biologique d'exposition
Toxicocinétique - Métabolisme
Le cyclophosphamide est un agent alkylant bifonctionnel de type oxazaphosphorine de la famille des moutardes azotées. En milieu professionnel, il peut être absorbé par voies cutanée (contact direct ou projection lors de la préparation, de la manipulation des excrétas ou de l'élimination des déchets, contact avec des surfaces contaminées), respiratoire (aérosols liquides ou formes pulvérulentes) et digestive (défaut d'hygiène et contamination main-bouche, déglutition secondaire des poudres inhalées). Les taux d'absorption en fonction des différentes voies d'exposition dans le cadre professionnel ne sont pas connus. Lors d'un usage thérapeutique, la biodisponibilité moyenne de la forme orale est de 90 %. Le passage transcutané a également été évalué chez des volontaires humains ; il est voisin de 100 %.
La majeure partie du cyclophosphamide est transformée au niveau hépatique par les cytochromes P450 et au moins deux voies de biotransformation sont impliquées. La voie principale consiste en une hydroxylation du cyclophosphamide en 4-hydroxycyclophosphamide, métabolite actif qui peut être oxydé en 4-cétocyclophosphamide ou 4-oxocyclophosphamide, un métabolite inactif, ou être en équilibre avec sa forme active acyclique, l'aldophosphamide. Deux voies métaboliques sont alors possibles pour l'aldophosphamide, soit la production de la moutarde phosphoramide, alkylant qu'on considère généralement comme le principal responsable de l'effet anticancéreux (avec élimination d'une molécule d'acroléine qui ne participe pas à l'effet thérapeutique, mais est la principale responsable des cystites hémorragiques), soit l'inactivation par formation, sous l'action de l'aldéhyde déshydrogénase, de carboxyphosphamide (non considérée comme toxique mais qui peut être transformée en une moutarde azotée, agent alkylant puissant). Il existe une voie métabolique mineure conduisant à la formation d'un métabolite inactif, le déchloroéthylcyclophosphamide et d'un métabolite actif, le chloroacétaldéhyde. Le cyclophosphamide induit son propre métabolisme hépatique lors d'une administration répétée.
Après administration per os ou par voie intraveineuse dans un but thérapeutique, le cyclophosphamide est principalement excrété par voie urinaire sous forme de métabolites. Seule une faible proportion de cyclophosphamide est éliminée dans les urines sous forme inchangée (5 à 20 % des doses administrées) et sa demi-vie d'élimination, soumise à de larges variations individuelles, est en moyenne de 5 heures (comprise entre 1,3 et 16 heures). Les demi-vies d'élimination de la moutarde phosphoramide, de l'acroléine et du 4-hydroxycyclophosphamide sont respectivement de 9,9 ; 7,7 et 2,5 à 5,5 heures.
En milieu professionnel, les données cinétiques sont d'interprétation difficile en raison de caractéristiques d'exposition variables (conditions de travail différentes selon les postes, niveaux d'exposition variables, voies d'exposition multiples…). Une étude expérimentale chez 5 patients volontaires a montré qu'après application cutanée de cyclophosphamide (dose de 1 mg appliquée sur 10 cm2, sous pansement occlusif pendant 6 h), une grande partie est excrétée 6 à 10 heures plus tard et la quasi-totalité se retrouve dans les urines collectées 18 heures après l'application. La fraction de cyclophosphamide non métabolisée retrouvée dans les urines des 24 heures est inférieure à 2 % de la dose appliquée ; l'excrétion urinaire intervient plus rapidement chez des infirmières préparant et administrant du cyclophosphamide que chez les volontaires après application topique exclusive. Ceci suggère une voie d'absorption plus rapide peut-être par inhalation d'aérosols générés lors de la reconstitution du médicament.
Substances à doser - moment du prélèvement
Le dosage du cyclophosphamide urinaire, réalisé sur des échantillons prélevés au début et à la fin du même poste, a été proposé pour la surveillance des travailleurs exposés au cyclophosphamide. La différence entre les concentrations de cyclophosphamide en fin et début de poste reflète l'exposition du jour même. Ce paramètre est très spécifique. Le dosage dans les urines de 24 heures n’est pas préconisé en raison du risque de contamination de l’échantillon.
Les taux de cyclophosphamide urinaire sont généralement mal corrélés aux concentrations atmosphériques ou aux quantités de cytostatiques manipulées en raison de l'existence probable d'une absorption par voies cutanée et digestive du fait de la contamination des surfaces. Pour l'interprétation des résultats, on se basera sur les études réalisées en milieu de soins.
Dans le cas des prélèvements d'urines réalisés sur 24 heures, les valeurs moyennes de cyclophosphamide urinaire chez les personnels exposés (infirmières, préparateurs en pharmacie) sont inférieures à 1 µg/24h dans la plupart des études bien que l'on note une large gamme de valeurs publiées (d'indétectables jusqu'à 38 µg/24h). Les études récentes rapportent des taux urinaires moyens compris entre 4,6 et 210 ng/24h.
Une étude canadienne réalisée chez 103 personnels de santé exposés retrouve des taux urinaires moyens de 67 ng/L de cyclophosphamide (urines de 24 heures).
La plupart des études récentes sont réalisées sur des échantillons d'urines prélevés en début et en fin de poste, après plusieurs postes probablement en raison de l'amélioration des seuils de sensibilité des techniques analytiques qui permettent désormais de détecter de faibles quantités de cyclophosphamide dans ce type d'échantillon. Cela constitue une alternative au prélèvement sur 24 heures, de réalisation difficile en pratique et exposant à des contaminations externes du fait de prélèvements multiples sur le lieu de travail.
Dans une étude française, sur 635 prélèvements urinaires (début et fin de poste) chez plus de 110 personnels de santé (10 unités de reconstitution de chimiothérapie et 8 unités cliniques), le cyclophosphamide est détectable dans 3,6 % des échantillons (23 / 635), avec une concentration médiane de 40,7 ng/L (20,1 à 1 850) (prélèvement en début et fin de poste).
Le dosage du 4-oxo (ou 4-cyto) cyclophosphamide urinaire, métabolite inactif du cyclophosphamide en fin de poste de travail a pu être proposé, mais aucune donnée n'est disponible chez les travailleurs exposés. Ce paramètre ne présente pas d'avantage comparé au dosage du cyclophosphamide urinaire.
Interférences - interprétation
Dans l'interprétation des résultats il faudra tenir compte de l'absorption percutanée, souvent prédominante, et éventuellement digestive.
Certains médicaments peuvent entraîner une induction (dexaméthasone et certains anticonvulsivants) ou une inhibition (allopurinol, chloramphénicol, chlopromazine, fluconazole, névirapine, ranitidine, prednisolone et thiotepa) du métabolisme du cyclophosphamide.
La méthode de dosage utilisée par le laboratoire devra être suffisamment sensible (la chromatographie liquide à ultra haute performance couplée à la spectrométrie de masse en tandem (UHPLC-SM/SM) est une méthode de choix).
Il est indispensable de prendre certaines précautions lors des prélèvements d'urines (prélèvements en dehors des locaux de travail et lavage des mains systématique avant chaque miction, indication de la diurèse totale ou des diurèses fractionnées selon le type de recueil) et de l'acheminement au laboratoire (au mieux congélation à -20°C, transport sous carboglace) afin notamment d'éviter toute source de contamination ou altération des échantillons. Il est nécessaire de prendre contact avec le laboratoire qui effectue le dosage pour se procurer les flacons destinés à la collecte des urines ainsi que les instructions précises sur la procédure d'échantillonnage et les modalités de conservation et de transport des flacons.
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Historique
Fiche créée en 2009 - Mise à jour des parties "Renseignements utiles sur la substance" et "Bibliographie" en 2018, "Renseignements utiles pour le dosage" en 2017