Etat des connaissances sur les liens entre les troubles de la reproduction et l’exposition aux produits cosmétiques chez les professionnels de la coiffure et des soins de beauté : Approche épidémiologique et méta-analytique

Le secteur d’activité de la coiffure et des soins de beauté emploie environ 200 000 personnes en France, dont la majorité des femmes en âge de procréer (INSEE, 2009). Or l’impact des substances chimiques potentiellement reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens utilisés dans les produits cosmétiques (PC) est peu investigué en milieu professionnel. En effet, le comité scientifique européen pour la sécurité des consommateurs (CSSC) évalue le risque pour les consommateurs et non pour les travailleurs. Néanmoins, le responsable de la mise sur le marché devrait, en se basant sur l’évaluation du danger du CSSC, aussi garantir la sécurité sanitaire des PC en tenant compte des spécificités de l’exposition professionnelle.
L’objectif de ce travail est d’étudier les risques pour la reproduction, entraînés par l’exposition aux PC, chez les professionnels de la coiffure et des soins de beauté. Pour ce faire, une revue systématique des études épidémiologiques investiguant les effets sur la reproduction chez cette population a été réalisée. Puis, une synthèse combinant les résultats a été effectuée par le biais de méta-analyses.
A ce titre, ont été retenues les études répondant aux critères d’inclusion suivants : i) étude des populations cible exerçant les métiers de la coiffure et des soins de beauté ; ii) reports d’effets reprotoxiques ; iii) estimations du risque fournies (risque relatif, odd ratio…). Ainsi quarante deux études épidémiologiques ont été identifiées jusqu’à présent dans la littérature. Plusieurs effets sont étudiés : troubles menstruels, infertilité, cancer de l’ovaire et utérus, complications de grossesse, mort fœtale et néonatale, prématurité, retard de croissance intra-utérin, faible poids de naissance, malformations congénitales, retard de développement et cancer de l’enfant. Les résultats sont contradictoires et souvent à la limite de la significativité. Puisqu’elles permettent d’augmenter la puissance, les méta-analyses présentent tout leur intérêt. Elles sont menées sur la base des études ayant la qualité méthodologique requise, à l’aide d’un logiciel approprié permettant d’analyser la sensibilité, l’hétérogénéité des études et de calculer les risques à partir des données mises en commun. Six méta-analyses ont été réalisées. Ces travaux ont fait l’objet d’un rapport commun Ansm-Inrs sujet de cette publication.