Conséquences des exigences de la tâche primaire sur les processus émotionnels dans la gestion de situations complexes et dynamiques

Les activités exercées par des opérateurs dans des situations dynamiques se réalisent sous des contraintes relatives à la complexité de la tâche et à ses caractéristiques temporelles, ou encore d’autre facteurs issus de l’environnement de cette même tâche. Elles se construisent aussi par la mobilisation des ressources psychologiques, physiques et sociales, identifiées par J. Leplat comme les conditions internes de l’opérateur, dont en particulier les processus émotionnels. Depuis longtemps, les travaux portant sur le concept d’évaluation cognitive (ou appraisal) ont identifié qu’un même évènement pouvait entraîner l’émergence de différentes émotions chez différents individus ou chez un même individu à différents moments. Cette expérience émotionnelle occurrente serait non seulement construite sur une expérience d’une situation donnée mais serait aussi un processus continu, le même évènement pouvant être lui-même être réévalué au fil du temps (Lazarus, 1960, Ellsworth et Scherer, 2003). Au sein des « théories de l’évaluation cognitive », un consensus a émergé en psychologie cognitive considérant les émotions comme résultant de processus d’évaluation dynamiques sur plusieurs critères comme ceux proposés par GrandJean & Sherrer (2009). En nous appuyant sur un exemple de simulation d’alerte épidémiologique, cette communication pose la question de l’influence de la tâche et du contexte sur les différentes composantes des compétences émotionnelles (identification, compréhension, expression, régulation, utilisation) des acteurs. Elle questionne aussi de quelle façon ces composantes, plus ou moins partagées, contribuent à la compréhension de la situation, à l’élaboration de stratégies de décisions d’actions et à leurs régulations au fil du temps pour accomplir les objectifs fixés par la tâche et ceux identifiés par les opérateurs. Nous nous focaliserons ici sur les conséquences des exigences de la tâche, en particulier de la tâche primaire sur les compétences émotionnelles des opérateurs, qu’elles soient mises en œuvre individuellement ou collectivement, et de leur influence sur la gestion de la situation.