Caractérisation des polyexpositions à des substances chimiques dans une base de données d’exposition professionnelle par une approche de ratio cumulatif maximal

Contexte : L’approche du ratio cumulatif maximal (RCM) est utilisée en santé environnementale pour caractériser la contribution relative des substances sur le risque total d’un mélange. Nous avons appliqué cette approche à un jeu de données de mesures d’exposition professionnelle pour évaluer si les risques à la santé des situations de polyexpositions étaient dominés par un ou par plusieurs substances.
Méthodes : Les données d’exposition pour 123 substances chimiques sur la période 2010-2019 ont été extraites de la base Colchic. Les mesures ont été groupées par situation de travail (ST, combinaison de secteur d’activité, profession, tâche et année). Des quotients de risque (QR) ont été calculés en divisant les concentrations des substances par leur valeur limite d’exposition française. Les indices de danger (ID) des mélanges ont ensuite été calculés par combinaison de classe toxicologique (n=21) et de ST à l’aide de l’outil MiXie France, puis les RCM ont été calculés comme le ratio entre l’ID et le QR maximal.
Résultats : Un total de 14170 combinaisons de ST et de classe toxicologique exposées à 2 substances chimiques ont été identifiées. 2501 avaient un ID>1, indiquant une situation de surexposition. Pour 86 % de celles-ci, au moins une substance avait 1 QR supérieur à 1. Parmi les mélanges restants pour lesquels aucune substance n’avait un QR supérieur à 1, 12 % avaient un ID dominé par une substance, et 2 % avaient un ID associé à la contribution de plusieurs substances. Les tendances stratifiées par classe toxicologique étaient similaires.
Conclusions : Les surexpositions associées aux mélanges dans la base Colchic étaient majoritairement reliées à une seule substance. Ceci pourrait s’expliquer en partie par une stratégie de prélèvement ciblant les substances avec les expositions a priori les plus élevées parmi l’ensemble des substances présentes dans le milieu de travail. Des travaux futurs seraient nécessaires pour évaluer la présence de tendances similaires dans d’autres bases de données d’exposition professionnelle.