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Mercure et composés minéraux

Fiche toxicologique n° 55

Sommaire de la fiche

Édition : Septembre 2023

Recommandations

Lorsque l'emploi du mercure ou de ses composés miné­raux est techniquement indispensable, l'exposition des travailleurs doit être réduite au niveau le plus bas pos­sible. Des mesures très strictes de prévention et de pro­tection adaptées au risque s'imposent lors du stockage et de la manipulation de ces substances ou des préparations les contenant.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le mercure et ses composés dans des locaux frais et bien ventilés, à l'abri de toute source de chaleur ou d'ignition (rayonnements solaires, flammes, étincelles...) et à l'écart de produits incompatibles (voir le paragraphe sur les propriétés chimiques). Le sol et les parois des locaux de stockage du mercure seront construits en matériaux lisses et imperméables, exempts de fissures et de joints poreux ; le sol présentera une légère déclivité conduisant à une rigole d'écoulement avec une trappe et amenée d'eau afin qu'en cas de déversement accidentel, le métal puisse être collecté sous eau et récupéré rapidement.
  • Interdire de fumer.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de fraction­nement des emballages. Le métal récupéré sera conservé, dans toute la mesure du possible, en atmosphère close sous gaz inerte.
  • Pour éviter de répandre du mercure, effectuer sous aspiration à partir de système clos et au moyen d'appa­reils spécialement prévus à cet effet toutes les opérations de vidange, soutirage, remplissage ou transvasement de métal.
    Récupérer immédiatement tout mercure répandu, même en faible quantité, en utilisant soit des techniques phy­siques (aspiration sous vide avec piège de charbon actif dopé à l'iode, congélation avec de l'azote liquide), soit un procédé chimique (amalgamation) ; voir aussi, ci-dessous, le point « en cas de fuite » dans la partie « Manipula­tion ».
  • Des appareils de protection respiratoire isolants auto­nomes seront prévus à proximité des locaux pour les interventions d'urgence.
 
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où sont utilisés le mercure et ses composés minéraux. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par les produits, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident. Les procédures spéciales en cas d'urgence feront l'objet d'exercices d'entraînement.
  • Entreposer dans les ateliers des quantités de produits relativement faibles et de toute manière ne dépassant pas celles nécessaires au travail d'une journée.
  • Prévenir toute inhalation de vapeurs ou de brouillard de mercure comme celle des aérosols solides ou liquides de ses composés minéraux. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s'y prête, notamment celles où le mercure est chauffé. Prévoir une aspiration des émissions à leur source ainsi qu'une ventilation générale des locaux (celle-ci ne devra pas comporter de recyclage d'air). Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certaines opérations exceptionnelles de courte durée ; leur choix dépend des conditions de travail ; si un appareil fil­trant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre de type HgP3. Pour des interventions d'urgence, le port d'un appa­reil respiratoire autonome isolant est nécessaire.
  • Séparer les postes et locaux ou s'effectuent des opé­rations pouvant donner lieu à émission de poussières, de brouillard et de vapeurs. Placer notamment dans des enceintes ventilées ou des hottes les dispositifs compor­tant un chauffage de mercure.
  • Contrôler fréquemment et régulièrement la teneur de l'atmosphère en mercure ; dans les locaux où le métal est manipulé de façon régulière, la mesure en continu est recommandée.
  • Éviter tout contact des produits avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, gants imperméables (par exemple en caoutchouc butyle, caout­chouc naturel, caoutchouc polychloroprène ou encore caoutchouc nitrile [14, 15, 24]) et lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage. Pour la manipulation du mercure, les vête­ments ne devront comporter ni poches, ni revers.
  • Ne pas boire ou manger dans les ateliers. Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains, des dents et du visage avant les repas, passage à la douche et changement complet de vêtements après le travail, rangement séparé des vête­ments de ville et des vêtements de travail. L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
  • Prévoir l'installation de douches de sécurité dans les ateliers où le produit est manipulé de façon constante.
  • Les tables de travail sur lesquelles est manipulé le mer­cure devront avoir des bords surélevés avec des angles arrondis et comporter une pente légère menant vers une rigole d'écoulement se déversant dans un flacon rempli d'eau, de façon que le mercure répandu puisse y être col­lecté immédiatement. Veiller à ce que la surface exposée soit la plus petite possible.
  • Les installations de chauffage des locaux de travail (radiateurs, conduites de vapeur ou d'eau chaude) seront encastrées de façon à faciliter le nettoyage et l'entretien.
  • Maintenir les locaux en parfait état de propreté ; un nettoyage quotidien, systématique et approfondi sera assuré ; les aspirateurs seront munis de filtres à charbon actif capables d'adsorber les vapeurs de mercure.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du mercure ou ses composés sans prendre les précautions d'usage [65].
  • Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le mercure ou ses composés minéraux.
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel important (quantité de mercure dépassant environ 100 g) dans un local, fermer le chauffage, interdire l'accès au local conta­miné, aérer la zone si possible, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection approprié.
    Si le déversement est mineur, il conviendra de porter les équipements de protection individuelle, de délimiter la surface à décontaminer, d'éteindre toute source de cha­leur, de récupérer directement le mercure répandu ou de le transformer en composés non volatils.
    Les procédés chimiques suivants permettent de transfor­mer le mercure élémentaire en composés non volatils : le procédé au polysulfure de calcium, le procédé à base de fleur de soufre, le procédé à base de thiosulfate de sodium et d'EDTA, le procédé par obtention d'amalgames solides à l'aide de poudres de cuivre, de zinc et d'étain ou encore « d'éponge à mercure » constituée d'une éponge métallique de cuivre imprégnée d'une mixture à base de poudre de zinc et d'un acide faible en présence d'un agent mouillant (acide sulfamique à 5 % + 100 ppm d'un tensio-actif). Des kits de décontamination du mercure sont commercialisés.
    Les procédés physiques peuvent permettre d'aspirer les gouttelettes de mercure à l'aide d'aspirateurs à mercure spécifiques (surtout ne pas utiliser d'aspirateurs ordi­naires qui propageraient la contamination dans l'atmos­phère) ou à l'aide de trompes à eau (ne jamais balayer un déversement de mercure car ceci aurait pour effet de diviser le mercure en plus fines gouttelettes) [14, 16, 25].
  • Conserver les déchets du mercure et de ses composés minéraux dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les envoyer à des centres spécialisés dans le traite­ment des déchets mercuriels.

Au point de vue médical

  • À l'embauchage, on pratiquera un interrogatoire et un examen médical complet afin d'éviter d'exposer des per­sonnes présentant une affection neurologique, rénale ou cutanéo-muqueuse chronique.
  • Le médecin du travail avertira les femmes en âge de procréer du danger pour la reproduction du mercure, leur rappellera l'importance du respect des mesures de pré­vention et les informera de la nécessité de l'avertir dès le début de la grossesse.
  • Les femmes enceintes et les femmes allaitant ne peuvent être affectées ou maintenues à des postes de tra­vail les exposant au mercure au vu de la réglementation.
  • Le médecin du travail avertira les sujets potentielle­ment exposés au mercure du risque éventuel d'atteinte de la fertilité et recherchera systématiquement des diffi­cultés de conception à l'interrogatoire.
  • Lors des examens ultérieurs, on recherchera tout signe clinique (état général, cutané, neurologique) d'intoxica­tion au mercure. Des examens complémentaires seront régulièrement pratiqués pour étudier la fonction rénale.
  • Surveillance biologique [64] : Le dosage du mercure sanguin en fin de poste et fin de semaine est surtout le reflet de l'exposition de la semaine précédente. La valeur finlandaise BAL (Biological action level) fixée à 10 µg/L pour le mercure inorganique san­guin (moment non défini) est basée sur la relation avec les effets sur la santé. L'ACGIH a supprimé en 2012 le BEI (Biological exposure indice) pour le mercure inorganique sanguin. Le dosage du mercure inorganique total urinaire, au mieux le matin avant la prise de poste, permet d'appré­cier l'exposition ancienne (de plus de 3 mois) au mercure inorganique. Étant donné les grandes variations journa­lières des taux de mercure urinaire, un dosage anormale­ment élevé doit être confirmé par une deuxième analyse. Ce paramètre est le mieux corrélé aux effets sur la santé. L'ACGIH a abaissé en 2012 le BEI (Biological exposure indice) pour le mercure urinaire en le fixant à 20 µg/g.c avant le poste lors d'une exposition au mercure métal­lique et inorganique ; le BEI est basé sur la relation avec les effets sur la santé.

    Pour ces deux paramètres, présents dans les urines des sujets non professionnellement exposés, on se méfiera d'une contamination du prélèvement. Dans l'interpréta­tion des résultats, il faudra tenir compte de l'alimentation (consommation de poissons en particulier), source de mercure inorganique, et des amalgames dentaires.

    Il existe des valeurs guides françaises pour ces deux para­mètres mais elles n'ont pas été mises à jour depuis 1997.

  • En cas d'ingestion d'un sel de mercure, si le sujet est conscient, on tentera de le faire vomir et on organisera son transfert en milieu hospitalier pour un traitement évacuateur, symptomatique et éventuellement chélateur spécifique.
  • En cas de blessure ou de souillure d'une plaie avec du mercure, le patient sera transféré à l'hôpital pour examen.
  • En cas de projection cutanée ou oculaire, laver immé­diatement à l'eau. Retirer les vêtements imprégnés. Si des signes persistent ou apparaissent, consulter un médecin.
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