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Anhydride trimellitique

Fiche toxicologique n° 172

Sommaire de la fiche

Édition : Novembre 2022

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    L’anhydride trimellitique est largement distribué dans l’organisme.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [17]

    L’intoxication par ingestion provoque des irritations digestives sévères. Par inhalation, l’anhydride trimellitique induit une irritation pulmonaire dose dépendante. C’est un sensibilisant cutané et respiratoire et un irritant sévère pour l’œil.

    L'anhydride trimellitique est nocif par inges­tion chez la souris (DL50 = 1,3 g/kg) ; à l'autop­sie, des signes d'irritation sévère de la muqueuse gastro-intestinale sont signalés (hyperémie, hémorragie), pouvant aller jusqu'à la perforation. Chez le rat, la DL50 est comprise entre 2,7 et 5,6 g/kg. L'application cutanée chez le lapin (4 - 23 g/kg) n'entraîne pas d'effet sys­témique.

    L'inhalation (aérosol, 2 à 150 mg/m3, parti­cules < 1 µm, 30 min) induit chez la souris une irritation pulmonaire liée à la dose, avec une baisse de la durée d'inspiration et d'expiration, des apnées et une diminution de la fréquence respiratoire. Aucune modification histologique du tractus respiratoire n'est observée [18].

    L'anhydride trimellitique est irritant pour la peau humide et sévèrement irritant pour l'œil du lapin.

    C'est un sensibilisant cutané (test de maxi­malisation chez le cobaye, essai local sur les ganglions lymphatiques et essai du gonfle­ment de l'oreille chez la souris), et un sensibi­lisant respiratoire (test d'hyperréactivité bron­chique à l'acétylcholine chez le cobaye ; mesure de la réponse immunitaire spécifique : IgE chez la souris et IgG chez la souris, le cobaye, le lapin, le chien et le singe. Des anti­corps IgA et IgM ont été mesurés chez le lapin, le chien et le singe)[19 à 22, 24 à 28].

    Toxicité subchronique, chronique

    L'inhalation répétée peut provoquer une atteinte pulmonaire sévère dépendant de la durée et de la concentration d’exposition. Elle est liée à une réponse immunologique.

    Aucun effet notable n'a été observé après administration orale répétée d'anhydride tri­mellitique chez le rat et le chien, hormis une discrète leucocytose chez le rat à la dose d'en­viron 4,7 g/kg/j pendant 14 semaines. La dose sans effet chez le chien est d'environ 11,8 g/kg/j pendant 90 jours [19]. Dans les deux cas, le produit était incorporé dans la nourriture, ce mode d'administration pourrait avoir modifié la bio­disponibilité de l'anhydride trimellitique et expliquer les différences d'effets observées avec les essais de toxicité aiguë (administra­tion par gavage).

    L'inhalation répétée de particules conduit pour de nombreuses espèces à une pathologie pulmonaire directement fonction de la concen­tration d'exposition. Cette pathologie est carac­térisée, chez le rat, espèce la plus sensible, par une augmentation de poids des poumons, une inflammation interstitielle et des foyers hémor­ragiques (100 à 500 µg/m3, diamètre aérodyna­mique (Dae) moyen 1 - 2 µm, 4 à 6 h/j, 10 j) ; elle est liée à des réactions d'ordre immunologique (augmentation des IgG, IgM et IgA dans le sérum et le lavage broncho-alvéolaire, concen­tration maximale après 20 jours) [30].

    Le cobaye (62,4 mg/m3, Dae moyen < 3 µm, 3 h/j, 5 j ou 218 mg/m3, 15 min/j, 4 j), développe une détresse respiratoire sévère avec cyanose[20].

    Lors d'une exposition plus longue (rat, 50 µg/m3, 6 h/j, 5 j/sem, Dae moyen = 2 µm, 13 sem), le nombre de foyers hémorragiques pul­monaires augmente, atteint un maximum après 2 semaines puis diminue ; le taux d'anti­corps sériques spécifiques augmente pendant les 6 premières semaines d'exposition puis diminue ; 38 semaines après la fin de l'exposi­tion, le taux d'anticorps est très légèrement supérieur au niveau de départ ; un déclenche­ment ultérieur par inhalation n'induit plus de lésion pulmonaire. Ces résultats suggèrent rétablissement d'une tolérance à l'anhydride trimellitique [23].

    Effets génotoxiques [1]

    Les tests réalisés sont négatifs.

    Le test d'Ames est négatif.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible sur la cancérogénicité à la date de publication de cette fiche.

    Effets sur la reproduction [1]

    Aucun effet sur le développement n’a été rapporté chez la souris.

    Aucune toxicité sur le développement n'a été montrée chez la souris. Chez le rat et le cobaye, des anticorps spécifiques de l'anhy­dride trimellitique peuvent être transmis par la mère au fœtus.

  • Toxicité sur l’Homme [30-37]

    L'inhalation accidentelle de fortes concentrations peut entrainer des lésions broncho-pulmonaires sévères, accompagnées de signes hémorragiques. L’anhydride trimellitique est un puissant irritant pour les muqueuses des voies respiratoires, la peau et les yeux. Les atteintes respiratoires engendrées lors de l’inhalation mettent en jeu plusieurs mécanismes immunologiques et un mécanisme irritatif. Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme pour les effets génotoxiques, cancérogènes ou sur la reproduction.

    L'anhydride trimellitique possède un impor­tant pouvoir irritant. Il peut engendrer des manifestations cliniques spécifiques (aller­giques) ou aspécifiques de type irritatif, pou­vant aller jusqu'à l'apparition d'œdème pulmo­naire sans signes prémonitoires.

    Un sujet exposé accidentellement à une forte concentration d'anhydride trimellitique a présenté un syndrome associant détresse res­piratoire, anémie et hématémèse. La biopsie pulmonaire retrouvait des hémorragies intra-alvéolaires et des lésions alvéolaires. La pré­sence d'anticorps circulants dirigés contre des complexes TMA-érythrocytes et sérum albu­mine et d'anticorps hémolytiques anti-TMA a été mise en évidence [35].

    Les manifestations cliniques liées à l'inhala­tion de poussières ou de fumées d'anhydride trimellitique sont classées en 4 groupes ; 3 mettent en jeu des mécanismes immunoioiques et le dernier est lié au pouvoir irritant de cette substance :

    • Une réaction immédiate de type rhinite ou asthme médiée par des IgE dirigées contre un complexe TMA-protéines des voies respira­toires. Cette manifestation de type allergique nécessite une période préalable de sensibili­sation asymptomatique ;
    • Une réaction pulmonaire retardée carac­térisée par l'apparition de toux, d'expectora­tion, de dyspnée, de wheezing et de manifesta­tions générales (frissons, arthralgie, myalgie). Ce syndrome survient de 4 à 12 heures après l'exposition à l'anhydride trimellitique. On peut trouver dans le sérum de ces patients des anti­corps de type IgG dirigés contre un complexe TMA-protéines ;
    • Des signes respiratoires caractérisés par la présence d'une dyspnée, d'hémoptysie, d'in­filtrat pulmonaire, d'un syndrome restrictif et d'une anémie hémolytique. Ils surviennent en cas d'exposition intense aux fumées contenant de l'anhydride trimellitique. On peut retrouver dans le sérum de ces patients des titres élevés d'anticorps dirigés contre des complexes TMA-protéines ou TMA-érythrocytes ;
    • Un syndrome irritatif isolé directement induit par une exposition à une forte dose de poussières ou de fumées contenant de l'anhy­dride trimellitique sans désordre immunolo­gique. L'irritation pourra toucher la peau, les yeux et les muqueuses des voies respiratoires supérieures et des bronches, où elle est carac­térisée par de la toux parfois accompagnée d'épistaxis et d'hémoptysie.

    La prévalence de ces manifestations cli­niques est importante ; dans une étude épidé­miologique longitudinale réalisée de 1976 à 1987 sur 200 sujets dans une entreprise de pro­duction d'anhydride trimellitique, environ 60 % des sujets ont présenté des manifestations irritatives aspécifiques et 15 % des manifesta­tions plus spécifiques, seuls 25 % sont restés asymptomatiques[37].

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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