Poly-exposition au bruit et aux substances ototoxiques : premiers résultats d’analyse de bases de données nationales et institutionnelles

La préservation de la santé auditive des salariés a toujours été une préoccupation majeure des services de santé et de sécurité au travail. Pourtant, près de 700 travailleurs déclarent encore une surdité professionnelle chaque année et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie estime que le véritable nombre de surdités pourrait être 20 fois plus élevé en réalité. D’après la législation, seule une exposition au bruit lors de l’activité professionnelle peut permettre de déclarer une surdité professionnelle. Pourtant, de nombreuses études expérimentales réalisées sur des animaux de laboratoire ont montré qu’il existait des produits chimiques présent dans l’environnement de travail, appelés « ototoxiques », pouvant altérer l’audition ou sensibiliser l’oreille au bruit. Les données humaines étant beaucoup plus rares, l’INRS a entrepris une étude visant à croiser les données d’exposition professionnelle au bruit et/ou aux substances ototoxiques avec le nombre de surdités professionnelles déclarées par secteur d’activité, et ce pour 1) identifier les secteurs les plus concernés par ces nuisances et 2) pour observer s’il existe une sinistralité accrue lorsque le bruit et/ou des ototoxiques sont présents. Cet article présente les sources de données et la méthodologie utilisées, ainsi que les premiers résultats obtenus. Les secteurs d’activités ont été divisés en 4 catégories en fonction du pourcentage de travailleurs exposés au bruit et ototoxiques, au bruit seul, aux ototoxiques seuls, ou à aucune de ces deux nuisances. Les 10 secteurs dans lesquels les pourcentages sont les plus élevés ont été identifiés et les nombres de surdités professionnelles mis en correspondance. Les avantages, limites et application possibles de ce type d’approche sont discutées.