Facteurs liés au travail et survie au cancer du poumon: une étude basée sur des données de registre en Suisse (1990-2010)

Alors que des études suisses antérieures ont démontré des différences dans la mortalité par cancer du poumon entre les groupes professionnels, aucune estimation n'est disponible sur l'association des facteurs liés à la profession avec la survie du cancer du poumon. Cette étude visait à déterminer si la profession ou les facteurs liés au travail après le diagnostic affectent la survie du cancer du poumon. Nous avons utilisé les dossiers des registres du cancer pour identifier les patients atteints de cancer du poumon diagnostiqués entre 1990 et 2014 en Suisse occidentale (n=5773) appariés avec la cohorte nationale suisse. L'effet de la profession, du niveau de compétence requis pour la profession et de la catégorie socioprofessionnelle sur la survie à 5 ans du cancer du poumon a été évalué par des méthodes non paramétriques et paramétriques, en contrôlant le type histologique et le stade de la tumeur. Nous avons constaté que la survie nette variait selon le niveau de compétence et que le niveau de compétence le plus bas était associé à la meilleure survie chez les hommes et les femmes. Dans les modèles paramétriques avec un ajustement minimal, nous avons identifié plusieurs groupes professionnels présentant un risque de mortalité par rapport à la catégorie de référence, en particulier chez les hommes. Après ajustement pour le type histologique du cancer du poumon et le stade de la tumeur au moment du diagnostic, la plupart des rapports de risque restaient supérieurs à 1, bien que de manière non statistiquement significative. Les travailleurs salariés, sans information spécifique sur la profession, ont été identifiés comme la catégorie socioprofessionnelle la plus à risque dans la quasi-totalité des modèles. Cette étude ayant été réalisée à partir d'un échantillon relativement petit et d'un ensemble limité de covariables, d'autres études sont nécessaires, prenant en compte les habitudes tabagiques et les traitements administrés aux patients. Les informations sur le retour au travail et les conditions de travail avant et après le diagnostic du cancer du poumon seront également très précieuses pour analyser leur effet sur la survie nette du cancer du poumon dans le cadre de grandes études nationales ou internationales. De telles études sont essentielles pour informer les systèmes de santé et de protection sociale, qui devraient garantir aux survivants du cancer des conditions de travail appropriées, bénéfiques pour la qualité de vie et la survie.