Processus d'adoption des exosquelettes : de l'acceptabilité à la continuité d'usage

Dans le cadre de la prévention des troubles musculo-squelettiques, lorsque toutes les solutions d’amélioration des conditions de travail ont été testées, les exosquelettes professionnels, peuvent être envisagés comme une solution susceptible de contribuer à cette amélioration. Leur rôle potentiel en termes de prévention rend cruciale la question de leur adoption par les salariés. Traiter de l’adoption à l’aune de la prévention des risques professionnels, conduit à se centrer sur la qualité de l’interaction homme-exosquelette. Dans ce contexte, l’objectif est de formaliser les mécanismes d’adoption d’un exosquelette. Une série de quatre études auprès d’une vingtaine d'entreprises a été menée, mettant en œuvre plusieurs méthodes : un questionnaire élaboré par l'INRS sur l’adoption des exosquelettes, des entretiens individuels et collectifs, ainsi qu'une approche longitudinale. Les résultats ont montré que le processus d’adoption était dynamique, complexe et s’inscrivait dans la durée. Ce processus comprend plusieurs étapes allant de la familiarisation (premières interactions) avec l’exosquelette jusqu’à son usage pérenne. Durant la phase de familiarisation, l'utilisateur apprend à interagir avec l'exosquelette, ajuste ses stratégies gestuelles et gère les effets secondaires du dispositif. Cette étape est marquée par une instabilité des évaluations de l’utilisateur à l’égard du dispositif. Si l’utilisateur parvient à maîtriser le dispositif, une phase de stabilisation s'ensuit, menant à une utilisation pérenne. Cette dernière est caractérisée par une qualité d’interaction homme-exosquelette satisfaisante pour l’utilisateur, par une incorporation de l’exosquelette dans son schéma corporel, un usage routinier du dispositif dans la tâche initialement prévue mais aussi dans de nouvelles tâches pour lesquelles l’utilisateur a exploré l’intérêt du dispositif en termes de santé et sécurité. Lors de l’intégration d’un exosquelette au sein d’un collectif, des dynamiques collectives positives ou négatives émergent, qui influencent le choix de l’utilisateur à adopter ou non le dispositif.
A l’issue de cette recherche des pistes de prévention ont été définies comme la nécessaire instauration d’une familiarisation collective ainsi que l’identification de nouveaux indicateurs de suivi et d’évaluation de la qualité de l’interaction Homme-Exosquelette. Des outils au service de la prévention sont également en cours d’élaboration : une version révisée du questionnaire INRS sur l’adoption des exosquelettes et un support opérationnel d’intervention et d’accompagnement des projets exosquelette. Les enseignements de cette recherche peuvent être également appliquées à d’autres systèmes que les exosquelettes (EPI, cobot …). Cette recherche à fait l’objet d’un produit de transfert (ED6531), de 2 publications dans des revues internationales à comité de lecture et 2 dans une revue nationale en prévention, de 6 communications à des congrès internationaux (dont 2 en prévention) et de 7 communications à destination des préventeurs.