Comment interroger et intégrer les perceptions et représentations des risques anciens et émergents dans le travail de prévention ?
Etude
La perception des risques renvoie aux organes des sens et au jugement subjectif que les individus portent sur les caractéristiques et la gravité d’un risque. La représentation des risques renvoie à l’image que l’individu s’en fait. L’objectif de l’étude était d’observer en entreprise comment les préventeurs composent avec les perceptions et les représentations des risques de leurs interlocuteurs pour agir sur la santé sécurité au travail. Deux domaines du risque l’un a priori ancien – le risque bruit lésionnel dans le milieu industriel –, l’autre a priori émergent – le risque chimique dans les entreprises de traitements des Déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E) ont été retenus. A partir d’une approche sociologique, un travail d’observation et d’analyse a été mené auprès de 2 entreprises pour le premier risque et 3 entreprises pour le second. Dans les entreprises D3E étudiées, toutes les parties appréhendent les risques chimiques en posant trois questions : la question du plomb, celle de la poussière et celle de la spatialisation et de la territorialisation des risques. Dans les entreprises industrielles, ce sont la question de la perte auditive, celle de la fatigue et de la gêne auditive et celle de la spatialisation et territorialisation des risques qui sont posées pour appréhender le risque bruit lésionnel. Ces questions correspondent à des moyens de qualification de ces risques, institués depuis longtemps : la première concerne le danger, la seconde le risque ou l’atteinte et la troisième la situation d’exposition. Lorsque les préventeurs les posaient indépendamment, elles pouvaient induire des effets de myopie, contribuer à occulter d’autres dimensions du problème, susciter l’expression de déni… et rendre difficile la poursuite du projet de prévention jusqu’à son terme. Quand, après avoir analysé danger et risque, les préventeurs s’attachaient à analyser les situations d’exposition avec les travailleurs, ils arrivaient au terme du processus. Les travailleurs associés avaient acquis alors de nouvelles connaissances. Ils prenaient à leur tour des initiatives et développaient un autre rapport au risque. Les choix techniques et organisationnels élaborés étaient dès lors mieux acceptés et la prévention en était enrichie. Ces résultats montrent l’importance d’articuler ces trois questions pour penser le travail et soutenir l’avènement d’un travail en santé. Ces résultats seront partagés avec les experts de l’INRS pour repenser la documentation et les produits de transfert dans les deux domaines de risque.
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Fiche technique
Fiche technique
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Année de lancement
2020 -
Discipline(s)
Sociologie -
Responsable(s)
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Participant(s)
DRAIS E., ROSSIGNOL K., CHEVRET P., DOCTORANT X. -
Collaboration(s) extérieure(s)
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Référence
EL2020-013
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Publications et communications
Publications et communications
- WIOLAND L., LAPOIRE-CHASSET M. Comment travailler à l'acceptation des EPI en tenant compte de la représentation et de la perception des risques? Hygiène & Sécurité du Travail, septembre 2024, n° 276, do45, pp. 29-31.