Les bâtiments de demain, quels enjeux de santé et sécurité au travail ?

L'INRS a réalisé en 2021 un exercice de prospective intitulé "Les bâtiments de demain : quels enjeux pour la santé et la sécurité au travail ?".

Les scénarios construits ont mis en évidence des facteurs de changement dans le secteur de la construction qui seront déterminants dans les années à venir. Ils se répartissent en trois domaines :
- La numérisation : deux enjeux particuliers ont été examinés, le BIM (Building Information Modeling) et le développement de l'économie de plateforme dans le secteur de la construction,
- La transition environnementale : avec deux principaux moteurs de changement pour le secteur que sont la rénovation énergétique et l'économie circulaire,
- Industrialisation : les processus de construction sont de plus en plus similaires à ceux de l'industrie. Cette question est abordée à travers le développement de la construction hors site et l'émergence de la robotisation.

Ces facteurs seront les moteurs décisifs du changement dans l'industrie de la construction au cours des prochaines années et auront chacun un impact sur la sécurité et la santé au travail.
Les futurs possibles explorés sont porteurs d'espoir mais aussi d'inquiétude pour différents risques, notamment :
- les troubles musculo-squelettiques et les douleurs lombaires : par exemple, le développement du réemploi dans le secteur nécessite davantage de manutentions manuelles,
- les chutes : par exemple, l'utilisation de drones peut contribuer à réduire le travail en hauteur
- l'exposition aux contaminants chimiques : par exemple, les opérations de recyclage peuvent générer une nouvelle exposition aux substances dangereuses
- risques psychosociaux : par exemple, la numérisation et l'industrialisation des processus peuvent entraîner une augmentation de certains facteurs de RPS.

La dernière partie de cet exercice a été consacrée à l'exploration de défis transversaux qui apparaissent comme particulièrement déterminants en termes de conditions de travail et de sécurité tant pour les travailleurs de la construction que pour les futurs acteurs et utilisateurs professionnels des bâtiments :
- la coordination entre les acteurs : les évolutions évoquées, telles que les nouvelles technologies, pourraient modifier sensiblement la gestion des différents plans de coordination et de prévention. Un juste équilibre devra être trouvé entre ce que permet la technologie et la nécessité de maintenir le contact humain, souvent nécessaire pour mettre à jour et résoudre des situations spécifiques à la limite du possible.
- la prise en compte des opérations ultérieures : des mesures doivent être prises dès la conception d'outils comme le BIM pour intégrer des règles techniques facilitant l'entretien et la déconstruction des éléments du bâtiment et éviter un manque de traçabilité des matières dangereuses,
- la reconversion des bâtiments pour de nouveaux usages professionnels : les limites inhérentes à l'architecture et au type de construction du bâtiment d'origine ne doivent pas constituer des obstacles à un réaménagement permettant aux travailleurs d'exercer leur activité dans de bonnes conditions.