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Effet aigu des solvants organiques et du bruit sur le réflexe efférent des travailleurs

Communication scientifique

Le bruit sur le lieu de travail est responsable de centaines de cas de surdité professionnelle chaque année en France, avec des conséquences dramatiques sur la qualité de vie des personnes affectées, et représente un coût financier très élevé pour la société. Le bruit n'est pas le seul danger pour l'audition, car les produits chimiques peuvent également avoir un effet ototoxique. Les plus courants sur le lieu de travail sont les solvants aromatiques dont l'ototoxicité a été bien caractérisée par des études expérimentales chez l'animal et des études épidémiologiques chez l'homme. Il faut noter que les solvants sont souvent présents dans des environnements de travail bruyants, le risque de co-exposition est donc également important.
Nous avons précédemment montré chez l'animal que la plupart de ces solvants exercent également une action pharmacologique sur le cerveau, se traduisant par une diminution du seuil de déclenchement du réflexe efférent (RE). L'objectif de la présente étude était de déterminer si (1) cet effet sur le seuil du RE existe chez l'homme, (2) s'il est mesurable, et (3) si sa mesure permet de discriminer les effets du bruit de ceux des solvants.
Des mesures auditives ont été effectuées avec l'EchoScan (mesure du RE) et l'audiométrie tonale sur des travailleurs exposés à des solvants ototoxiques avec ou sans exposition au bruit. L’audition des travailleurs a été mesurée avant et juste après leur journée de travail. Il s'agissait de carrossiers, de peintres, de travailleurs dans des ateliers de production de matériaux composites ou d'anatomopathologistes dans le secteur hospitalier, etc... Les expositions au bruit et aux solvants ont été déterminées en parallèle pour chacun de ces travailleurs.
Les résultats montrent que l'exposition aux solvants en dessous des limites d'exposition professionnelle diminue effectivement le seuil du RE, alors que l'exposition au bruit l'augmente. Logiquement, en cas de co-exposition, ces deux effets opposés s'annulent, et la variation du seuil du RE s'approche de zéro. A l'inverse, l'audiométrie tonale n'est sensible qu'à la fatigue auditive induite par le bruit et ne permet pas de discriminer entre ces deux types de nuisances.
Ces données suggèrent que le seuil du RE mesuré par EchoScan est un biomarqueur fonctionnel non invasif qui pourrait être utilisé par les services de santé au travail pour effectuer une analyse de terrain des risques auditifs liés aux nuisances physiques (bruit) et chimiques (solvants).

  • Fiche technique

    Fiche technique