Développement d’estimations de l’expositions aux endotoxines par tâche lors d’activités agricoles par méta-régression de données de la littérature

Introduction : L’exposition aux endotoxines est soupçonnée d’expliquer en partie l’incidence plus faible de cancers du poumon observée chez les agriculteurs. Toutefois, la majorité des études étaient basées sur une évaluation indirecte de l’exposition tel le nombre d’animaux.

Objectif : Développer des estimations de l’exposition aux endotoxines pour des tâches agricoles spécifiques à l’aide de modèles de méta-régression appliqués aux données de la littérature.

Méthodes : Les moyennes géométriques (MG, en UE/m3) et écarts-types géométriques (ETG) de mesures d’endotoxines réalisées lors d’activités agricoles diverses ont été extraits de 43 études publiées entre 1989 et 2018. Chaque mesure a été reliée à une activité figurant dans le questionnaire utilisé dans l’étude Biomarkers of Exposure and Effect in Agriculture, un sous-ensemble de la cohorte Agricultural Health Study. Les MG et ETG ont été calculés à partir d’autres paramètres statistiques lorsque nécessaire. Des modèles de méta-analyse à effets mixtes ont été utilisés, en prenant le logarithme de la MG pondérée en tant que variable dépendante, la tâche comme variable prédictive, et la publication comme effet aléatoire pour tenir compte de la variabilité interpublication. Les tâches ont été regroupées en trois catégories (cultures, animaux de ferme, entreposage de récoltes/semences) et chaque catégorie a été analysée séparément. Des analyses de sensibilité ont été menées avec restriction aux données nord-américaines, aux données spécifiques aux tâches seulement, ou à la fraction inhalable.

Résultats : Trente résultats de la littérature ont été extraits pour les tâches de culture végétale, 90 pour les tâches reliées aux animaux et 10 pour les tâches de grains/semences. La majorité des activités animales avaient des MG prédites supérieures à 1 000 UE/m3, incluant le nettoyage de poulaillers (1 470 UE/m3), le meulage d’aliments (1 410 UE/m3), le travail en poulaillers (1 470 UE/m3), le nettoyage de porcheries (1 270 UE/m3), le travail en porcherie (1 310 UE/m3), l’engraissement de porcs (1 070 UE/m3) et les services vétérinaires (1 030 UE/m3). Pour les tâches de cultures, les MG prédites étaient inférieures à 1 000 UE/m3, incluant la récolte de blé d’inde/grains (30 UE/m3), le transport de grains (60 UE/m3), et le fauchage (80 UE/m3). Quant aux tâches d’entreposage de semences/récoltes, la MG prédite pour le nettoyage de cellules à grains était de 1 130 UE/m3, et de 230 UE/m3 pour les autres tâches d’entreposage.

Conclusion : Ce travail de caractérisation des concentrations en endotoxines par tâche peut être utilisé en combinaison à des réponses aux questionnaires portant sur des activités agricoles, telles que sur la durée des tâches, afin d’améliorer les évaluations de l’exposition dans les études épidémiologiques.