Latitude décisionnelle et marge de manœuvre : intérêts et différences pour la prévention des TMS - le cas des encadrants
Communication scientifique
Les modèles étiologiques des TMS ont intégré largement la participation des facteurs psychosociaux. Le modèle de Karasek et Theorell a été très largement repris dans les enquêtes, notamment en épidémiologie. En ergonomie, le concept de marge de manœuvre fait l’objet d’un travail de formalisation depuis quelques années. Souvent, marge de manœuvre et latitude décisionnelle sont confondues. Nous souhaitons défendre ici l’importance de différencier marge de manœuvre et latitude décisionnelle pour la prévention des TMS, notamment pour mieux articuler les connaissances utiles élaborées dans le champ de l’épidémiologie, avec celles construites en ergonomie.
Cette communication visera à rappeler et discuter les modèles et définitions qui sous-tendent ces concepts à partir d’une revue de la littérature et de travaux récents sur la question.
La « latitude décisionnelle » est définie comme « the working individual’s potential control over his tasks and his conduct during the working day » [1, p.289]. Elle regroupe selon Karasek (1979) la possibilité de choisir comment faire son travail et de participer aux décisions qui s’y rattachent (« decision authority »), ainsi que la possibilité d’y développer ses compétences (« intellectual discretion »). La latitude décisionnelle est souvent définie dans la littérature francophone comme « la marge de manœuvre dont dispose le travailleur dans son travail ainsi que la possibilité d’y développer ses compétences » [2-3].
La marge de manœuvre situationnelle (MMS) [4] permet de distinguer ce qui est « octroyé par le système » et « ce qui est construit comme possible dans et par l’activité » dans un cadre de dépendance plus ou moins rigide. Elle introduit la question des moyens réellement disponibles et le caractère actif de l’opérateur sur sa situation. Elle désigne ainsi le fruit d’une composition authentique, systémique et dynamique à partir des caractéristiques du milieu jugées signifiantes par l’individu et ses propres caractéristiques, dans une situation donnée. Elle articule (1) la possibilité de décider de la manière de faire son travail en fonction (2) des moyens et ressources donnés par le système, (3) des compétences de l’opérateur, et (4) de la décision d’élaborer ces autres manières de faire (en cohérence ou non avec ses buts).
La manière dont ces deux concepts orientent la compréhension des situations de travail et la prévention des TMS sera illustrée par des données portant sur l’activité des encadrants de proximité dans un contexte de sous-traitance. Pour prévenir les TMS, cela invite en effet à porter l’attention soit sur les contraintes que l’environnement oppose à l’opérateur, soit sur les formes de mobilisation réelles d’un opérateur dans son milieu.
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Fiche technique
Fiche technique
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Année de publication
2019 -
Langue
Français -
Discipline(s)
Ergonomie -
Auteur(s)
CUNY A., COUTAREL F., CAROLY S., AUBLET-CUVELIER A. -
Référence
8/11/2022-HAMMAMET-4ème Congrès Francophone sur les TMS 2020
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