Dormir au travail : une stratégie légitime pour « tenir » ?

Cette communication présente une étude en cours à l’INRS sur la sieste au travail comme contre-mesure aux effets du travail de nuit et/ou posté. L’intégration d’un temps de sommeil formalisé dans l’espace du travail questionne les stratégies mises en œuvre par les travailleur-se-s pour tenir au travail et contenir ses effets sur leur santé et leur équilibre. L’étude de ces stratégies, associée aux discours tenus sur la sieste au travail, permettent d’éclairer le rapport au travail et au collectif de travail. Plus largement, la sieste au travail renvoie à la formalisation d’une pratique privée dans l’espace-temps du travail, s’inscrivant dans un mouvement de brouillage des frontières entre les espace-temps professionnels et privés (Baxter & Kroll-Smith, 2005)1.La communication repose sur l’étude de deux projets d’espace de sieste, l’un déjà mis en place dans une industrie, l’autre en cours actuellement dans un hôpital. Des observations et des entretiens ont été menés auprès des différents acteurs impliqués dans ces projets en tant que parties prenantes de sa mise en place ou destinataires. Les premières analyses montrent que la gestion de la fatigue au travail donne lieu à des stratégies mises en place sur les temps à la fois privés et professionnels. Dans l’espace du travail, dormir interroge le collectif de travail et ce que chacun se sent autorisé à faire sur son lieu de travail, et dans quelles conditions.