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Etude de terrain : évaluation des expositions aux métaux lors du recyclage des piles et accumulateurs

Communication scientifique

La France est un acteur européen majeur du recyclage des piles et accumulateurs. Les entreprises du secteur développent régulièrement de nouveaux procédés de traitement permettant de valoriser des fractions toujours plus conséquentes en métaux stratégiques (nickel, cadmium, cobalt, lithium…) dans le but de les réemployer dans l’industrie.
Après une étape préalable indispensable de tri des piles et accumulateurs, les traitements de recyclage employés s’appuient sur des procédés mécaniques, thermiques et chimiques pouvant engendrer d’importantes quantités de fumées et vapeurs chargées en éléments traces. Or les métaux utilisés (notamment cadmium, cobalt, nickel, chrome, manganèse, lithium) dans la conception des piles et accumulateurs ont une toxicité avérée. Les fumées générées lors du recyclage peuvent dès lors entraîner des risques pour la santé des travailleurs exposés. L’INRS a ainsi conduit une évaluation de ces expositions aux métaux dans cette filière de recyclage.
Des campagnes de prélèvements ont été réalisées dans plusieurs entreprises du secteur réalisant du tri, du broyage et du traitement thermique ou physico-chimique. Des prélèvements atmosphériques d’ambiance sur support fixe, ainsi que des prélèvements individuels ont été réalisés chaque jour durant une semaine de travail pour quantifier les métaux dans l’air. En parallèle les urines des travailleurs ont été recueillies en début et en fin de poste de travail, durant une semaine, pour y doser les métaux urinaires présents.
86 salariés ont participé à l’étude ; ils ont été répartis dans des groupes d’expositions similaires permettant d’identifier les activités les plus exposantes. Les résultats atmosphériques montrent une exposition à un cocktail de métaux pouvant ponctuellement dépasser les seuils réglementaires (cadmium, manganèse) auprès de l’ensemble des opérateurs en ateliers. En particulier pour le cadmium, des concentrations ont été mesurées jusqu’à 79,4 µg/m3 en tenant compte des protections respiratoires utilisées, pour une valeur limite d’exposition professionnelle de 4 µg/m3. Les données biologiques urinaires, qui intègrent toutes les voies d’exposition, révèlent une exposition chronique en cadmium avec des valeurs supérieures à la valeur de référence en population générale établie à 0,8 µg/g de créatinine, et ponctuellement très fortes (jusqu’à 27,6 µg/g de créatinine), nettement au-dessus de la valeur limite biologique établie par l’Anses à 5 µg/g de créatinine. Les données biologiques montrent également des expositions ponctuelles à d’autres métaux (cobalt, manganèse, chrome et nickel essentiellement), dues notamment aux procédés de traitement utilisés, l’hydrométallurgie, la pyrométallurgie et la distillation. Les activités de maintenance, et de pré-traitement des piles et accumulateurs par broyage, ont également été identifiées comme exposantes.
Les données obtenues montrent une exposition à un cocktail de métaux qui pourrait avoir un effet délétère sur l’organisme, notamment les reins, organe cible de la majorité des métaux rencontrés dans cette filière. La recherche d’indicateurs biologiques d’atteinte rénale (i.e. la retinol binding protein, kidney injury molecule-1…) s’avère de ce fait pertinente pour évaluer l’impact de cette poly-exposition.

Disciplines de recherche
Biométrologie
Etudes Publications Communications