Eléments de prévention médicale (février 2013)
Il n’est pas possible de proposer des règles générales de prévention médicale sans une évaluation précise des risques. En effet, si les dérivés halogénés des hydrocarbures aliphatiques sont d'usages très fréquents, leur toxicité à court ou long terme est très variable et leurs conditions d'utilisation sont très variées quant aux niveaux ou durées d'exposition, et aux mesures de prévention collective ou individuelle utilisées.
I. Examen médical avant l’affectation
Contenu légal ou conseillé
Pour les dérivés cancérogènes, un travailleur ne peut être affecté à des travaux l'exposant que s'il a fait l'objet d'un examen préalable par le médecin du travail. L'examen médical pratiqué comprend un examen clinique général et, selon la nature de l'exposition, un ou plusieurs examens spécialisés complémentaires.
Eventuelles contre-indications dues à des affections préexistantes
Le cas de chaque salarié est individuel. La présence d'affection neurologique, dermatologique, hépatique, rénale, ou cardiaque, chronique ou aiguë, peut être une contre-indication relative, voire absolue.
Eventuelles contre-indications au port d’équipement de protection individuelle
Certaines affections respiratoires ou ORL, peuvent être une contre-indication au port de masque.
Information du salarié
L'information et la formation du salarié sont une obligation dans le cadre de l’exposition à des substances et préparations dangereuses et sont prévues par le code du travail. Elles porteront plus particulièrement sur les risques liés à l'inhalation et la pénétration cutanée et sur les interactions avec d'autres solvants ou des substances psychotropes (alcool, médicaments…).
II. Examen médical périodique
Contenu du dossier
Pour les dérivés cancérogènes, le médecin du travail constitue un dossier individuel contenant le double de la fiche d'exposition et les dates et les résultats des examens médicaux complémentaires pratiqués.
Obligations concernant la conservation du dossier médical
Pour les dérivés cancérogènes, le dossier individuel doit être conservé pendant au moins 50 ans après la fin de la période d'exposition.
Examens biométrologiques, méthodes, références aux normes
Une surveillance biométrologique de l’exposition est possible pour certains dérivés halogénés des hydrocarbures aliphatiques. Elle a l'avantage de prendre en compte toutes les voies de pénétration dans l’organisme, dont la voie cutanée souvent importante. Des valeurs-guides françaises indicatives, dans le sang et l'urine, existent pour le perchloréthylène, le 1,1,1-trichloroéthane et le trichloréthylène. Des valeurs-guides allemandes (BAT) et américaines (BEI), dans le sang et l'urine, existent pour le dichlorométhane.
La réalisation d'examens biologiques pour un dépistage infra-clinique de lésions est possible (enzymes hépatiques, b 2 microglobuline…), mais non spécifique et d’interprétation difficile. La réalisation de tests psychométriques est possible, mais d’utilisation délicate.
III. Cas particulier : maintien dans l’emploi du salarié porteur d’une maladie professionnelle
Certaines des pathologies (troubles neurologiques aigus, hépatiques ou rénaux, cardio-respiratoires) sont le témoin d'une exposition trop importante et disparaissent lorsque l'exposition diminue. Les troubles neurologiques chroniques traduisent une pathologie éventuellement irréversible et justifient l'inaptitude en cas de persistance d'une exposition. Les troubles cutanéo-muqueux chroniques peuvent récidiver en cas de ré-exposition au risque.
IV. Dépistage de maladie ou symptôme non inscrits au tableau.
Certains solvants repris dans ce tableau peuvent donner des manifestations cutanées aiguës particulières :
- on peut citer les brûlures cutanées liées au dichlorométhane. De même, a été rapportée la notion d’urticaire généralisée avec choc anaphylactique après utilisation d’un aérosol anti-graffitis contenant du dichlorométhane ;
- certaines «bombes lacrymogènes» d’autodéfense contenant du méthylchloroforme peuvent entraîner des brûlures ;
- de même, des épidémies d’irritation professionnelle ont été rapportées lors d’opérations de nettoyage à l’aide de trichloréthylène ou de perchloréthylène dans des lieux mal ventilés (nettoyage à sec) ;
- enfin, les dimères du chloroprène utilisés dans la fabrication du néoprène peuvent entraîner des alopécies sous forme de plaques, habituellement réversibles (cette alopécie est devenue exceptionnelle en raison des fabrications en circuit fermé).
On peut citer les états sclérodermiformes décrits lors de l’utilisation de solvants, en particulier le perchloréthylène et le trichloréthylène.
Le 2 bromopropane a pu entainer des oligospermies et des asthénospermies chez des travailleurs exposés.