Effets auditifs temporaires et permanents associés à la co-exposition professionnelle à de faibles niveaux de bruit et de solvants

Introduction : Il n'y a pas de consensus sur les approches d'audiologie clinique pour identifier les cas et fournir des soins auditifs aux personnes qui présentent des difficultés auditives associées à l'exposition combinée au bruit et aux solvants sur le lieu de travail. Objectifs : Évaluer les effets auditifs temporaires ou permanents associés à la co-exposition professionnelle à de faibles niveaux de bruit et de solvants en utilisant une batterie de tests auditifs. Méthodes : Étude transversale avec 25 travailleurs du secteur industriel de l'impression (âge moyen de 36,2 ans) exposés simultanément à un faible niveau de bruit (<80 dBA TWA) et à de faibles niveaux de solvants. Le groupe témoin était composé de 29 travailleurs de l'industrie (âge moyen de 36,7 ans) non exposés au bruit et/ou aux solvants. Les participants ont répondu à un questionnaire et ont bénéficié d'une audiométrie tonale, d'un test d'immittance acoustique, d'une mesure des potentiels auditifs du tronc cérébral (ABR) et d'un test de chiffres dichotiques (DD). La fatigue auditive a été examinée en mesurant le seuil du réflexe acoustique avant et après la journée de travail (test EchoScan). Résultats : Le groupe exposé avait des seuils auditifs plus faibles à 4000 et 6000 Hz en comparaison avec le groupe témoin et ce dans les deux modalités utilisées pour l'analyse statistique, qui utilisaient soit les groupes d'exposition (basés sur les catégories d'emploi) soit deux variables d'exposition, le niveau de bruit et l'exposition chimique. Les réflexes ipsilatéraux de l'oreille moyenne étaient différents entre les groupes aux fréquences de 500 Hz (p=0,024 dans l'oreille droite ; p=0,049 dans l'oreille gauche) et 1000 Hz (p=0,043 dans l'oreille gauche). Les résultats de l'ABR ont montré des différences dans l'intervalle inter-pic III-V (p=0,046 dans l'oreille droite ; p=0,039 dans l'oreille gauche). Les moyennes des scores de DD (groupe exposé = 89,5±13,33 ; témoins = 96,40±4,46) étaient différentes uniquement dans l'oreille gauche (p=0,054). La comparaison des tests de réflexe acoustique pré et post a indiqué des différences (p=0.032) entre les moyennes des groupes exposés (4.58±6.8) et témoins (0±4.62), suggérant une plus grande occurrence de la fatigue auditive dans le groupe exposé. Conclusions : La co-exposition professionnelle à un faible niveau de bruit et à de faibles concentrations de solvants peut être nuisible à l'audition, provoquant des effets temporaires et permanents. Cette étude fournit des preuves d'un possible effet temporaire au niveau du réflexe acoustique du muscle stapédien, obtenu par le test EchoScan. Les effets permanents ont été identifiés principalement au niveau du tronc cérébral supérieur et dans la capacité auditive d'intégration binaurale. Les résultats de l'EchoScan, de la réponse auditive du tronc cérébral et le test des chiffres dichotiques ont été les tests les plus sensibles dans l'identification précoce des effets auditifs, tant temporaires que permanents.