Effets aigus de divers composés volatils industriels sur l’activité cérébrale : criblage électrophysiologique et recherche de seuil d’effet

Certains composés organiques volatils (COV), largement utilisés dans l’industrie, peut provoquer une dépression du système nerveux central, caractérisée par de la somnolence, des états d’ébriété, ou encore des baisses de concentration et de coordination, ce qui peut augmenter les risques d’accidents professionnels. Cependant, les données de la littérature sur ces effets aigus sont très parcellaires, en particulier sur les seuils d’effets. Il s'avérait nécessaire d’évaluer de façon fiable les effets neurodépresseurs des COV industriels, et ce pendant l'exposition. La mesure des modifications de l’activité cérébrale par électrocorticographie (ECoG) a émergé comme une méthode prometteuse, bien que rarement utilisée dans le contexte de la neurotoxicité aiguë. Nous avons récemment montré, dans le cadre de l’étude EL2019-003, que le styrène et le toluène, deux COV couramment utilisés, induisaient des modifications de l'activité cérébrale chez les rats avec des signatures bien distinctes, et que l'ECoG permettait de quantifier ces effets de manière robuste et dose-dépendante. Suite à cette preuve de concept, il s’agit maintenant de réaliser un large criblage de COV présents dans les milieux professionnels, en déterminant leur seuil d'effet sur l'activité cérébrale.
Dans cette étude, il est envisagé d’utiliser un protocole d’essai croisé (ou carré latin), au cours duquel tous les animaux recevront différentes concentrations d’un même COV de manière randomisée, et les mesures ECoG seront réalisées en continu pendant les expositions. Les animaux seront donc leur propre témoin, ce qui permettra à la fois d’augmenter la puissance statistique et de diminuer le nombre d’animaux utilisés. Avec ce protocole, la concentration seuil à partir de laquelle le COV perturbe l’activité cérébrale pourra être établie.
Cette étude permettra d’apporter de nouvelles données sur la neurotoxicité aiguë des COV industriels, un champ de recherche largement sous-exploré. Le test systématique de différentes concentrations de COV, dans des conditions expérimentales similaires, permettra de déterminer les concentrations seuil au-delà desquelles les COV perturbent la fonction cérébrale, et de comparer objectivement la toxicité des substances appartenant à une même famille chimique. Les seuils d’effet seront confrontés aux valeurs limites, si elles existent, afin d’estimer le risque pour les salariés exposés, et d’alerter le cas échant si des substances se révélaient problématiques à des concentrations proches de celles mesurées dans les entreprises.
Valorisations prévues
- Publications scientifiques dans une revue à comité de lecture et dans une revue INRS.
- Communications dans des congrès nationaux et internationaux.
- Enrichissement des produits d’information INRS