Evaluation de l'exposition aux rayonnements optiques artificiels issus de matières incandescentes par analyse d'images

Les matériaux incandescents émettent des rayonnements optiques qui peuvent exposer les salariés à des niveaux de risque de cataracte, jusque parfois des centaines de fois la limite réglementaire. Si le logiciel CatRayon développé par l’INRS ne peut l’évaluer, l'éclairement dans le proche infrarouge doit être mesuré au niveau de l'œil du travailleur, à l’aide d’appareils trop onéreux pour la plupart des préventeurs. Une nouvelle méthode a été développée pour l’évaluer à partir d'une photographie du poste de travail, telle qu’en fournissent les smartphones. Nous avons fait l’hypothèse que la couleur des pixels de l’image peut être associée à la température d’un matériau chauffé, et que leur position correspond à une étendue géométrique dans le champ visuel. Combiner ces informations permettrait alors d’estimer le niveau d’exposition du salarié. Lorsque les niveaux de couleurs des images sont proportionnels aux luminances énergétiques observées, la caméra utilisée peut être étalonnée, et une correspondance peut être établie entre la couleur d’un pixel et un couple de matériau et de température. Déterminer finement la perspective de la caméra a ensuite permis d’associer à chaque pixel l’étendue géométrique d’un faisceau depuis le centre optique de la caméra. La méthode a été validée par comparaison avec des mesures du rayonnement d’un corps noir et d’un four de recuit de métal, mesures effectuées par un appareil d’expertise. La température est reconnue à 30°C près, l’étendue des sources évaluée à ± 10 % et l’éclairement estimé entre -6 % et +25 % de la mesure selon les cas testés. La méthode proposée est suffisamment précise pour évaluer le risque de cataracte sans investir des dizaines de milliers d’euros, et permet à l’employeur de prendre des mesures de prévention. La méthode ne s’appliquant pas directement au cas plus complexe du verre en fusion, des études complémentaires sont à mener. Nous travaillerons à diffuser la méthode auprès des préventeurs en lui adjoignant un moyen facile et accessible d'étalonnage. De plus, des problématiques similaires dans le domaine de l’éclairage pourraient alors être résolues.