Mise en place d'une méthode de suivi électroencéphalographique en temps réel de l'action neuropharmacologique des solvants.

Il est bien établi que de nombreux solvants industriels peuvent provoquer une dépression du système nerveux central, caractérisée par de la somnolence, des états d’ébriété, des baisses de concentration et de coordination, ce qui peut augmenter les risques d’accidents professionnels. Cependant, les données de la littérature sur ces effets aigus sont très parcellaires, en particulier sur les seuils d’effets. Pour étudier ces symptômes de manière objective et précoce chez le rat, la mesure des modifications de l’activité cérébrale par électrocorticographie (ECoG) paraissait particulièrement attractive. Le présent travail visait donc à évaluer la faisabilité et la pertinence de la méthode ECoG pour déterminer les effets de trois solvants industriels couramment utilisés, mais ayant des effet neurodépresseurs très différents selon la littérature : le styrène, le toluène et la méthyl-éthyl-cétone (MEK).
Cette étude a montré qu’il était possible d’enregistrer en temps réel les altérations des ondes cérébrales pendant que les animaux étaient exposés à ces toxiques dans les chambres d’inhalation grâce à un système ECoG wifi. À la concentration de 1000 ppm, chaque toxique avait une signature ECoG spécifique : le toluène a augmenté la puissance des oscillations rapides (30-90 Hz) ce qui corrobore ses effets euphorisants bien connus ; le styrène a généré une forte diminution de la puissance globale des ondes cérébrales, en accord avec son fort potentiel neurodépresseur. La MEK, quant à elle, n’a provoqué aucun effet, ce qui confirme sa faible toxicité aigüe. L’ECoG s’est révélé plus sensible que les tests de locomotion, de coordination et de force musculaire réalisés en sortie d’exposition. Les effets du styrène apparaissent dès 50 ppm, soit la VLEPCT de cette substance.
La méthode ECoG, qui s’est révélée robuste, spécifique et sensible, pourrait être appliquée lors d’une future étude, à un criblage des COV industriels pour les classer selon leurs d’effets sur l’activité cérébrale.
Valorisations
réalisées : un poster dans un colloque international
prévue : un article scientifique dans une revue internationale à comité de lecture.