Evaluation des capacités fonctionnelles physiques en fonction des contraintes physiques rencontrées au cours du parcours professionnel et des facteurs psychosociaux

L’exposition répétée et/ou prolongée à des contraintes physiques et psychosociales peut entrainer la survenue d'atteintes de l'appareil locomoteur. Ainsi, le maintien des capacités fonctionnelles physiques (CFP) apparaît essentiel pour faire face aux exigences du travail.
De ce fait, identifier des liens entre des expositions professionnelles passées et des CFP actuelles pourrait participer à la prévention des phénomènes d'usure. Cette étude a consisté à évaluer rétrospectivement l'exposition aux contraintes physiques et psychosociales rencontrées au cours des parcours professionnels des salariés du BTP afin d'étudier leurs répercussions sur les CFP et la santé perçue.
En collaboration avec le Service Interentreprises de Santé au Travail du BTP Lorraine, 153 salariés masculins âgés entre 20 et 50 ans et ayant eu un 1er métier à forte charge physique ont participé à l'étude. Ces salariés avaient un métier actuel soit à forte (83 salariés) soit à faible charge physique (70 salariés). La charge physique associée aux différents métiers a été caractérisée à l’aide d’une matrice emplois-expositions de la cohorte française Constances. Des questionnaires portant sur l'exposition à des contraintes physiques et psychosociales ont été élaborés et une batterie globale de 13 tests physiques a été créée et mise en œuvre pour évaluer les CFP de chaque salarié inclus. Enfin, 3 questionnaires ont permis d’apprécier la santé perçue.
Cette étude a permis d'identifier des relations entre une exposition à des contraintes physiques et psychosociales rencontrées au cours du parcours professionnel et de faibles capacités fonctionnelles physiques ainsi qu’une mauvaise santé perçue. Entre autres, elle met en évidence des liens entre des contraintes psychosociales actuelles et de faibles capacités fonctionnelles, aspects très peu décrits dans la littérature. Des tests fonctionnels sont apparus prometteurs dans la détection de faibles capacités fonctionnelles en relation avec certaines expositions professionnelles. Une étude épidémiologique longitudinale serait nécessaire pour conforter ces résultats et optimiser le choix des tests de CFP à mobiliser dans un objectif de prévention de l’usure professionnelle. Ces tests pourraient être proposés aux médecins du travail pour un suivi longitudinal des CFP des salariés. Ils permettraient d'alerter sur une baisse de CFP qui pourrait être le signe précurseur de l'installation d'une pathologie mais aussi sur la nécessité d’évolution du parcours professionnel, notamment vers des métiers à plus faibles contraintes.