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Benzène

Fiche toxicologique n° 49

Sommaire de la fiche

Édition : Octobre 2019

Recommandations

En raison de la toxicité du benzène et, notamment, de ses propriétés cancérogènes, des mesures sévères de préven­tion s'imposent et des exigences particulières sont à res­pecter lors de son stockage et de sa manipulation.

Au préalable, l'employeur doit étudier la possibilité de remplacer le benzène par une autre substance moins dan­gereuse pour la santé des travailleurs. Lorsque la substitu­tion est techniquement impossible, il prendra les mesures nécessaires pour éviter ou, à défaut, réduire le plus possi­ble l'exposition au benzène.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [36].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville.
  • En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Ne pas utiliser d’air ou d’oxygène comprimé pour effectuer le transvasement ou la circulation du produit.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs, aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur[37].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au benzène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de benzène.
  • Faire contrôler annuellement l’exposition atmosphérique des salariés au benzène par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de la substance « benzène » doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [38].
  • Equiper les locaux de détecteurs de fuite et de système d’alarme.
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant le benzène doivent faire l’objet d’un permis de feu [39].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [40].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du benzène sans prendre les précautions d’usage [41].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [42, 43]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux[44 à 47].

  • Appareils de protection respiratoire : Leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type A lors de la manipulation de la substance [48].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont en alcool polyvinylique, Viton ou Barrier. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchouc naturel, butyle, nitrile ou en néoprène ainsi qu'en PVC [49, 50].
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [51].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [52].

 

Stockage

  • Stocker le benzène dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
  • Le stockage du benzène s'effectue habituellement dans des récipients en inox ou acier inoxydable.
  • Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.

  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage, des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer le benzène des produits combustibles, inflammables ou comburants. Si possible, le stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le benzène.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (sable, terre). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [53].
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires (toujours) et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Eviter d’exposer les sujets présentant des atteintes hématologiques évolutives
  • Lors des visites initiale et périodiques:
    • Examen clinique : Rechercher particulièrement des signes d’irritation et des signes neurologiques évoquant un psychosyndrome organique
    • Examens complémentaires : La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (NFS, plaquettes…) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Femmes enceintes et/ou allaitantes : L’exposition à cette substance doit être évitée pendant toute la grossesse et l’allaitement du fait de sa génotoxicité sur les cellules germinales. Il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition accidentelle, maternelle ou paternelle. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
  • Fertilité : Des difficultés de conception chez l’homme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.

Informer les salariées exposées des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention. Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance biologique

Les dosages urinaires de l'acide S-phénylmercapturique (S-PMA) et du benzène en fin d’exposition ou fin de poste de travail sont à privilégier, bien corrélés à l'exposition au benzène du jour même. Ces indicateurs sont spécifiques et sensibles, permettant d’apprécier des expositions de l’ordre de 1 % de la VLEP-8h. Les deux indicateurs sont influencés par le tabagisme, il est recommandé de ne pas fumer dans les deux heures précédant le prélèvement. Pour le dosage du benzène urinaire, il faut également se méfier d’une contamination de l’échantillon. Le RAC (Committee for Risk Assessment) de l’Echa recommande des Biological Limit Values (BLV) pour le benzène et le S-PMA urinaires en fin d’exposition ou fin de poste de 0,7 µg/L et 2 µg/g de créatinine respectivement, basées sur la relation avec la valeur OEL (Occupational Exposure Limit) de 0,05 ppm ainsi que des Biological Guidance Values (BGV), correspondant au 95ème percentile des valeurs retrouvées dans la population générale, de 0,3 µg/L et 0,5 µg/g de créatinine respectivement.

Le dosage de l’acide trans,trans-muconique (t,t-MA) urinaire en fin de poste de travail peut être utile pour des expositions de l’ordre de 10 % de la VLEP-8h.

L'ACGIH a établi une valeur de référence pour la popula­tion professionnellement exposée (BEI) pour l'acide trans,trans-muconique urinaire de 500 µg/g. créatinine en fin de poste sur la base d’une relation avec la TLV-TWA de 0,5 ppm. Pour la Commission allemande, lors d'expositions à 0,3 et 1 ppm de benzène, les concentrations urinaires d'acide trans, trans-muconique sont respectivement de l'ordre de 300 et 750 µg/g. de créatinine en fin d'exposition ou fin de poste (valeurs EKA).

 

Conduite à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation, appeler rapidement un centre anti poison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.
  • En cas d'ingestion, appeler rapidement un centre anti poison. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, pas tenter de provoquer des vomissements. En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin.
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