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Fluorure d’hydrogène (ou acide fluorhydrique) et solutions aqueuses

Fiche toxicologique n° 6

Sommaire de la fiche

Édition : Février 2019

Recommandations

Le fluorure d'hydrogène et ses solutions aqueuses sont des produits toxiques et corrosifs susceptibles de provoquer directement ou indirectement des accidents graves. Ils doivent faire l'objet de coonsignes de sécurité très strictes.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par le fluorure d'hydrogène (acide fluorhydrique) et les solutions aqueuses d'acide fluorhydrique, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumervapoterboire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Effectuer les vidanges, transvasements, dilutions, disso­lutions de manière à éviter les surchauffes locales, les pro­jections de liquide et la formation de vapeurs/ brouillards/aérosols.
  • Pour les dilutions avec l'eau (réaction exothermique), verser lentement l'acide concentré dans l'eau par petites quantités et en agitant. Ne jamais verser l'eau dans l'acide.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeuxÉviter l’inhalation de vapeurs, aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des aérosols et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [15].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au fluorure d'hydrogène et à ses solutions aqueuses.
  • Éviter tout rejet atmosphérique.
  • Faire contrôler annuellement l’exposition atmosphérique des salariés au fluorure d'hydrogène par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faible (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Au besoin, les espaces dans lesquels le fluorure d'hydrogène et les solutions aqueuses d'acide fluorhydrique sont stockés et/ou manipulés doivent faire l’objet d’une signalisation [16].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du fluorure d'hydrogène ou des solutions aqueuses d'acide fluorhydrique sans prendre les précautions d’usage [17].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI) [12]

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [18, 19]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [20 à 23].

  • Appareils de protection respiratoire : leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type BE2P3 lors de la manipulation de fluorure d'hydrogène et de ses solutions aqueuses [24]. Choisir de préférence un masque complet.
  • Gants réutilisables à manchettes résistants aux solutions aqueuses de fluorure d'hydrogène :
    • si la concentration en fluorure d'hydrogène est inférieure ou égale à 70 % : gants en caoutchouc butyle, polychloroprène(néoprène), Viton/caoutchouc butyle ou laminé multicouches marques Barrier®, Silver Shield ;
    • si la concentration en fluorure d'hydrogène est supérieure à 70 % : gants en caoutchouc butyle, en Viton/caoutchouc butyle ;
    • Certains matériaux sont à éviter : caoutchouc nitrile, polyalcool de vinyle (PVA) [25, 26]
  • Gants réutilisables à manchettes résistants au fluorure d'hydrogène sous forme liquide : caoutchouc butyle, Viton, Viton/caoutchouc butyle, laminé multicouches marque Barrier® ; certains matériaux sont à éviter : caoutchouc nitrile, polyalcool de vinyle (PVA), caoutchouc naturel (latex),  polychloroprène (néoprène) et polychlorure de vinyle (PVC) [25, 26]
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [27]
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [28]
  • Bottes ou chaussures fermées.

 

Stockage [12]

  • Stocker le fluorure d'hydrogène et ses solutions aqueuses dans des locaux frais, secs et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…), à l'écart des produits incompatibles tels que les les bases fortes.
  • Bannir de la construction et du local tout métal ou objet métallique susceptible de réagir avec dégagement d'hydrogène au contact du fluorure d'hydrogène et de ses solutions aqueuses.
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec le fluorure d'hydrogène et ses solutions aqueuses (en contactant par exemple les fournisseurs de ces produits ou celui du matériau envisagé). Certains matériaux sont préconisés : le stockage du fluorure d’hydrogène anhydre et des solutions aqueuses en renfermant 70% ou plus peut s’effectuer dans des récipients en acier. Pour les solutions de concentration inférieure à 70%, les récipients sont généralement en résines synthétiques (polytétrafluoroéthylène ou PTFE, polyéthylène). Pour les installations et si le produit est utilisé à chaud, les alliages Nickel-cuivre (Monel), Nickel-molybdène-cuivre (Hastelloy-C) ou le PTFE sont préconisés [2].

    Matériau à proscrire : verre.

  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, le fluorure d'hydrogène et ses solutions aqueuses ne puissent se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Prévoir, à proximité du local de stockage, des équipe­ments de protection individuelle, notamment des appa­reils de protection respiratoire autonomes isolants, un poste d'eau à débit abondant, des douches et fontaines oculaires.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage du fluorure d'hydrogène et de ses solutions aqueuses à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par de le fluorure d'hydrogène.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de faible importance de fluorure d'hydrogène et de ses solutions aqueuses, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (boudin, feuilles ou granulés hydrophiles (polypropylène en mélange ou non avec des fibres minérales  ou végétales et des additifs spéciaux). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [29]. S‘il s’agit de fluorure d'hydrogène en solution, il pourra être neutralisé avec du carbonate de sodium ou du carbonate de calcium en mélange, éventuellement, selon les quantités répandues, avec un matériau inerte.
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le fluorure d’hydrogène.
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Eviter d’exposer à des postes comportant un risque d'exposition importante et répétée les sujets atteints d'affections cutanées, oculaires, cardiaques ou respiratoires chroniques.
  • Lors des visites initiales et périodiques :
    • Examen clinique : rechercher particulièrement des signes d’irritation cutanée, oculaire, des voies aéro-digestives supérieures et broncho-pulmonaire, ainsi que des douleurs et des raideurs articulaires pouvant faire évoquer une fluorose débutante.
    • Examens complémentaires : si l’exposition est régulière, l’examen clinique initial pourra être complété par des radiographies des poumons, du rachis et du bassin, des épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) et par la mesure de l’élimination urinaire du fluor qui serviront d’examens de référence. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (radiographies des poumons, du rachis et du bassin, EFR …) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Surveillance biologique[10] : le dosage des fluorures dans les urines de fin de poste reflète l’exposition de la veille au fluorure d'hydrogène. Le prélèvement le lendemain matin est le témoin de la charge corporelle et de l'exposition ancienne. L’interprétation des résultats doit tenir compte des variations individuelles importantes de l’élimination des fluorures. Le BEI (Biological Exposure Indice) de l’ACGIH est pour les fluorures urinaires de 3 mg/L en fin de poste de travail et de 2 mg/L avant le poste de travail ; il est basé sur une relation avec les effets sur la santé (fluorose). Les fluorures peuvent être retrouvés dans les urines de la population générale non professionnellement exposée.
  • Autres : déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles et recommander le port de verres correcteurs lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de cette substance.

 

Conduites à tenir en cas d’urgence :

  • Contact cutané : 

Appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais en raison du risque d’intoxication systémique et après une première décontamination sur place.

Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Appliquer immédiatement un gel de calcium ou des compresses imbibées de gluconate de calcium.

Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.

  • Projection oculaire : 

Appeler immédiatement un SAMU.

Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; en cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage.

Le risque d’intoxication systémique impose de consulter un médecin aussitôt après une première décontamination sur place.

Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.

  • Inhalation :

Appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais, en raison du risque d’intoxication systémique.

Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs.

Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.

Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos.

En cas de projection cutanée / oculaire associée, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Appliquer immédiatement sur les zones de peau concernées un gel de calcium ou des compresses imbibées de gluconate de calcium.

  • Ingestion : 

Il s’agit d’une urgence absolue. Appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais en raison du risque d’intoxication systémique.

Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.

Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En attendant l’arrivée des secours, on pourra faire ingérer à la victime une solution de gluconate de calcium à 10 % ou de chlorure de calcium à 5 %.

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