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Oxyde d’éthylène

Fiche toxicologique n° 70

Sommaire de la fiche

Édition : Décembre 2022

Recommandations

En raison de la toxicité et de la très grande inflammabilité de l'oxyde d'éthylène, des mesures strictes de prévention et de protection s'imposent et des exigences particulières sont à respecter lors de son stockage et de sa manipula­tion.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs
  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [61].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.
Manipulation
  • Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
  • Réduire le nombre de personnes exposées à l’oxyde d’éthylène.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [62].
  • Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté à l’oxyde d’éthylène, à la pression et comporter des câbles de retenues correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistants à l’oxyde d’éthylène. Éviter tout rejet atmosphérique d’oxyde d’éthylène.
  • Manipuler les contenants avec soin pour prévenir les chocs.
  • Utiliser les bouteilles debout et attachées afin d’éviter leur chute.
  • Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n'est pas conçu pour rester de manière prolongée sous pression).
  • Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés à l’oxyde d’éthylène présent dans l’air par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Procéder à un contrôle fréquent et régulier de la teneur de l'atmosphère en oxyde d'éthylène ou mieux, à un contrôle permanent complété par un système d'alarme automatique.
  • N'utiliser que des installations technologiquement adaptées, exemptes de matériaux susceptibles de donner lieu à une réaction avec l'oxyde d'éthylène; en particulier, exclure le cuivre, l'argent, le magnésium et leurs alliages. Utiliser des joints en polytétrafluoroéthylène et des lubri­fiants fluorocarbonés.
  • Protéger les contenants du soleil et des sources de chaleur.
  • Ne jamais transvaser l’oxyde d’éthylène d’un contenant à un autre.
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de l’oxyde d’éthylène doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [63].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant de l'oxyde d'éthylène doivent faire l’objet d’un permis de feu [64].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels l’oxyde d’éthylène est stocké et/ou manipulé doivent faire l’objet d’une signalisation [65].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu de l’oxyde d’éthylène sans prendre les précautions d’usage [66].
Équipements de Protection Individuelle (EPI) 

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [67, 68]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [69 à 72].

  • Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type AX lors de la manipulation de la substance 73].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les suivants : Viton®/Caoutchouc butyle, Kemblock® et Silver Shield® (PE/EVAL/PE). D’autres matériaux peuvent également être recommandés pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure : Caoutchouc butyle et AlphaTec® 02-100. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoucs naturel, néoprène, nitrile et le polychlorure de vinyle [74 à 76]
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [77].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [78].
Déchets
  • Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bou­teilles endommagées dans les conditions autorisées par la réglementation.
Stockage
  • Stocker les contenants (bouteilles) d'oxyde d'éthylène debout et attachés, dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) supérieurs à 50°C. Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
  • Le stockage de l'oxyde d'éthylène s’effectue habituellement sous forme de gaz liquéfié ; l’ogive de la bouteille est de couleur jaune [79]. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Ne pas entreposer avec des matières oxydantes, des substances comburantes ou tout produit chimique dangereux.
  • Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
  • Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s’il existe.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
 
En cas d’urgence
  • En cas de fuite non enflammée, fermer l’arrivée du gaz ; si la fuite ne peut être stoppée, interdire l’approche pour éviter tout risque d’inflammation (matériel électrique, feu nu…). Dans tous les cas, aérer la zone et évacuer le personnel en évitant la génération de sources d’inflammation.
  • En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l'accès au robinet peut se faire sans risque ; si la fuite ne peut être stoppée, laisser brûler en refroidissant les bouteilles et les installations voisines exposées au feu à l’aide d’eau pulvérisée.
  • Si des bouteilles d’oxyde d’éthylène sont exposées à un incendie (sans que l’oxyde d'éthylène ne brûle lui-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Prévoir des moyens de secours appropriés contre l'incendie, à proximité immédiate du dépôt.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de rince-oeil et de douches de sécurité, notamment compte tenu du risque de brûlures par l'oxyde d'éthylène liquide (voir "Toxicité aiguë") [80].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique, des antécédents ou symptômes évocateurs de pathologies respiratoires, neurologiques, hématologiques, ophtalmologiques, ainsi que des signes d’irritation de la peau, et des muqueuses oculaire et respiratoire.
    • L'examen clinique pourra être complété par la réalisation d’un bilan hématologique (numération formule sanguine et plaquettes) et d'épreuves fonctionnelles respiratoires qui serviront de référence.
    • La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (NFS, plaquettes, EFR, test psychométriques, bilan ophtalmologique,…) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
    • Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de la substance.

 

  • Fertilité / Femmes enceintes ou allaitantes
    • L’exposition à cette substance des femmes enceintes ou allaitantes est réglementairement interdite. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
    • Des difficultés de conception seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.
    • Informer les salarié(e)s exposés des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.
    • Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance post-exposition et post-professionnelle

En l’absence de recommandations de bonne pratique concernant la surveillance post-exposition ou post-professionnelle des travailleurs ayant été exposés à cette substance, le médecin considèrera le profil toxicologique de la substance, en particulier sa cancérogénicité, les scénarios d’exposition, l’état de santé et l’âge des travailleurs concernés.

 

Conduites à tenir en cas d'urgence

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas, consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos.
  • Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
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