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Cobalt et composés minéraux (*)

Fiche toxicologique n° 128

Sommaire de la fiche

Édition : Août 2022

Recommandations

Lorsque l’emploi du cobalt ou de ses composés minéraux est techniquement indispensable, l’exposition des travailleurs doit être réduite au niveau le plus bas possible. Des mesures très strictes de prévention et de protection adaptées au risque s’imposent lors du stockage et de la manipulation de ces substances ou des préparations les contenant.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [37].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de poussières, fumées ou de brouillards. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des poussières et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [87].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au cobalt ou un de ses composés minéraux.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de cobalt ou un de ses composés minéraux.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au cobalt et ses composés minéraux présent dans l’air par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
  • Contrôler également les surfaces sur lesquelles le métal ou ses composés sont susceptibles de se déposer.
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité de cobalt ou d’un de ses composés doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [88].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du cobalt ou un de ses composés minéraux doivent faire l’objet d’un permis de feu [89].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [90].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du cobalt ou un de ses composés minéraux sans prendre les précautions d’usage [91].
  • Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail, à l'humide ou en utilisant un système d'aspiration adapté aux poussières combustibles.

 

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [92, 93]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux[94 à 97].

  • Appareils de protection respiratoire : Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type P3 lors de la manipulation de la substance [98].
  • Gants : Le point 8 de la FDS peut renseigner quant à la nature des matériaux pouvant être utilisés pour la manipulation de cette substance [99].
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [100].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [101].

 

Stockage

  • Stocker le cobalt et ses composés solides dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec cobalt ou ses composés minéraux (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer les postes et locaux où s’effectuent des opérations pouvant donner lieu à émission de poussières ou de fumées.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le cobalt et ses composés.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide contenant des composés solubles du cobalt, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (sable, vermiculite). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [102].
  • En cas de déversement accidentel de cobalt ou d’un de ses composés solides, le balayage et l’utilisation de la soufflette sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur adapté à l’aspiration de poussières combustibles.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité[103].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques

Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique, des antécédents de pathologies respiratoires chroniques et d’allergie cutanée ou respiratoire au cobalt ou ses composés, des signes d’irritation de la peau et des muqueuses ou évocateurs d’une atteinte des fonctions respiratoire et cardiaque.

L'examen clinique pourra être complété par la réalisation d'épreuves fonctionnelles respiratoires et une radiographie thoracique qui serviront de référence.

La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

  • Fertilité / Femmes enceintes et/ou allaitantes

L’exposition des femmes enceintes ou qui allaitent, au cobalt et certains de ses composés classés toxiques pour la reproduction catégories 1B, est réglementairement interdite.

Dans tous les cas, il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition paternelle et/ou maternelle au cobalt et à ses composés en raison de leur génotoxicité sur les cellules germinales. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.

Des difficultés de conception chez l’homme et la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.

Informer les salarié(e)s en âge de procréer des dangers du cobalt et de ses composés pour la reproduction et de l’importance du respect des mesures de prévention.

Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance post-exposition et post-professionnelle

En l’absence de recommandations de bonne pratique concernant la surveillance post-exposition ou-post-professionnelle des travailleurs ayant été exposés à cette substance, le médecin considèrera le profil toxicologique de la substance, en particulier sa cancérogénicité et sa toxicité potentielle pour la reproduction, les scénarios d’exposition, l’état de santé et l’âge des travailleurs concernés.

Dans le cas particulier des salariés exposés à la fois au cobalt et au carbure de tungstène, le médecin pourra s’appuyer sur les recommandations de la Haute autorité de santé concernant la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été exposés à des cancérogènes pulmonaires [104].

 

  • Surveillance biologique de l’exposition

Le dosage du cobalt urinaire en fin de poste et fin de semaine de travail est à privilégier pour la surveillance biologique des expositions professionnelles. Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour cet indicateur [45].

 

Conduites à tenir en cas d'urgence

Lors d'accidents aigus, demander dans tous les cas l'avis d'un médecin ou du centre antipoison régional.

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. La survenue ou la persistance d'une rougeur, d'une douleur ou de troubles visuels après ce lavage ainsi que la suspicion de corps étranger intraoculaire contenant du cobalt impose un examen par un ophtalmologiste.
  • En cas d'inhalation d'aérosols, transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Dans tous les cas, avertir un médecin pour juger de l’opportunité d’une hospitalisation.
  • En cas d'ingestion, si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, pas tenter de provoquer des vomissements. Dans tous les cas, avertir un médecin pour juger de l’opportunité d’une hospitalisation.
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