Accès rapides :

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Publications et outils
  3. Bases de données
  4. Fiches toxicologiques
  5. Chromates et dichromates de sodium et de potassium (FT 180) (rubrique sélectionnée)

Chromates et dichromates de sodium et de potassium

Fiche toxicologique n° 180

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2022

Recommandations

En raison de la toxicité des chromates et dichromates de sodium ou de potassium, des mesures sévères de préven­tion et de protection s'imposent et des exigences particu­lières sont à respecter lors du stockage et de la manipulation de ces produits (cf. dispositions réglemen­taires du Code du travail relatives à la prévention du risque cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction).

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de poussières et aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des poussières et aérosols à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [18].
  • Réduire le nombre de personnes susceptibles d'être exposées en composé du chrome VI.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de composé du chrome VI.
  • Faire contrôler annuellement l’exposition atmosphérique des salariés au chrome VI par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [19].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du trioxyde de chrome sans prendre les précautions d’usage [20].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d'électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [21, 22]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [23 à 26].

  • Appareils de protection respiratoire : leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type P3 lors de la manipulation de la substance [27].
  • Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont : caoutchouc butyle, polychlorure de vinyle, Viton®. D’autres matériaux peuvent également être recommandés pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure tels que le caoutchouc nitrile. Certains matériaux sont à éviter : caoutchoucs naturel et néoprène, alcool polyvinylique [28].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [29].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance[30].

 

Stockage

  • Stocker le trioxyde de chrome dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Séparer le trioxyde de chrome des produits combustibles, réducteurs ou inflammables. Si possible, le stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux (voir § "Propriétés chimiques").
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec le trioxyde de chrome (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et constitué de maté­riaux résistants à l'oxydation (pas de bois) et sera réalisé de façon à permettre le lavage et l'évacuation contrôlée des eaux de nettoyage.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le trioxyde de chrome.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de trioxyde de chrome, le balayage et l’utilisation de la soufflette sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur industriel. Si le produit est en solution, le récupérer après l'avoir recouvert avec un matériau absorbant inerte (sable ou terre). Éloigner tout matériau combustible (bois, papiers, huile). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [31].
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [32].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique, une dermatose chronique ou récidivante, des troubles respiratoires et ORL ou une sensibilisation préalable au chrome. L’examen clinique d’embauche pourra être complété par une radiographie pulmonaire et des épreuves fonctionnelles respiratoires (EFR) de base et un bilan hépatique et rénal qui serviront d’examen de référence en vue d’une comparaison avec les examens réalisés ultérieurement.
    • Lors des examens périodiques, rechercher plus particulièrement des atteintes cutanées, oculaires, ORL et respiratoires. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (radiographie de thorax, EFR, bilans hépatique et rénal) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

  • Fertilité / Femmes enceintes et/ou allaitantes :
    • Informer les salarié(e)s en âge de procréer des dangers des chromates et dichromates de sodium et de potassium  pour la reproduction. Dans tous les cas, il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition paternelle et/ou maternelle aux chromates et dichromates de sodium et de potassium en raison de leur génotoxicité sur cellules germinales. Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
    • Des difficultés de conception seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.
    • L’exposition au chromate de sodium et aux dichromates de sodium et de potassium (classés toxiques pour la reproduction catégories 1B, fertilité et/ou le développement) des femmes enceintes ou qui allaitent est réglementairement interdite.
    • L’exposition au chromate de potassium doit être évitée pendant toute la grossesse et l’allaitement du fait de sa génotoxicité sur cellules germinales.

 

  • Divers : recommander aux porteurs de lentilles de contact, plus particulièrement les souples, d’utiliser des verres correcteurs lors des travaux où ils peuvent être exposés à des aérosols acides.

 

  • Surveillance biologique de l’exposition :
    •  Le dosage du chrome urinaire en fin de poste et fin de semaine de travail est le paramètre à privilégier pour la surveillance biologique de l’exposition au chrome. Des valeurs biologiques d’interprétation  en population professionnellement exposée et en population générale ont été établies pour le chrome urinaire [12].

 

  • Conduite à tenir en cas d'exposition aiguë : 
    • Lors d'accidents aigus, demander dans tous les cas l'avis d'un médecin ou du centre antipoison régional.
    • En cas de contact cutané ou de projection oculaire, laver immédiatement et abondamment à l'eau pendant 15 minutes; retirer s’il y a lieu les vêtements souillés ; Les vêtements ne seront réutilisés qu’après décontamination.  Dans tous les cas, consulter un médecin ou un ophtalmologiste.
    • En cas d'ingestion, les chromates et dichromates pouvant entraîner des perforations et des lésions caustiques graves, ne pas tenter de provoquer de vomissements. Faire immédiatement transférer en milieu hospitalier pour bilan des lésions, surveillance notamment de l'évolution des troubles locaux et des fonctions hépatorénales et traitement symptomatique si nécessaire.
    • En cas d'inhalation massive, retirer le sujet de la zone polluée après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Maintenir la victime au repos, lui administrer de l'oxygène si besoin. Si nécessaire, commencer une décontamination cutanée et oculaire. Contacter un médecin qui jugera de la nécessité ou non de la faire transférer en milieu hospitalier pour bilan des lésions, surveillance et traitement symptomatique.
    • Dans les deux cas précédents, placer la victime en position latérale de sécurité si elle est inconsciente et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Maintenir la victime au repos, lui administrer de l'oxygène si besoin. 
EN SAVOIR PLUS SUR LES FICHES TOXICOLOGIQUES